13/11/2014
PERSONNES ÂGÉES ET PERSONNES DÉPENDANTES : LECTURE À DOMICILE, AIDE À L'ÉCRITURE & INTERNET
Cathy Garcia* propose de venir ponctuellement ou régulièrement vous lire à domicile le livre (mais aussi journal, revue) de votre choix ou de proposer des lectures selon vos goûts personnels. Elle peut dans ce cas faire le déplacement dans des bibliothèques locales ou se procurer pour vous des livres que vous aimeriez retrouver. Ce service s'adresse aussi à des personnes immobilisées, hospitalisées...
* voir profil sur Vives Voix http://www.vivesvoix.com/
Parallèlement, elle propose aussi une aide à l'écriture pour du courrier (personnels ou administratifs), y compris de faire les déplacements pour les poster et un accompagnement à internet pour les personnes déjà équipées et rencontrant des difficultés dans son utilisation.
Secteur concerné : Cahors - Cajarc - Limogne - Villefranche de Rouergue.
Tarif facturé à l'heure (possible paiement par chèque emploi service).
Plus encore pour les personnes âgées vivant sur le territoire du Lot et proximité : une aide à la rédaction de vos mémoires (de l'écriture jusqu'à l'objet final imprimé) afin de permettre à celles et ceux qui le souhaitent d'offrir un témoignage écrit à leurs proches et pour leurs descendance. (tarif forfaitaire à décider ensemble selon l'ampleur du projet).
Contact : nouveauxdelits@orange.fr
*Cathy Garcia, auteur, artiste, critique littéraire, revuiste et membre fondateur de l'association Nouveaux Délits, installée sur le causse de St Cirq-Lapopie. Elle fait des lectures publiques en tant qu'auteur, mais s'intéresse surtout aux démarches solidaires.
08:18 | Lien permanent | Commentaires (0)
07/11/2014
Nouveaux Délits numéro 49, la revue du mois par Jacmo
Novembre, c’est… 100ème revue du mois !
NOUVEAUX DÉLITS n° 49
La revue de poésie vive dirigée par Cathy Garcia touche à son numéro 50. Ce qui est un événement pour toute revue. Une raison de la saluer un rien à l’avance. 52 pages, papier recyclé, une couverture kraft, une présentation sobre… voilà qui en fait un trimestriel régulier et pas cher. Et qui se donne les moyens de durer. Nouveaux délits est repérable en particulier par le fait qu’elle soit truffée de citations en bas de page, qui font comme une respiration parallèle avec les textes principaux, un peu comme quand on lit, mais qu’on a en tête une pensée par ailleurs qui se balade et se combine avec le texte lu. Dans le même ordre d’idée, Cathy Garcia n’hésite pas à emprunter aussi une page complète chez un auteur connu, ainsi Sam Shepard pour l’édito ou Fred Vargas pour la quatrième de couverture. Voire une citation de Francis Blanche pour la dernière page. C’est cette liberté et cette ouverture qui font l’intérêt de cette revue originale. Au sommaire : Thomas Sohler, qui s’occupe des éditions Contre-Ciel, écrit dans la note qui est consacrée à chaque auteur : « J’aime la poésie qui prend aux tripes, celle qui va chercher ce qu’on a de plus profond en nous afin de le mettre face à notre conscience. » Il donne une écriture serrée et fervente. La pluie est dans nos vies / L’insecte dans nos veines // J’ai chaussé la pensée de l’imbécile / Et la mémoire du vieux… Ensuite Patrick Devaux qui présente une poésie lapidaire et verticale ouvrir / à nouveau / les volets / de bois // qui / scient / la lumière Jean-Jacques Dorio qui multiplie les références et les citations : Gaston Puel, Garcia Lorca, Octavio Paz, Borges… un peu comme ce que je disais à propos de la revue, en abyme. Paul Fréval ensuite, qui enregistre et retranscrit, ce qu’il appelle « Postpoèse ». Le deuxième exemple est trop répétitif et assommant, mais le premier, autour du rêve, avec deux angles ou deux versions différentes est très réussi. Puis un « poème pour deux voix et deux mains » signé par Pascale de Trazegnies et Cathy Garcia. Il est indiqué qu’il s’agit « d’une sorte de dialogue hypothétique avec une voix imaginaire. Et que la deuxième voix s’incarne et vient se glisser dans un nouveau jeu de miroir »… Chacune garde sa graphie. Cela donne curieusement un texte vif et nerveux à deux niveaux comme stichomythie au théâtre. Enfin Cyril C. Sarot qui donne des réflexions un peu tout azimut, comme dans un journal. Celle-ci : Il y a des mots que je trouve beaux esthétiquement, pour des questions de pure sonorité. Aruspice, anachorète, coquecigrue, picrocholine, épithalame… Une belle note critique de l’animatrice pour clore, et on peut remplir le « bulletin de complicité » !
25 € / 4 n°. Létou – 46330 St-Cirq-Lapopie.
http://www.dechargelarevue.com/revue_du_mois.htm
15:40 Publié dans * LA REVUE NOUVEAUX DÉLITS * | Lien permanent | Commentaires (0)
30/10/2014
Expo Bar à T'M, Escamps : lecture & vernissage, samedi 1er novembre
Lecture de mon recueil "Fugitive"
paru chez Cardère éditeur en février 2014
http://cathygarcia.hautetfort.com/archive/2014/03/14/vien...
par Frédérique Camaret
avec Dominique Charnay au piano : participation libre
un "chapeau" sera mis à disposition, merci pour les artistes !
