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03/01/2025

Revue Nouveaux Délits n°80

 

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Que 2025 soit, c’est certain, puisqu’il en a été décidé ainsi et que cette date grégorienne a pris le dessus sur les autres. Tenter d’appréhender l’être humain dans son Histoire, dans son présent, dans ses projections, dans ses éclatements, sa diversité, sa beauté indissociable hélas de sa cruauté, son intelligence et sa folie, bref NOUS appréhender NOUS et toutes celles, ceux et celleux qui ont du mal à se retrouver dans le NOUS qui les englobe ou cherche à les englober, ces multiples NOUS qui s’affrontent avec de multiples VOUS, les AUTRES ; qui s’agressent, se détruisent, s’interdisent, se fuient ou s’ignorent, c’est vertigineux. Regarder, se regarder simplement soi-même, c’est vertigineux. Les voix qui semblent les plus fortes sont vieilles, usées, répétitives et pourtant elles impactent car elles rassemblent sous leurs ailes dures d’innombrables peurs, de terribles ignorances. En a-t-il toujours été ainsi ? Usées et répétitives. De même, ces éditos qui voudraient pouvoir se réjouir d’un authentique neuf, d’un ressourçant innovateur, d’un audacieusement salvateur, de ce qui peine à être essayé en grand puisque toujours étouffé, écrasé, nié, moqué, enfermé, abattu. Et qui persiste pourtant, se relève encore et encore, perce la croûte épaisse des obscurantismes redondants, du monopole d’idéologies mortifères. Et quoi d’autres encore une fois que la force incroyablement habile de la vie qui insiste, malgré cet acharnement à la détruire, et nous montre la voie ? Les vents, les vagues, la pluie, les rivières, les océans, les plantes, les montagnes, les animaux, les insectes, les champignons, les bactéries nous montrent la voie mais aussi ce qui reste des humanités qui ne l’ont jamais quittée et qui ont tant souffert et souffrent encore pour ne pas dévier. La seule voie viable : comprendre notre responsabilité et notre place dans le grand orchestre du vivant et de nous y tenir comme on tient une promesse. Alors 2025, oui, c’est l’identifiant de cette nouvelle année, et 2026, 2027, 2057, seront un enfer ou un monde plus accueillant selon la voie que nous allons emprunter. Et le goulot des choix collectifs, comme dans le cours d’une vie individuelle, se resserre, les conséquences sont de plus en plus immédiates et irréversibles. Alors quelles voix allons-nous écouter ? Celles qui assourdissent le plus, artificiellement légitimées par leurs excroissances technologiques toujours plus infiltrées ou les quasi imperceptibles qui font pousser la plante, l’arbre, digérer les vaches, tomber les pluies, chanter les océans ? Je me répète aussi et continuerai à le faire car dans cette répétition, je ne sens rien d’usé mais bien au contraire, j’entends des paroles d’eau à user le béton, à rouiller les armes, à fertiliser chaque bout d’espace atteint en l’autre malgré les barrages. J’entends des paroles de vent à secouer les inerties, abattre les murs de séparation, des paroles de feu à brûler les scories des mondes tristes et méchants dont NOUS ne voulons plus, des paroles de terre qui savent quand il faut parler et quand il vaut mieux…. se taire. Aussi…

 

Meilleurs vœux de meilleure humanité !

 

 

CGC

 

 

 

 

AU SOMMAIRE

 

 

 

Délits de poésie : Jean-Paul Bota ; Jérémy Semet, Pèregarou ; Lionel Mazari, Broyer du blanc (extrait) ; Jean Ginestet

 

Délit de crapahute : Madeira d’Aodren Buart

 

Délit naturaliste : Vie et mort d’un ouvrier intérimaire dans le BTP de Pablo Gelgon

 

Délit spatial : Simon Degrave, Conférence à Berlin (extrait)

 

Avis de double parution chez la revuiste (délit d’autopromotion) :

©Ourse (bi)polaire et Au fond du tiroir, à tire d’ailes, décembre 2024

 

 

Délit d’(in)citations qui mycorhize les coins de page. Vous trouverez comme toujours le bulletin de complicité au fond en sortant avec une information péniblement importante pour les abonné-e-s hors de France et d’Outremers.

 

  

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Illustratrice : Iren Mihaylova

irenmihaylova.poetepeintre@gmail.com

 

 

Iren Mihaylova est une poétesse, romancière, peintre et psychanalyste (née à Sofia, en Bulgarie dans les années 90) qui demeure et travaille à Paris. Elle écrit en français et en bulgare et traduit des poètes bulgares en français. Elle est cocréatrice, éditrice et illustratrice de la revue et espace de création contemporaine Peau Electrique. Autrice de 10 livres dont Ciel de ma mémoire, L’Appeau’Strophe éditions, 2024 ; Sans fond de lumière, Encres Vives éditions, 2024 ; Depuis ma chère disparition, L’Échappée Belle édition, 2025. Elle publie aussi en revue (ARPA, À l’Index, Le Journal des poètes, Lichen, Phoenix, Traversées, etc.)