(soyez-là à 18h !)
suivi d'un pot-grignotage-blablabla
le VERNISSAGE quoi !
Au plaisir de vous y voir nombreux !
12:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
Collectif Citoyen de Sauvegarde des Ecoles de Village du Lot
11:58 | Lien permanent | Commentaires (0)
24/10/2014
Les poètes.fr : Werner Lambersy
Werner LAMBERSY au sommaire de cette émission du jeudi 16 octobre 2014. Je vous laisse découvrir cette langue aussi puissante que sobre, dans la lecture du recueil Contumace publié à Encres Vives. Quelques nouvelles de ceux qui œuvrent inlassablement pour la poésie aussi dans cette émission que vous pouvez écouter en cliquant sur : http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html
Le compte-rendu de l'émission :
*
Christian Saint-Paul rappelle qu'à Carcassonne l’exposition du Centre Joë Bousquetet son Temps donne à voir 70 œuvres de Max Ernst et 20 dessins de G. Ribemont-Dessaignes. Ces œuvres graphiques sont accompagnées de vingt trois vitrines qui présentent le cheminement poétique de G. Ribemont-Dessaignes et de Joë Bousquet, leurs liens avec l’œuvre de Max Ernst. Que le samedi 18 octobre 2014, à 15h aura lieu une lecture de La Ballade du soldat par Yves Ughes, poète.
Yves Ughes est né à Nice, en 1951. Il y grandit dans un quartier de saveurs, au sein d’une famille d’origine italienne. Il découvre au Collège la force de la poésie, cette onde de choc le porte encore. Il suit des cours lumineux à la faculté des Lettres de Nice, notamment ceux de Michel Butor, et devient professeur de Lettres Modernes.
L’Education Nationale lui apprend alors à voyager : nominations au Havre, à Port de Bouc, à Castellane. Installation définitive à Grasse en 1986.
Yves Ughes pousse alors la porte de l’Association Podio, qui travaille pour la Défense et l’Illustration de la poésie, notamment dans les Alpes Maritimes.
Dès 1992, il y prend une part active, se fixant un rythme régulier de conférences. Les auteurs abordés témoignent d’un ancrage méditerranéen qui n’échappe pas pourtant à l’influence américaine. Pavese, ou la trace de la couleuvre. Montale, ou la souffrance des pierres. Reverdy, homme de main, homme de peine. Audiberti, ou le cri confus des catastrophes, Kerouac ou les rues de la lumière vide.
Il est désormais Président de cette association qui œuvre depuis trente ans avec, en exergue, cette interrogation d’Hölderlin : Pourquoi des poètes en ces temps de détresse ?
Ses ouvrages sont édités essentiellement par l’Amourier.
Les journées culturelles franco-algériennes se terminent avec la présentation de l'œuvre de SLIM, bédéiste et pionnier de la caricature algérienne, avec la projection d'un film le lundi 20 octobre 2014 à 20 h au cinéma l'Utopia à Toulouse, et une rencontre le mardi 21 octobre 2014 à la librairie toulousaine BD Fuhue à 19 h.
Saint-Paul s'attarde ensuite sur la parution du n° 63 de la revue Diérèse poésie et littérature, 322 pages, 15 €, abonnement 40 € à adresser à Daniel Martinez, 8 avenue Hoche, 77330 Ozoir-la-Ferrière. Ce lourd et sublime pavé de poésie, richement illustré, nous conduit par les chemins de traverse de la littérature et de la poésie avec un sommaire de très nombreux artistes, connus ou à découvrir. Il offre la particularité de recéler de multiples notes de lecture intitulées "Bonnes Feuilles" qui sont une mine d'or pour connaître les publications de livres de poésie.
Lecture de poèmes d'Isabelle LEVESQUE.
Tu tiens,
gardien,
socle du sable
poussière de je.
Je suis le vent
porteur d'humeurs sombres.
Gardien de phare,
tu es la nuit éclairée.
Pas une étoile.
Tu es
le ralenti des crocs du sort.
Tu es sur la falaise,
chant long
pour.
*
Lecture de la critique de "Ravins des Nuits que tout bouscule" d'Isabelle LEVESQUE par Bernard DEMANDRE figurant dans les Bonnes Feuilles de la revue.
Lecture de poèmes de Daniel MARTINEZ.
En miroir
Essaims au cœur de juin vont ces oiseaux
chassant d'un seul afflux les troubles anciens.
Le poème aussi inlassable
sur le point vert des branches
ne serait-il fixant son secret
l'écho de la dernière nuit
l'humeur fuyante qu'aura dispensée l'aube
lorsque la plus longue voie lactée
éteinte au simple passage
d'une flamme argentée
sur les cimes des conifères
calligraphie les lèvres, ouvre enfin
la paroi du vide au fil du moindre vent
pourrais-je le nommer
*
Saint-Paul fait ensuite entendre la voix envoûtante d'une des plus belles voix de la Méditerranée, comme il l'avait fait pour Yasmin LEVY, celle de Françoise ATLAN, qui après dix années passées au Maroc, d’Essaouira à Fès, de Marrakech aux montagnes de l’Atlas, vient de créer La Compagnie Yemaya
à Marseille. « Marseille comme Essaouira, est une ville ouverte sur le monde, une cité aux cultures additionnées et aux identités plurielles. Il était évident pour moi qu’elle serait le point d’ancrage de cette exaltante et nouvelle aventure qu’est la création de ma Compagnie. Une Compagnie à l’architecture qui rappellerait celle d’un plafond orné de stucs et de zelliges : s’ y mêlent les projets musicaux, créations, concerts et enregistrements, pédagogie, édition, collectages, diffusion et mise en lumière des patrimoines communs et spécifiques des traditions de la Méditerranée.» Diffusion de "Mama mia" chant séfarade.
Comme il l'avait annoncé les semaines précédentes, Saint-Paul a tenu à lire en entier le recueil de Werner LAMBERSY
"CONTUMACE" constituant le 433ème numéro d'Encres Vives (le n° 6,10 €, abonnement 34 €, Michel Cosem, 2, allée des Allobroges 31770 Colomiers).
Pour la biographie du poète, il y a lieu de se référer à celle écrite par Françoise TROCME sur son excellent site : http://poezibao.typepad.com/poezibao/2005/05/werner_lambersy.html
"Werner Lambersy est né le 16 novembre 1941 à Anvers. Issu d’un milieu néerlandophone, il choisit d’écrire en français. Il effectue de nombreux voyages en Orient. Il vit à Paris depuis 1982 et est attaché à la promotion des lettres belges à paris (Centre Wallonie-Bruxelles).
Il a été lauréat, parmi de nombreux autres prix, du Grand prix de Poésie 2004 de la SGDL (Société des Gens de Lettres).
Bibliographie (de poésie), non-exhaustive
Caerulea, VDH, 1967.
Radoub, VDH, 1967.
À cogne-mots, VDH, 1968.
Haute tension, VDH, 1969.
Temps festif, VDH, 1970.
Silenciaire, Henri Fagne, 1971.
Moments dièses, Henri Fagne, 1972.
Groupes de résonances, Henri Fagne, 1973.
Le cercle inquiet, Henri Fagne, 1973.
Protocole d’une rencontre, Henri Fagne, 1975.
33 scarifications rituelles de l’air, Henri Fagne, 1976. Deuxième édition, 1977.
Tous ces livres publiés chez Henri Fagne ont été réédités au Taillis Pré en 2004
Maîtres et maisons de thé, Le Cormier, 1979. Deuxième édition, 1980. En poche chez Labor, 1988, réédition chez Hors Commerce, 2003
Le déplacement du fou, Le Cormier, 1982, réédition l’Orange bleue, 1995 & 2000
Quoique mon cœur en gronde, Le Cormier, 1985
Paysage avec homme nu dans la neige, DurAnKi, 1982.
Géographies et mobiliers, DurAnKi, 1985, réédition Ecrtis des forges, 1991
Komboloî + ChandMala, Le Dé bleu, 1985. Deuxième édition, 1986.
Stilb, édition de luxe, B.G. Lafabrie, 1986.
Noces noires, La Table Rase/Noroît, 1988 et 1989
L’arche et la cloche, Les Éperonniers, 1988 et 1989
Talkiewalkie angel, Unimuse, coll. Lubies, 1988.
Un goût de champignons après la pluie, L’Arbre à Paroles, coll. Le Buisson ardent, 1989.
Cantus obscurius, Architecture Nuit II, Éd. du Théâtre Vesper; Les Éperonniers, 1989.
Maîtres et maisons de thé, Bruxelles, Labor, coll. Espace Nord, préface de L. Bhattacharya; lecture de V. Engel.
Entrée en matière, Montpellier, éd. Cadex, 1990 et 1993. Ill. de Anne Rothschild.
Architecture nuit, Echternach, Montréal, Bruxelles, Préface de Frans De Haes.éd. Phi, Le Noroît, Les Éperonniers, 1992.
Volti subito, Chaillé sous les Ormeaux; Trois Rivières; Amay, Le Dé Bleu, Écrits des Forges, L’Arbre à Paroles, 1992.
La nuit sera blanche et noire, Éd. Jacques Boulan, 1992. Triptyque de Lionel.
Grand beau, éd. Petits classiques du grand pirate, 1992. Ill. de Roland Renson
Architecture nuit, Phi, 1992
Le nom imprononçable du suave, Amay, L’Arbre à Paroles, 1993. Coll. Buisson ardent.
Quinines, Charlieu, La Bartavelle, 1993. Coll. La main profonde, préface de J.C. Bologne, ill. de Lionel.
La nuit du basilic, éd. Commune mesure, 1993. Ill. de Claudine Du Four.
Quinines / Grammaire du désordre, La Bartavelle, 1993
L’écume de mer est souterraine, Nantes, Le Pré Nian, 1993, ill. de Bracaval.