 

https://peaueleclabo.wixsite.com/irenmihaylovapeintre

 

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On peut toujours dire que la poésie écrite est habitée par un certain imaginaire constitué par son langage métaphorique, mythique ou symbolique. Mais l'essentiel de la poésie, son miel le plus secret, n'est pas accessible dans l'œuvre incarnée c'est-à-dire dans les sons, dans les images visuelles ou dans l'encre d'imprimerie sur le support du papier. L'essentiel de la poésie se vit en amont de l'imaginaire, du côté de la corne d'abondance de sa source d'inspiration . Source énigmatique dont on ne sait rien. Le paradigme de la transpoésie, c'est avant tout la nécessité de l'éveil de l'homme à ce qui le fonde, à ce qui le traverse et à ce qui le dépasse silencieusement.

 

Michel Camus

in Transpoétique. La main cachée entre poésie et science

 

 

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Arrêtez de célébrer les massacres

Arrêtez de célébrer des noms

Arrêtez de célébrer des fantômes

Arrêtez de célébrer des dates

Arrêtez de célébrer l’histoire

La jeunesse trop jeune à votre goût

Insouciante et consciente

Sait

Depuis le temps que vous battez le rappel

Des souvenirs le Soldat Inconnu le Mausolée de X

Le machin de Y le cimetière de Z

Depuis le temps que vous écrivez les jours

Du calendrier avec du sang coagulé

Délayé

Délayé par les circonstances de la Circonstance

Ce sang coagulé

Venin de la haine

Levain du racisme

Je suis né en Allemagne nazie et moi en Amérique

Noir et moi en Afrique basanée et moi je suis

Pied-noir et moi Juif et moi on m’appelait Bicot

On en a marre de vos histoires et vos Idées

Elles

Rebuteraient tous les rats écumeurs de poubelles

Elle

N’oublie jamais la jeunesse malgré

Sa grande jeunesse mais

Elle a horreur des horreurs

 

Et les enfants d’aujourd’hui

Et ceux qui naîtront demain

Ne vous demandent rien

Laissez-nous laissez-les vivre

En paix

Sur cet îlot de l’univers

L’univers seule patrie

 

 

Ahmed Azzegagh

in Chacun son métier,  1966

 

 

 

 

Nouveaux Délits 80 - Janvier 2025 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès Illustratrice : Iren Mihaylova Correcteur : Élisée Bec          http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com

 

 

Les illustrations présentées ici dans leur couleurs d'origines

sont imprimées en n & b dans la revue, comme d'habitude.

 

 

  

30/10/2024

Revue Nouveaux Délits n°79

 

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Novembre ! C’est la première fois en 21 ans que Nouveaux Délits paraît avec un mois de retard ! Ce qui est à retenir aujourd’hui, c’est que la revue a changé d’adresse (voir le bulletin de complicité, qui occupe comme à son habitude la dernière page).  

 

Le monde s’enguerre et s’abêtit désespérément et les vies se compliquent, basculent, explosent parfois très soudainement et j’ai la sensation que c’est un phénomène qui touche ou a touché énormément de personnes en cette déjà finissante année 2024 et pas seulement sous les bombes. Ceci dit, si les dénommées « infos » servent à quelque chose, ce pourrait être de nous apprendre à relativiser justement nos problèmes et apprendre à mieux apprécier ce qui EST ou tout au moins à mieux accepter ce que nous ne pouvons changer tout en continuant à améliorer avec ténacité tout ce qu’il nous est possible d’améliorer en nous et autour de nous. La douleur est plus difficile à relativiser car elle n’a rien à voir avec le mental, qu’elle soit physique, psychologique, émotionnelle ou tout à la fois, chacun fait face comme il peut. Perte, deuil, trauma. Trauma qui vient d’une forme étendue de la racine indo-européenne terə, qui signifie frotter, tourner, avec des dérivés qui font référence à la torsion, la perforation, tout ce qui blesse mais aussi au battage des céréales, au frottement qui leur fait perdre leur enveloppe. L’analogie est très intéressante et d’ailleurs anciennement cela se faisait à l’aide de fléaux…

 

Alors, oui ! La vie peut nous frotter, nous tordre, nous perforer, nous battre, nous faire mal à devenir foufolle et alors se pose la question du sens. Je ne parlerai pas pour les autres, je vais juste parler pour moi : chaque épreuve dans ma vie — et elles ont commencé très tôt — m’a amenée peu à peu à creuser au-delà de l’apparente et souvent réelle injustice, à fouiller au-delà de la dégueulasse malchance, à chercher un sens bien au-delà des limites de ce que je pouvais supporter ou pensais pouvoir supporter. C’est à ce creusage, fouillage, à cette marche forcée par les événements, par la collision des inconsciences, que je donne le nom de spiritualité. Car c’est là que commence le choix, notre choix : grandir ou pourrir.

 

Je n’ai pas d’église, pas de religion, c’est avec les mains dans la terre ou en marchant avec elle que je ne fais qu’un avec ma spiritualité. L’essentiel est contenu dans la graine et dans toutes ses transformations. Un cycle qui, à chaque nouvelle germination, rend une plante plus forte, plus féconde, plus résiliente mais, pour cela, la graine doit se défaire de son enveloppe dans l’obscurité sans savoir si elle reverra la lumière. Sans quoi, elle pourrit. Nous, humain-es, sommes aussi des graines.        