Stilb suivi de Iréniques, dessins J. Clauzel, Cadex, 1994
Errénité, Gallargues le Montreux, éd. À travers, 1994, ill. de Jacques Clauzel
Tirages de têtes, photos J.-P. Stercq, La lettre volée, 1995
Journal d’un athée provisoire, Phi, 1996
Chroniques d’un promeneur assis, Cadex, fusains E. Koch, 1997
La Magdeleine de Cahors, Labor, 1997
Pays simple, fusains J.-C. Pirotte, Cadex, 1998
Petit rituels sacrilèges, L’amourier, 199_
D’un bol comme image du monde, avec G. Lalonde, Le loup de gouttière, 1999
L’horloge de Linné, Phi, 1999
Écrits sur une écaille de carpe, dessins d’Otto Ganz,L’amourier, 1999
Dites 33, c’est un poème, Le Dé bleu, 2000
Singuliers regards, avec D. Serplet, CFC, 2000
Je me noie, dessins de S. Kaliski, L’Amourier, 2001
Pour apprendre la paix à nos enfants, avec Léo Beeckman, Cadex, 2001
Ecce Homo, avec otto Ganz, Maelström, 2002
Puits, cachettes et passage, avec D. Serplet, Syllepse, 2002
Carnets respiratoires, photos d’Henri Maccheroni, Cadex, 2004
Journal par dessus bord, Phi, 2004
Échangerais nuits blanches contre soleil même timide, l’Amourier, 2004
Rubis sur l’ongle, Hermaphrodite, 2005
L’érosion du silence, Maelström, 2005
La toilette du mort, les ennemis de paterne berrichon, 2005
Uluru ( + trad. en anglais de D. de Bruycker), La cour pavée, J.Ricard, 2005.
Traité des corridors, avec D. Serplet, 2005
Coimbra ou l’antiphonaire d’Orphee, Dumerchez, 2005
Les gratte-pieds de Didier Serplet, c.f.c., 2005
une fiche bio-bibliographique sur le site du service du livre luxembourgeois
sur le site de Le Zèbre international, revue internationale de poésie francophone
Le blog de Werner LAMBERSY : http://wernerlambersy.hautetfort.com
"Contumance" est le recueil d'un grand voyageur certes, mais de celui qui voyage autant dans les livres et la pensée des grands auteurs. Son texte, oral, fluide comme du Cendras en est parsemé. Les citations s'intègrent donc aux mots du poète qui en se les appropriant les fait vivre plus fort encore.
Une poésie puissante, virile sans ostentation, allant directement à l'essentiel, à la source de la langue et de l'émotion, mais en gardant tous les acquis des précurseurs en la matière.
LINGUA IMPETUOSA
Un chant
pour la première fois
encore
et l'aiguière du temps
versant l'ombre
des heures
sur les mains
savonneuse de l'oubli
sur la peau nue
des paumes du nombre
et les coudes
harmonieux de l'espace
mais c'est confus
pareil aux bruissements
fossiles
de l'âme dans le violon
des astres
ayant mon souffle pour
toute puissance
je monte
au-devant de ce silence
où je retrouve ma patrie
Jean Tardieu
j'ai froid
je veux rentrer dans
le bain chaud d'un ventre
rester
comme les insectes dans
l'ambre
une planète
un pépin dans la pomme
qu'on coupe
je veux sous la guillotine
ou la scie circulaire
des soleils
que la vie parle d'amour
......
*
Enfin après la lecture de "Contumace", Saint-Paul lit des extraits du numéro suivant d'Encres Vives, le 434ème consacré à un recueil "L'Illusion essentielle"d'Eric BARBIER, qui vit près de Tarbes et qui est un auteur familier maintenant de cette émission. Poète du lieu, de la montagne, du souffle acquis au cours des ascensions dans les chemins des Pyrénées et ceux, tout aussi enivrants, de la poésie.
...
Pourquoi avoir voulu ici retrouver le lieu ? Regagner l'image.
Comme un retour en semblable solitude quand persistent certaines compagnies.
Sentiers souvent parcourus est-ce ici l'intermède ou la permanence qui se vérifierait dans les derniers frissons des eaux.
Quand plusieurs soleils se ligueraient pour accomplir cette sécheresse, quand un unique midi nous prend dans les ondoiements de la chaleur.
Trop tôt quitter le récit donné par le seul arbre persistant à se dresser sur ces pentes.
Des jours où l'on pourrait se croire en avance, en avant de soi et de ce qui entoure.
Retour en des lieux qui furent initiateurs, où commença à se dissiper le voile brumeux qui s'attardait depuis si longtemps sur le pays intérieur.
Clore une époque l'air adopte d'autres accents c'est un voyage aussi que la chair reprend. Mais dans quel ciel au plus près approché donner corps à ce voyage ? Encore les phrases nous cherchent.
*
L'émission s'achève sur l'évocation de cet éditeur, poète et romancier infatigable qu'est Michel COSEM qui vient de publier son dernier roman "L'Aigle de la frontière" aux éditions De Borée (280 pages, 20 €).
"Jean Christophe mène une vie insouciante dans une station à la mode dans les Pyrénées. Il va de rencontres en rencontres, fait de la petite contrebande à travers la frontière, mais il n'est amoureux que de sa montagne, de sa liberté. L'époque de la désinvolture se termine pourtant lorsqu'il tire sur un douanier sur le point de l'arrêter et surtout, lorsque le pays plonge dans la guerre. D'abord les réfugiés espagnols, les délations. Puis l'arrivée des Allemands. Fini les fêtes, les touristes, les promenades au bord des lacs, les chars de fleurs... Sous l'impulsion de Gilbert, l'instituteur, il prend conscience de la gravité des événements et du rôle qu'il doit désormais tenir."
Amitiés à tous,
Christian Saint-Paul
19:17 | Lien permanent | Commentaires (0)
15/10/2014
Les poètes, Christian Saint-Paul, radio Occitania
Chères et chers amis,
Partout les expositions sur la guerre 14 - 18, les publications, les films se multiplient. Toulouse à la Bibliothèque du Périgord réalise une exposition remarquable avec la collaboration de notre fervent archiviste municipal François Bordes ; en Ariège on publie un gros livre sur les soldats du 17ème qui est une mine de renseignements sur ce qu'endurèrent nos proches ancêtres. Et 2014, c'est aussi le centenaire de l'assassinat du personnage le plus mythique de Toulouse : Jean Jaurès. Rémy PECH, Jean-Michel DUCOMTE, Jordi BLANC nous ont déjà légué de beaux et passionnants ouvrages sur le grand homme; l'invité de l'émission du jeudi 9 octobre, Francis PORNON, lui, nous livre un livre d'art sur "Jaurès à Toulouse, lieux et mémoire", superbement illustrés des dessins d'Amina IGHRA. C'est le livre qui manquait pour cerner encore un peu plus l'exceptionnelle personnalité de celui qui repose au Panthéon, philosophe qui aimait tant la poésie (le premier à rédiger une note de lecture sur Rimbaud) et la langue occitane.
Cathy GARCIA poursuit son aventure éditoriale depuis plus de dix ans maintenant. Elle rejoint cette myriade d'acteurs sans lesquels la poésie contemporaine ne serait pas ce brûlot permanent qui réchauffe la froideur d'une époque standardisée par les médias.
Vous pouvez écouter l'émission en cliquant sur : http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html
Le compte-rendu de l'émission :
*
En préambule, Christian Saint-Paul exprime sa reconnaissance à ses amis qui lui ont offert ce très beau livre : "Les Poilus Ariégeois dans la Grande Guerre" 1914 - 2014; 1919 - 2019; hommage aux soldats de l'Ariège et de Midi-Pyrénées mobilisés au 17ème Corps d'Armée. Ouvrage collectif de l'Association du Centenaire de la Grande Guerre en Ariège, dédié à Julien, Gustave Langrenez, né le 24 octobre 1898 à Benagues, mort au champ d'honneur à 17 ans le 4 septembre 1916 dans la Somme.
C'est une collaboration exceptionnelle de rédacteurs pertinents qui a abouti à la réalisation de ce puissant ouvrage qui fait le bilan érudit de l'implication de nos soldats occitans dans cette guerre terrible. Enrichi superbement de photos d'époque, de dessins, de croquis de batailles, ce livre d'Histoire nous rappelle que 162 334 soldats de cette région, qui englobe les trois quarts de l'Occitanie et qui va de Bordeaux à Montpellier, ont donné leur vie pour la France. Pour le centenaire d'évocation de cette guerre épouvantable qui a préparé la suivante, il est bon de se souvenir, par la richesse des détails qui font la réalité des choses, de nos proches ancêtres qui ont subi tant de souffrances.
Le livre peut être commandé en relation avec la ville de Pamiers.
Christian Saint-Paul signale la parution de: NOUVEAUX DÉLITSRevue de poésie vive et dérivesNuméro 49
Oct. Nov. Déc. 2014
Cathy GARCIA poursuit inexorablement son excellent travail éditorial et nous livre un nouveau numéro aussi dense et soigné que les précédents. Une mise en page impeccable, des illustrations originales d'une évidente réussite esthétique - il faut dire que Cathy est aussi une artiste accomplie (dessins, peintures, collages, photographies) - et un sommaire éclectique et ouvert sur le monde. Voici ce qu'elle écrit en guise d’édito :
Le missionnaire européen était assis accroupi avec les Indiens Hurons en grand cercle autour d’un feu de camp. C’était une position à laquelle il n’était pas habitué, et il avait le sentiment qu’elle ne l’aiderait pas à convaincre les Indiens de partager son point de vue. Néanmoins il leur a exposé courageusement l’idée selon laquelle il n’était pas un mais deux. En l’entendant les guerriers ont éclaté de rire et ont commencé à jeter de gros bâtons et de la poussière dans le feu. Un étrange mélange de terreur et de ressentiment a alors envahi le cœur du missionnaire. Lorsque les rires ont cessé, il a poursuivi son exposé. Avec patience, il a expliqué aux sauvages que ce corps fait de chair et de sang qu’ils voyaient assis devant eux n’était qu’une coquille extérieure, et qu’en lui un corps invisible plus petit habitait, qui un jour s’envolerait pour vivre dans les cieux. Les Hurons ont gloussé de plus belle, en se faisant des signes de tête entendus tout en vidant les cendres de leurs pipes en pierre dans le feu crépitant. Le missionnaire avait le sentiment d’être profondément incompris, et était sur le point de se lever pour regagner sa tente, vexé, lorsqu’un vieil homme près de lui l’a arrêté en lui saisissant l’épaule. Il lui a expliqué que tous les guerriers et les chamans présents dans le cercle connaissaient l’existence de ces deux corps et qu’ils avaient également de petits êtres qui vivaient en eux, au cœur de leurs poitrines, et qui s’envolaient eux aussi au moment de la mort. Cette nouvelle a réjoui le missionnaire, et l’a convaincu que les Indiens étaient désormais sur le même chemin spirituel que lui. Avec un zèle renouvelé, il a demandé au vieil homme où, selon son peuple, ces petits êtres intérieurs s’en allaient. Les Hurons ont tous recommencé à rire, et le vieil homme a désigné du doigt la cime d’un énorme cèdre millénaire dont la silhouette se dressait dans la lueur du feu. Il a dit au missionnaire que ces « petits êtres » allaient au sommet de cet arbre puis descendaient dans son tronc et ses branches, où ils vivaient pour l’éternité, et que c’était pour cela qu’il ne pouvait pas l’abattre pour construire sa petite chapelle.