                                                                                                                      

 CGC

 

 

un vieux jardinier m'offre des courges tardives
qui devinerait que le vieillard oisif
fait de sa vie une longue ivresse ?

Lu Yu

 

 

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AU SOMMAIRE

  

Délits de poésie pas tout à fait dans l’ordre :

 

 Jean-Luc Aribaud ; Éric Aubel ; Emmanuel Jeuland

 Valentina Casadei : Plainte contre A. (extrait)

 Jean-Christophe Bellevaux : L’imposture (extraits)

 Wald : Gravillons (extrait)

 

Petites proses cocasses-cauchemardesques : Julien Grandjean

 

Délit d’écho : Louise Brun : Métal/Fréquence Chair

 

Délit d’altitude : Mael Maom-Orff : La subtile mouvance d’une montagne

 

 

Délits d’(in)citations, feuilles qui tombent, immortelles, au coin des pages. Vous trouverez le bulletin de complicité au fond en sortant vêtu de sa nouvelle adresse à noter !

 

  

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Illustrateur : Archibald Aki

 

Originaire du nord de la France, Archibald Aki est l'auteur de quelques œuvres poétiques aux Éditions Les Venterniers. Il en fait souvent des spectacles musicaux. Comédien et barman par-ci par-là puis gérant d'un maquis ré-créatif à Dakar ( Petit Keur), il vit désormais aux Pays-Bas où il se construit une chapelle en papier décorée de traits et de lettres, de formes et de couleurs dans la recherche désespérée de l'Homme (et de la Femme, pour sûr), de dieux et de diables (à provoquer) et de lui-même.

 

 

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Il ne suffit pas toujours d’être pardonné par les autres, parfois tu auras à apprendre à te pardonner à toi-même… Tu apprendras que, avec la même sévérité que tu juges les autres, toi aussi tu seras jugé et parfois condamné… Tu apprendras que, peu importe que tu aies le cœur brisé, le monde ne s’arrête pas de tourner. Tu apprendras que le temps ne peut revenir en arrière. Tu dois cultiver ton propre jardin et décorer ton âme, au lieu d’attendre que les autres te portent des fleurs…Alors, et alors seulement, tu sauras ce que tu peux réellement endurer ; que tu es fort, et que tu pourrais aller bien plus loin que tu le pensais quand tu t’imaginais ne plus pouvoir avancer ! C’est que réellement, la vie n’a de valeur que si tu as la valeur de l’affronter !

  

Jorge Luis Borges in Apprendiendo

 

 

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Les Délits buissonniers

  

 

 Une belle collection hors des sentiers battus

à découvrir absolument !

 

 

Feu de tout bois de Murièle Modély, illust. Sophie Vissière 

Instantanés de Myriam OH, illust. Silvère Oriat 

Petite histoire essentielle de la futilité de Bruno Toméra, illust. Jean-Louis Millet 

Printemps captif de Lionel Mazari, illust. Morgane Plumelle

Paraît que d’Heptanes Fraxion, illust. Jimmy Fortier

La cloche a sonné d’Aline Recoura, illust. Ludo Godot

Des ombres et des anges de Josette Soulas Moyes, illust. Philippe Chevillard

 

  

Plus de détails ici :

 http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/delits-buissonniers/

 

 

 à commander aux éditions NOUVEAUX DÉLITS

 10 € + port 3 €

 

Règlement par chèque ou virement

 

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Nouveaux Délits 79 - Novembre 2024 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimé sur papier recyclé et diffusé par l’Association Nouveaux Délits - Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès - Illustrateur : Archibald Aki - Correcteur : Élisée Bec

http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com

 

 

 

20/09/2024

EN TRANSIT

 

!!!

ATTENTION ! EN RAISON DE CIRCONSTANCES EXCEPTIONNELLES, LE NUMÉRO 79 DE LA REVUE, CENSÉ SORTIR EN OCTOBRE, SORTIRA EN NOVEMBRE ET NOUVEAUX DÉLITS CHANGE ÉGALEMENT D'ADRESSE POSTALE.

PLUS D'INFOS PAR MAIL BIENTÔT.

 

 

 

01/04/2024

Revue Nouveaux Délits n°78

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Cet édito ne m’est pas aisé car j’ai perdu les mots. Cela arrive et ce n’est pas grave même si la cause en est un excès de maux qui dépasse la capacité — même pour une poète bien noire comme je peux l’être — d’assimilation et de transmutation, et ce n’est pas la démence épuisante des décideurs du monde qui va me faire retrouver l’art des mots pirouettes.

 

J’ai perdu les mots mais les silences font des trous dans le temps,  plongent au plus profond de sources insoupçonnées et ramènent dans leurs filets tendus à vif, une poignée de sable : l’essence de soi et des vibrations qui tournent autour des anciens mots, forment un tourbillon et les décapent jusqu’à l’os. Le reste est à brûler, brûler pour renaître, libre des mots radotés, des mots enkystés, des mots qui nous entravent, nous enferment dans les cachots de nos histoires.

 

Et après le labeur des silences, viendront les mots nouveaux, les mots graines.

 

CGC

 

 

 

Toute parole est là pour séduire la mort.