Sam Shepard in Chroniques des jours enfuis
Au sommaire de ce numéro :
Délit de poésie : Thomas Sohier, Patrick Devaux (Belgique) et Jean-Jacques Dorio
Délit pin pom et autres poèssessions : Paul Fréval
Délit de réponse : Pascale de Trazegnies & Cathy Garcia,
Poème pour deux voix ou deux mains
Délit de suite dans les idées : Cyril C. Sarot, Ces traces laissées dans le sable
Résonances : Chroniques du Diable consolateur de Yann Bourven
Saint-Paul renonce à lire ce jour, le poème à deux voix ou deux mains de Pascale de Trazegnies & Cathy Garcia, car ce texte doit être lu comme il est bien précisé, à deux voix.
Lecture d'un texte plein d'humour de Cyril C. Sarot.
Le n° 6 €, abonnement : 25 € à adresser à Association Nouveaux Délits, Létou, 46330 Saint Cirq-Lapopie.
Christian Saint-Paul reçoit son invité, l'écrivain et poète Francis PORNON qui vient de publier chez Loubatières : "Jaurès à Toulouse lieux et mémoire"
Le sait-on ? Jean Jaurès – « apôtre de la paix » – fut adjoint au maire à Toulouse durant deux ans et demi. Il laisse dans la Ville rose une empreinte indélébile de son engagement et de ses réalisations. Voici des écoles et des facultés, le théâtre et les Beaux-Arts, mais encore des lieux de rencontre comme l’ex-hôtel d’Espagne et le siège du Parti Ouvrier de France, ou même des lieux de conciliation comme l’ex-dépôt des tramways hippomobiles… C’est un beau livre contenant une série de textes inédits (évocations personnelles et littéraires) préfacés par Georges Mailhos et postfacés par Jean-Michel Ducomte, dont le contenu historique est avéré et garanti par l’historien Rémy Pech, avec en regard des illustrations artistiques originales (dessins au crayon et au fusain) de l’artiste Amina Ighra. Il s’agit d’une démarche singulière parmi les publications touchant Jaurès, propre à évoquer à la fois les traces de la pratique du personnage dans la ville, aussi bien que son génie humaniste devenu tutélaire de la République.
97 pages, 25 €
Au cours de l'entretien avec l'auteur, lecture d'extraits du livre. Comme le souligne fort bien, avec cette aisance d'analyse qui fait sa renommée, Georges MAILHOS, "ce livre est un livre de conviction, d'agrément et d'amour, et, au total, de plaisir, comme savait le définir Jaurès, celui qui "prend le cœur, en même temps que le cerveau". Par la plume et le crayon de nos auteurs, ces lieux deviennent des sites où choses et gens, pour faire figure, ne se détachent et ne prennent sens que dans un paysage mémorial et symbolique."
Il peut paraître étonnant que les deux séjours de Jean Jaurès à Toulouse, une fois deux ans, une autre fois deux ans et demi, ait pu à tel point imprégner la ville pour une heureuse postérité. Jaurès fut maître de conférences à la Faculté des Lettres et c'est au sein du Conseil Municipal qu'il exerça avec ferveur les fonctions d'adjoint au maire chargé de l'instruction publique. Ceci au cours d'une période de notre histoire où l'éducation était un des principaux enjeux de l'innovation politique. Mais c'est aussi à Toulouse et cela se prolongera même lorsqu'il aura quitté la cité, que Jaurès donna à "La Dépêche de Toulouse" (devenu aujourd'hui "La Dépêche du Midi") ses articles les plus fameux et ses critiques littéraires qu'il signait "le liseur". L'ensemble de cette action dynamique constitue un irremplaçable témoignage de cette époque.
Francis PORNON évoque tous les lieux visités dans son livre et si bien restitués par les dessins d'Amina IGHRA. Le portrait qu'elle réalise de Jaurès et qui est en couverture du livre, est saisissant de vie; c'est un Jaurès loin des clichés du barbu sévère, son visage dégage une jeunesse au regard clairvoyant et terriblement bienveillant.
Francis PORNON a bâti son livre comme une œuvre littéraire avant tout. C'est en poète qu'il observe son sujet, homme mythique assurément, évoluer dans la ville et dans la pensée. Il le suit, en s'immisçant dans ce chemin, en mêlant ses propres souvenirs des lieux à ceux du début du XXème siècle. Il en résulte un récit vivant, sensible et une vraie appropriation des lieux par le lecteur.