Anne Jullien

 

 

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AU SOMMAIRE

 

Délits de poésie :

 

Jean-Jacques Camy

A. Celnetz, poèmes du temps de la Quarantaine

Alain Lasverne, Rue Révolution

Yve Bressande

Ahmed Elalfy

Marine Giangregorio

Estelle Cantala, Bain de nuit – 4 au champ (extrait)

 

Délits d’(in)citations,  l’écho au fond du puits au-dessus duquel tout poème se penche. Et vous trouverez le bulletin de complicité au fond en sortant toujours émerveillé de trouver encore et encore lui aussi un écho parmi vous.

 

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Illustratrice : Alissa Thor

 

« Je peins pour que vous vous arrêtiez, pour aller vers vous, pour faire face. Je peins pour que les mots viennent, et la douceur, et la violence, et les corps tout ensemble. Je peins pour que quelque chose se passe. Quelque chose entre nous, d’intime et de sauvage. » 

Son site : https://alissathor.wixsite.com/alissathor

 

 

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fleurs de prunier blanches
et cette nuit qui devient
la lueur de l'aube

Buson

 

*

 

 

Le 7e délit buissonnier est sorti en février !

 

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J’avais en moi

L’appui sans faille d’un ami

Le temps

 

Il m’a tenu la porte ouverte

Appris à voir à dire

À deviner et à comprendre

 

Il m’a tenu la tête droite

Lorsque j’ai traversé les corridors du vent

M’a appris à tisser le sombre avec le clair

Tisser le doux avec l’amer

 

Il m’apporte aujourd’hui

Son chemin de lumière

Les ombres et les anges

 Enfin réconciliés.

 

 

 

Josette Soulas Moyes est née le 25 décembre 1942. Vous avez pu la lire pour sa toute première publication dans le n° 76 en octobre dernier et c’est une immense émotion et une immense joie, pour moi comme pour elle, d’avoir pu donner naissance à ce recueil magnifique.

 

Illustrations originales de Philippe Chevillard

28 pages agrafées, tirage numéroté sur papier 100 % recyclé

10 € + 3 € de port à commander à l’Association Nouveau Délits

 

 

 

Nouveaux Délits 78 - Avril 2024 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits - Femme orchestre : Cathy Garcia Canalès Illustratrice :  Alissa Thor Correcteur : Élisée Bechttp://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com

 

 

 

01/01/2024

Revue Nouveaux Délits numéro 77

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Aucune vie ne ressemble à une autre et la douleur n’est pas toujours visible, quantifiable, sauf quand elle est si collective qu’on ne peut plus l’ignorer. Aucune vie ne ressemble à une autre, certaines sont tellement pleines de ces épreuves qui jettent à terre, rouent de tant de coups que cela semble n’avoir plus aucun sens. Les épreuves cependant qui nous tordent, nous forgent de l’intérieur jusqu’à parfois toucher la grâce. Toujours au bord pourtant de basculer, grâce ou folie, la frontière est si fine. En ce début d’année où il est de coutume de souhaiter et s’entre souhaiter, mes pensées vont vers toutes celles et ceux qui souffrent dans leurs corps, dans leurs têtes, dans leur vies, dans le corps des êtres qui leur sont chers. Mes pensées se ruent vers celles et ceux qui vivent dans la peur, la terreur, l’horreur, celles et ceux qui sont accablé-e-s par les injustices, celles et ceux qui éprouvent une solitude inhumaine, celles et ceux qui ont le cœur en miettes, l’âme mutilée, celles et ceux qui sont oubli-é-e-s, piétiné-e-s, humili-é-e-s, écrasé-e-s, broyé-e-s, perdu-e-s, poussières… Et je me souhaite — car qui suis-je pour dire à d’autres ce qui leur est nécessaire ? — je me souhaite, donc, le courage de garder dignité quoiqu’il arrive et le sens du respect, la volonté d’être juste, d’accepter ce qui en moi est fragile et blessé, ce qui chemine dans les ténèbres et la force d’endurer ce qui me tord, me forge, me polit et qui, peut-être à la longue, finira par me sublimer. Aucune vie ne ressemble à une autre mais la vie est une seule et même énergie qui nous traverse, nous anime, qui que nous soyons, où que nous soyons : humains, animaux, végétaux et même, à leur façon, les pierres de cette Terre qui n’en peut plus de nous. C’est ce que je ressens au plus profond de moi. Tout est vibration, tout porte un message alors je voudrais veiller toujours mieux à celui que moi-même je porte et transmets à travers mes pensées, mes choix, mes actions, mes mots, mes cellules… Veiller sur les causes car il est toujours trop tard quand il s’agit de réparer de néfastes conséquences… J’essaie de ne pas me décourager trop vite ou trop longtemps. Aucune vie ne ressemble à une autre, que chacune soit belle et sereine comme un lever de soleil, un chant d’oiseau à la nuit tombée, un vin d’amour à partager.

CGC

 

 

 

 

Étant donné que nous avons des cellules qui sont les filles des premières cellules de la vie, nous avons en nous de façon singulière toute l'histoire de la vie... nous avons l'univers en nous.
Edgar Morin

 

 

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AU SOMMAIRE

 

 

Délits de poésie :

 

ᕱ Michel Abécassis

ᕱ Alain Flayac

ᕱ Judith

ᕱ Alexandre Poncin

ᕱ Erwan Gourmelen

ᕱ Marianne Duriez

ᕱ Oriane Barbey

 

Résonance (profonde) : Kogis, le chemin des pierres qui parlent, Éric Julien (Actes sud, coll. Voix de la Terre, 2022).