Beaucoup de ces lieux à découvrir en lisant le livre, en un siècle ont changé. Tel grand magasin occupe par exemple l'emplacement du Café de la Paix (nom prémonitoire) que fréquentait Jaurès avec ses collègues de la Faculté.
Il y a une délectation à lire ce livre, si bien conçu, qu'il est un livre d'art; le plaisir bien entendu est encore accru pour les toulousains qui vénèrent toujours les lieux dont il s'agit. Mais c'est aussi le souffle de l'histoire et de l'esprit qui accompagne ces promenades où nous entraînent Francis PORNON. Il nous fait imaginer la confrontation Jaurès Guesde, Jaurès de Fitte, le tribun étant avant tout un philosophe dont la thèse de doctorat portait sur la réalité du monde sensible. Il voulait que la culture s'adresse à tous, ce qui à l'époque était une authentique audace. Au lycée de Fermat, son discours de distribution des prix, dans cette noble demeure, résonne encore dans les vieux murs et pourrait être écrit aujourd'hui : "La vie a singulièrement resserré devant vous, jeunes gens, l'espace du rêve ; la lutte pour l'existence est devenue tous les jours plus rude ; toutes les vois sont encombrées et piétinées et vous le savez, et de bonne heure vous faîtes effort".
L'émission s'achève sur les dernières phrases de la postface de Jean-Michel DUCOMTE: "Jean Jaurès est inscrit dans l'asphalte et la pierre de Toulouse, cela le savent même ceux pour qui l'évocation de son nom se limite à une commodité. Mais la mémoire de ce qu'il fut et continue de représenter se loge principalement dans l'imaginaire ou la pensée de tous ceux que continue encore de guider l'exemple de son action et la grandeur de sa pensée. Ceci rend d'autant plus incompréhensible, alors que les Toulousains lui rendaient un ultime hommage en 1924 lors de la translation de ses cendres au Panthéon, le silence de la municipalité radicale du moment conduite par Paul Feuga".
Merci à Francis PORNON de nous avoir donné pour notre patrimoine historique et littéraire toulousain, ce livre aux correspondances parfaites entre les textes et les dessins d'Amina IGHRA, les deux artistes s'inscrivant dans un même élan lyrique mais sobre.
Amitiés à tous,
16:03 | Lien permanent | Commentaires (0)
L'Association Nouveaux Délits ?
L'Association est née à St Cirq-Lapopie en décembre 2009, principalement pour donner un cadre officiel à la publication de la revue Nouveaux Délits née en 2003. Il a été lancé en 2016 une collection de délits buissonniers qui met à l'honneur des auteurs déjà publiés dans la revue.
L'association publie également des auteurs et artistes membres actifs dans l'association. Il ne s'agit pas d'édition à compte d'éditeur : sept publications entre 2010 et 2014 dont les droits sont volontairement et intégralement reversés à l'association afin qu'elle puisse continuer à exister. L'association n'a jamais demandé de subvention, elle ne fonctionne que sur les abonnements et les ventes occasionnelles de livres, et carbure à la passion et au temps donné.
Elle souhaiterait également favoriser le lien social en milieu rural, autour de la lecture, l'écriture et de l'expression artistique sous toutes ses formes mais également dans les actions solidaires et dans ce cadre a participé ou organisé des évènements et a proposé des rencontres, ateliers, lectures... L’association souhaite toujours mettre en place des projets en direction de personnes en difficultés morales ou physiques (personnes isolées socialement quelles qu'en soient les causes).
Il se trouve cependant que le manque d'intérêt des institutions, la difficulté de diffuser la culture non formatée - et surtout la poésie contemporaine - en milieu rural et la précarité des moyens, ont rapidement limité la possibilité des activités sur le plan local, et ce d'autant plus que les adhérents sont dispersés aux quatre coins de la France et au-delà. C'est donc principalement son activité éditoriale qui n'a pas perdu en dynamisme, bien au contraire, tissant des liens très riches sur un vaste espace géographique, grâce aux nouvelles technologies de communication.
Adhésion annuelle : 10 euros (chèque à l'ordre de l'Association Nouveaux délits - Létou - 46330 St CIRQ-LAPOPIE)
09:06 Publié dans ASSOCIATION NOUVEAUX DÉLITS, QUÈSACO ? | Lien permanent | Commentaires (0)
13/10/2014
Gaz de schiste et géologie du Quercy et Périgord Noir
Conférence au Musée du Pech Merle / Fête de la Science 2014
Vendredi 17 octobre, 20h30, entrée libre
C’est la nouvelle ressource annoncée comme un eldorado énergétique ! La région du Quercy -‐ Périgord Noir est pleinement concernée par le sujet car sa géologie la rend potentiellement favorable au gaz de schiste ou de houille. Cela a poussé des sociétés pétrolières à déposer des demandes de permis pour explorer cette ressource. La demande du "Permis de Cahors" a été rejetée en 2012 et celle de la région de Brive
en 2013 mais le dossier "Gaz de schiste" en France n'est clairement pas fermé. Quelle est cette géologie caussenarde? Pourquoi serait-‐elle favorable au gaz de schiste? Où se trouverait ce gaz? Quelles seraient les conséquences pour notre région où le karst est si présent?
Par Jean-Paul Liégeois, géologue au Musée Royal de l’Afrique Centrale à Tervuren et professeur à l’Université Libre de Bruxelles
20:44 | Lien permanent | Commentaires (0)
29/09/2014
Revue Nouveaux Délits, le numéro 49
Oct. nov. déc. 2014
En guise d’édito :
Le missionnaire européen était assis accroupi avec les Indiens Hurons en grand cercle autour d’un feu de camp. C’était une position à laquelle il n’était pas habitué, et il avait le sentiment qu’elle ne l’aiderait pas à convaincre les Indiens de partager son point de vue. Néanmoins il leur a exposé courageusement l’idée selon laquelle il n’était pas un mais deux. En l’entendant les guerriers ont éclaté de rire et ont commencé à jeter de gros bâtons et de la poussière dans le feu. Un étrange mélange de terreur et de ressentiment a alors envahi le cœur du missionnaire. Lorsque les rires ont cessé, il a poursuivi son exposé. Avec patience, il a expliqué aux sauvages que ce corps fait de chair et de sang qu’ils voyaient assis devant eux n’était qu’une coquille extérieure, et qu’en lui un corps invisible plus petit habitait, qui un jour s’envolerait pour vivre dans les cieux. Les Hurons ont gloussé de plus belle, en se faisant des signes de tête entendus tout en vidant les cendres de leurs pipes en pierre dans le feu crépitant. Le missionnaire avait le sentiment d’être profondément incompris, et était sur le point de se lever pour regagner sa tente, vexé, lorsqu’un vieil homme près de lui l’a arrêté en lui saisissant l’épaule. Il lui a expliqué que tous les guerriers et les chamans présents dans le cercle connaissaient l’existence de ces deux corps et qu’ils avaient également de petits êtres qui vivaient en eux, au cœur de leurs poitrines, et qui s’envolaient eux aussi au moment de la mort. Cette nouvelle a réjoui le missionnaire, et l’a convaincu que les Indiens étaient désormais sur le même chemin spirituel que lui. Avec un zèle renouvelé, il a demandé au vieil homme où, selon son peuple, ces petits êtres intérieurs s’en allaient. Les Hurons ont tous recommencé à rire, et le vieil homme a désigné du doigt la cime d’un énorme cèdre millénaire dont la silhouette se dressait dans la lueur du feu. Il a dit au missionnaire que ces « petits êtres » allaient au sommet de cet arbre puis descendaient dans son tronc et ses branches, où ils vivaient pour l’éternité, et que c’était pour cela qu’il ne pouvait pas l’abattre pour construire sa petite chapelle.
Sam Shepard in Chroniques des jours enfuis
AU SOMMAIRE
Délit de poésie : Thomas Sohier, Patrick Devaux (Belgique) et Jean-Jacques Dorio
Délit de poèse : Paul Fréval
Délit de réponse : Pascale de Trazegnies & Cathy Garcia,
Poème pour deux voix ou deux mains
Délit de suite dans les idées : Cyril C. Sarot, Ces traces laissées dans le sable
Résonances : Chroniques du Diable consolateur de Yann Bourven
Les Délits d’(in)citations sont aux petits coins.
Vous trouverez le bulletin de complicité. Bien-sûr que vous trouverez le bulletin de complicité !!
Illustrateur : Jean-Louis Millet
Les illustrations ont été réalisées par détournements d’œuvres de van Gogh, Rodin, Schiele, Drakkar, van Malderghem, anonymes préhistorique, celte, hopi, internet, cg & jlmi.
Et si vous alliez faire un tour au Musée Improbable ?http://jlmi94.hautetfort.com/
Mon tragique à moi, c'est la vie quotidienne : la muflerie, la stupidité, le comportement de l'homme moyen, une sorte de méchanceté uniforme et institutionnelle.
Francis Blanche
Fred Vargas - Nous y voilà, nous y sommes (2007)
Nous y voilà, nous y sommes. Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes.
Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d’insouciance.
Nous avons chanté, dansé.
Quand je dis « nous », entendons un quart de l’humanité tandis que le reste était à la peine.
Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout du monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu’on s’est bien amusé.
On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.
Franchement on s’est marré. Franchement on a bien profité. Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu’il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes.
Mais nous y sommes. A la Troisième Révolution. Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu’on ne l’a pas choisie. « On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.
Oui.
On n’a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C’est la mère Nature qui l’a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d’uranium, d’air, d’eau.
Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l’exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d’ailleurs peu portées sur la danse). Sauvez-moi, ou crevez avec moi.
Évidemment, dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute illico et, même, si on a le temps, on s’excuse, affolés et honteux.
D’aucuns, un brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore avec la croissance. Peine perdue. Il y a du boulot, plus que l’humanité n’en eut jamais.
Nettoyer le ciel, laver l’eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l’avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, - attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille - récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n’en a plus, on a tout pris dans les mines, on s’est quand même bien marrés).
S’efforcer. Réfléchir, même. Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire. Avec le voisin, avec l’Europe, avec le monde. Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. Pas d’échappatoire, allons-y.
Encore qu’il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l’ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n’empêche en rien de danser le soir venu, ce n’est pas incompatible. A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie - une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus aboutie peut-être. A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution. A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.
22:47 Publié dans * LA REVUE NOUVEAUX DÉLITS * | Lien permanent | Commentaires (0)
23/09/2014
Parcours poétique au Reposoir (74)
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