 

 

Délits d’(in)citations au coin des pages en réflexion. Vous trouverez le bulletin de complicité toujours au fond en sortant avec des étoiles plein les poches !

Grâce à vous, abonné-es et lectrices, lecteurs d’un numéro ou deux, il résiste aux tempêtes inflationnistes et vous en remercie chaleureusement !

 

 

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Illustratrice : Corinne Pluchart

 cheminant toujours en poésie, en bleu, en indicible. Pas de langue autre qu'en poésie. Et la peinture pour la chair, la vibration et la légèreté. Et toujours en terre bretonne.

 

*

 

Bon à savoir : la revue Nouveaux Délits utilise l’écriture inclusive (qui ne portait pas encore de nom mais existait déjà) depuis au moins le n°42, c’est-à-dire avril 2012…

 

 

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Même dans les périodes les plus sombres, nous sommes en droit d’attendre une certaine lumière. Et il est très probable qu’elle ne viendra pas tant de théories ou de concepts, mais de la lumière incertaine, vacillante, souvent faible, que certains hommes et femmes, au cours de leur vie et de leur travail, auront allumée dans toutes sortes de circonstances, la répandant sur le temps qu’il leur a été donné de passer sur terre.

 Hannah Arendt

 

 

 

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Refaat Al Areer, dernier poème

 

Si je dois mourir
tu dois vivre
pour raconter mon histoire
pour vendre mes effets
et acheter une étoffe
et quelques ficelles
(une étoffe blanche avec une longue traîne)
pour qu'un enfant quelque part à Gaza
en regardant le paradis dans les yeux
guettant son père parti dans un brasier
sans dire adieu à personne
pas même à sa chair
pas même à lui-même
voie le cerf-volant, mon cerf-volant tout là-haut
que tu auras fabriqué, volant tout là-haut
et pense un instant qu'un ange est là
ramenant l'amour
Si je dois mourir
fais que cela apporte de l'espoir
que ce soit un conte


 

Refaat Al Areer, poète palestinien, professeur de littérature anglaise, mort à Gaza sous les bombes dans la nuit du 7 au 8 décembre.

 

 

NON À LA GUERRE, À TOUTES LES GUERRES ! STOP !

 

 

 

 

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Nouveaux Délits 77 - Janvier 2024 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès  Illustrateur : Corinne Pluchart Correcteur : Élisée Bec

 

 

 

 

 

 

08/11/2023

Revue Nouveaux Délits - Numéro 76 (extraits)

 

Quelques extraits de ce numéro sorti en octobre 2023, avec des textes de Sandrine Davin, Jean-Louis Clarac, Amandine Gouttefarde-Rousseau, Alain Nouvel, Josette Soulas Moyes, Bruno Giffard, Cathy Garcia Canalès & un poème d'Abdellatif Laâbi. Morceaux choisis et lus par Cathy Garcia Canalès.

En savoir plus : http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/

 

 

 

 

30/09/2023

Revue Nouveaux Délits n°76

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Nous venons de passer le mois dit de la rentrée : bonne rentrée ! souhaite-t-on… Et la sortie, bonne sortie ? Nous usons au sens littéral de formules, elles finissent par être très polies mais que signifient-elles vraiment ? Formule, c’est joli ce mot si on n’y colle pas de chiffre après, genre formule 1 ou l’air renfermé d’un formulaire…

Et si nous profitions de la rentrée donc pour rentrer oui, véritablement, en nous-mêmes ? C’est ce que nous enseignent les cycles des végétaux qui en cette saison — de notre côté du monde en tout cas —, après avoir tout donné pour se perpétuer, laissent tomber leurs derniers fruits, dernières graines sur le sol où chacun sait ce qu’il à faire puis ralentissent le rythme, laissent redescendre la sève aux racines… Les animaux se préparent aussi pour la saison froide donc ce serait bien le moment de rentrer en soi, voir la rentrée comme un ralentissement, un approfondissement plus qu’une agitation, une accélération…

 

On l’oublie trop souvent : la majeure partie de ce qui se passe dans le monde, se passe d’abord en chacun de nous et on revient à la formule — abracadabra, que le feu de Dieu tombe sur toi ! — et quelle autre déité ici-bas que nous-même, qui décidons et créons, éludons ou provoquons, prévenons ou aggravons ? Sommes-nous déité de la discorde ou des récoltes ? De l’argent ou du soin ? De l’avidité ou du partage ? Ladite nature est imprévisible, oui, mais nous sommes une espèce dite intelligente et nous pouvons concevoir l’imprévisible et protéger l’essentiel. Encore faut-il se mettre d’accord sur ce qui est essentiel... Nous parlons de cultiver notre jardin intérieur : est-il jardin ou terrain vague plein d’ordures ? Jardin ou terre exsangue et saturée de pollution ? Jardin ou zone commerciale ? Jardin ou bunker ?

 

Que formulons-nous dans nos intériorités ? Quelles pensées, quelles intentions laissons-nous se densifier en nous jusqu’à ce qu’elles se matérialisent et agissent à l’extérieur ? Abracadabra ! La magie est un art du quotidien ordinaire, c’est faire bien attention à ce à quoi nous donnons formula, c’est-à-dire « forme », en latin.

 

La poésie est une façon de formuler le monde, qui nous imprègne, nous traverse, nous façonne et nous ensemence de l’intérieur. Un art du quotidien ordinaire.   

CGC

 

 

 

(…) le chaos du monde n’est que la projection du chaos régnant dans chaque individu.

Jiddu Krishnamurti in L’origine de la pensée

 

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AU SOMMAIRE

 

 

Délits de poésie :

 

Sandrine Davin

Jean-Louis Clarac : Poussières aimantes

Amandine Gouttefarde-Rousseau : Nagas (extraits)

Alain Nouvel : Presque riens

Josette Soulas Moyes : Des ombres et des anges (extraits)

Bruno Giffard : Écume au plus sec des tiroirs (extraits)

 

 Où la revuiste se lâche et parle de ses trois derniers livres avec des extraits de Je l’aime nature, sorti en juillet 2023.

 

Comme dans chaque numéro, les Délits d’(in)citations scintillent au coin des pages et vous trouverez à la fin le bulletin de complicité avec ses beaux délits buissonniers mais pas de nouveau en cette année qui exige de se concentrer sur ce qui est déjà là.

 

 

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Illustrateur : Philippe Chevillard

Auteur de BD amateur et illustrateur amateur, je consacre une partie de mon temps à la création de courtes bandes dessinées et l'illustration de textes d'auteurs pour des revues, recueils de poésie, ou affiches. Mes dessins ont été publiés aux éditions Jacques Flament, éditions des embruns, éditions Lamiroy, dans les distributeurs BDs de Short édition, ainsi que dans divers fanzines, recueils, et revues littéraires tels que : Traction Brabant, Le Soc, Le coquelicot, Poétisthme, Soleil Hirsute, La piscine, L’imagineur, L’utopie, Présences d’esprits, Lichen, Hélas, Opuscule, L’Ampoule, Caractère …  https://philippechevillard.fr/

 

 

 

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D'où vient la haine ?

D'où vient la haine

cette haine-ci

qui fuit la conscience

comme la peste

qui proscrit de la langue

la raison

qui réduit le cerveau

à un pois chiche

qui efface des yeux

la lumière

qui déracine du cœur

ce qui pourrait s'apparenter

à un sentiment

D'où vient la haine ?

qui a fermé à double tour

la porte

derrière laquelle se tiennent terrorisés

le doute

le regret

la compassion

le pardon

qui frappent et frappent

à cette porte

jusqu'à ne plus comprendre pourquoi

et s'arrêtent

convertis au désespoir

 

Abdellatif Laâbi

in La Terre est une orange amère

 

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Nouveaux Délits 76 - octobre 2023 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès  Illustrateur : Philippe Chevillard Correcteur : Élisée Bec   

 

 

 

 

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à tire d’aile, septembre 2023

 

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Chaque tome fait 52 pages agrafées comme le premier

imprimé sur papier recyclé 80 g et 250 g calcaire pour la couverture

chaque exemplaire est numéroté et signé

avec dans le tome 2, deux illustrations originales de François Pouch

 

12 € chaque nouveau tome

+ port pour un tome : 2,50 €

pour deux : 4 €  

Offre spéciale pour les trois tomes : 40 € port compris

Pour commander voir en fin de revue

 

 

 

06/07/2023

La revue a 20 ans !!

 

Je n'aurais jamais pu le prévoir, mais voilà  :

la revue Nouveaux Délits a eu 20 ans le 1er juillet ! Dingue !

Merci à toutes celles et ceux qui la soutiennent et y ont contribué d'une façon ou d'une autre !

 

 

*

NOUVEAUX DÉLITS

Revue de poésie vive et dérivés

– Numéro zéro -

juillet 2023

 

  

Pourquoi Nouveaux Délits ? Et pourquoi pas ?

Voilà le point de départ de cette revue qui se lance, à l’eau ou par la fenêtre comme on voudra, l’essentiel étant l’élan, l’impulsion, l’envie de faire. Faire réfléchir plus que plaisir, faire connaissance, faire le lien entre tous et chacun, pourvu qu’il soit avide de paroles, fraîches ou chaleureuses c’est selon, mais dans tous les cas vivantes.

Les auteurs sont lecteurs, les lecteurs auteurs et chacun contribue ainsi à poétiser le monde.

Poétiser : nettoyer les regards de la poussière du conformisme ambiant, goûter des saveurs nouvelles. Nouveaux Délits aime les mélanges, les différences, les mots qui dérangent, qui grattent, qui démangent, pour ne pas céder au sommeil qui dissout les consciences.

Nouveaux Délits à inventer, à commettre ensemble. Poétiser est un acte, pas un luxe.

Soyez à l’écoute du vent qui passe, ignorant les frontières, colporteur de bonnes et mauvaises nouvelles. Confiez-lui vos textes, vos poèmes, vos délires, il en fera peut-être de la matière à Nouveaux Délits.

 

 

 

"Un poète doit laisser des traces de son passage, non
des preuves. Seules les traces font rêver"

René Char

 

*

02/04/2023

Revue Nouveaux Délits n°75

 

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Quelle époque épuisante, collectivement et puis pour beaucoup individuellement ! Tellement qu’écrire un édito pour ce numéro semble au-dessus de mes forces et puis il y aurait tant à dire que ce n’est pas une petite page qui y suffirait. Quelques mots résonnent : colère, absurdité, injustice, paix, changement, radical, urgence, catastrophe, confusion, bêtise, mépris, inhumanité, aveuglement… Mais j’ai trop usé ma langue sur les bords amers et tranchants de ce monde modelé par quelques fous qui prennent toute l’humanité et son futur en otages. Je préfère laisser ma langue non pas aux chats mais à toutes celles et ceux qui œuvrent à alimenter le feu des consciences, à élever l’imaginaire, à semer des graines de sens là où rien ne pousse, à parler la langue du vrai, aussi noire que nécessaire mais qui ne triche pas, qui n’enrobe pas de vernis, de sucre de séduction ; à celles et ceux qui savent la langue de soin qui tend vers l’autre des mots de secours, langue bonne et belle des naïfs qui refusent de jouer dans la cour des cruels et des prétentieux, langue du sage silence aussi quand la cacophonie rend tout contact explosif. Tant de langues, tant de possibles. Car « Nous sommes arrivés à un moment de l’histoire où nous devons d’urgence redéfinir le sens de la civilisation », a dit très justement Hayao Miyazaki et clairement cette langue qu’on nous assène depuis les hauteurs des palais et des étincelants buildings n’a plus rien à voir avec une quelconque idée de civilisation.                          cgc

 

 

Je sais pourquoi

autant se taire

 

Ne pas crier dans le désert

quand c’est chaque grain de sable qui souffre

ne pas parler aux vieux murs qui radotent

 

Passer en silence

avec la petite escorte d’insouciance

qu’on aura un temps séduite

 

Lionel Mazari

 

 

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AU SOMMAIRE

 

 

Délits de poésie :

 

Marie-Florence Ehret, Au jardin (extrait)

Antoine Simon

Marie-Françoise Ghesquier, Le pont suspendu (extraits)

Pierre Gondran dit Remoux, ainsi s’endort le ballast suivi de on hoche on hoche on hoche (extraits)

Marie Tavera

Danielle Querol Bonhomme, Fondrières de la parole

 

Délit de l’autre : Éric Cuissard, L'autre qui était peut-être lui (extraits)

 

Résonance : Gîtes de Julio Cortázar, trad. de l’espagnol (Argentine) par Laure Bataillon, Gallimard, 2012.

 

Délits d’(in)citations ainsi font font font les petites pâquerettes. Vous trouverez le bulletin de complicité fort désolé : la disparition du tarif éco, entre autres, force à l’augmentation du prix de l’abonnement (par voie postale) donc à prendre en compte pour tout renouvellement à partir du 1er avril 2023.

 

 

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Illustratrice :  Anouk Rugueu

 

« Ancienne libraire, j’ai toujours aimé lire, écrire et dessiner. Ayant eu la chance de travailler de nombreuses années à la librairie d’un musée, j’ai pu fusionner mes centres d’intérêt dans le plaisir quotidien de feuilleter des livres d’art, de discuter de création et de livres avec les clients et visiteurs. Je dessine aujourd’hui surtout sur des pages de livres anciens et des matériaux de récup. »                                              

Son site : https://rugueu.com/

 

 

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Pour qui sait se ménager du loisir, une journée s’étend sur mille ans.

Pour qui a le cœur vaste, une cabane est aussi spacieuse que l’univers.

 Zicheng Hong

 

 

 

Revue Nouveaux Délits – Avril 2023 ISSN : 1761-6530 Dépôt légal : à parution – Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès Illustratrice : Anouk Rugueu Correcteur : Élisée Bec                 http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com

 

***


Parution le 1er février 2023

 

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2014-2022

 

"Parfois, j’ai des orgasmes de nature qui m’ouvrent le cœur en deux comme une graine mûre. Je suis l’arbre, la mésange, la grenouille, le nuage, la pluie, l’orage, je pourrais dévaster un bureau de pôle emploi, en faire une jungle pleine de feuilles, de cris et de fouillis odorant. Où est la case poète ? S’il n’y a plus de place pour les arbres, les plantes, les oiseaux, les animaux, il n’y en a pas non plus pour les enfants, les mystiques et les poètes, tout ça c’est la même chose, tout ça est connecté directement à la source, la source vitale, la source de toute chose. Pur ressenti, pure perception en résonance avec le monde des formes mais en totale inadéquation avec celui des normes et des apparences. Il n’y a pas de mystère, tout est mystère et la normalité est une affreuse invention, réduction, supercherie."


à tire d'ailes toujours, 52 pages bien remplies, agrafées, 
papier recyclé à 100 % 
mon illustration en couverture : "Dans la chair", 2023

 

12 € + 3 € de port,  à commander directement : mc.gc@orange.fr

 

01/01/2023

Revue Nouveaux délits n° 74

 

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Un kilo de plomb ou un kilo de plume ? Qu’est ce qui est le plus lourd, me demandait-on, enfant… J’avais déjà ma petite réponse et aujourd’hui encore, je sais : ce n’est pas au poids qu’on juge l’équivalence alors vive les plumes ! Plus il y en a et plus on s’envole, plus il y en a et plus on plonge dans la douceur, la chaleur et peu importe quels drôles d’oiseaux nous sommes ! La noirceur du corbeau peut caresser nos mélancolies mais gardons-nous du plomb… À moins d’être de très talentueux alchimistes, laissons-le là où il est, bien profond sous la terre dans son berceau de cuivre, il y a son rôle à jouer, équilibre d’une terre à terre, yeux dans les yeux des ouragans. Du monde, n’en parlons pas, il nous assourdit trop déjà, chacun-e devrait être en mesure de savoir ce qu’elle-il doit faire pour ne plus se faire plumer ni additionner le plomb et surtout laissons l’amour au-dessus de ça. L’amour ne nous appartient pas, nous sommes ses oisillons et s’il veut bien nous prendre sous ses ailes, ce n’est pas pour y rester mais pour apprendre à donner aux autres plus de légèreté. Plus d’air, plus de lumière à respirer. Ni cage, ni chaînes, ni boulet. Tout s’écroule mais ne perdons pas de temps à nous lamenter sur les pertes, aiguisons notre attention pour percevoir ce qui en nous gagne en légèreté, ne nous laissons pas abattre mais sentons ce poids de plume dans nos poches : plus on le partage et plus il est doux et léger et réconfortant.

 

Que cette année dite nouvelle nous soit douce, tendre et réconfortante.

 

et là

autour

sens tes bras qui s’allègent

la terre sous tes pieds

tu danses

tes mains comme des plumes

légères

l’oiseau

tu l’entends ?

ça pulse

ça palpite

ça pépite…

 

 

CGC

 

 

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AU SOMMAIRE

 

 

Délits de poésie :

Vincent Gispert, extraits d’À l’Est de l’horizon

& Alexandra Norelli

 

Délit de désobéissance et liberté : Joséphine Maaci

 

Délit de poésie (suite) :

Rafaëlle Gandini Miletto, extraits de marées

& Virginie Seba

& Tout un chacun de Pierre Maubé

& Ara Alexandre Shishmanian, extraits des cycles inédits Stases et en-stases et Haillons, traduit du roumain par Dana Shishmanian, avec la révision de l’auteur

 

Résonance hommage : Fée d’hiver d’André Bucher, Le Mot et le Reste, décembre 2011.

 

& petit cadeau de la femme-orchestre

  

Délits d’(in)citations qui incitent à regarder dans les coins.

Vous trouverez le bulletin de complicité au fond en sortant, qui pour l’instant fait comme si l’inflation (enflure, gonflement, dilatation, emphysème, œdème…) ne le concernait pas.

 

 

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 Illustrateur : Kiko Christian Moroy

 

Voir sa présentation de poète dans le n° 73 

 

 

***


Sous l'influence d'une grande peur, presque tout le monde devient superstitieux. La peur collective stimule l'instinct du troupeau et tend à produire de la férocité envers ceux qui ne sont pas considérés comme des membres du troupeau. La peur génère des impulsions de cruauté, et donc favorise des croyances superstitieuses qui semblent justifier la cruauté. Ni un homme, ni une foule, ni une nation ne peuvent être fiables pour agir humainement ou penser sainement sous l'influence d'une grande peur. 

Bertrand Russell

 

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En quatrième de couverture : « Reste le choix d’être poète. (…)

 

Si nous restons prisonniers de nos vieux critères, il n’y aura aucune issue. Remettre en cause la croissance illimitée, la prédation décomplexée, la xénophobie revendiquée, l’indifférence assumée, l’arrogance affichée, demande bien plus qu’une évolution : il s’agit de changer de paradigme. C’est toute notre image du monde qui est ici en jeu. Il ne saurait être suffisant, ni même signifiant, d’inventer de nouvelles manières de satisfaire nos vieux démons : il est vital de réenchanter un tout autre « habiter l’espace ». Qui ne renie ni les savoirs ancestraux ni les découvertes scientifiques. Mais qui s’autorise - à titre expérimental - toutes les ruptures, toutes les fractures. La langue n’est pas neutre : renommer la croissance du PIB en « taux de divergence suicidaire » aurait sans doute quelques conséquences sur nos ressentis, nommer « autoterrorisme intérieur » notre décision implicite de n’offrir aucun avenir vivable à nos enfants pourrait éveiller quelques consciences. Les mots comptent. Le poète ne se laisse pas intimider par la dictature malveillante d’une pensée oppressive qui tue chaque possible alternative avant même son éclosion. Comprendre et clamer que le réel pourrait être autre, esquisser l’inchoatif des ramifications avortées, exhiber les modes des mondes manqués constitue le cœur dur de la poésie en acte. Le poète refuse l’unicité du prisme. Même s’il est révolutionnaire, même s’il est solidaire, même s’il est salutaire. User d’une seule grille de lecture relève nécessairement d’une atrophie radicale. Le subtil démissionne dès que le pullulement est réfuté. Le monde est « plus d’un » de dedans et la pensée échoue tout autant quand elle gomme la multiplicité que quand elle omet la déconstructibilité. Les résistances poétiques doivent maintenant se disséminer, se déterritorialiser, se chaotiser, se diffracter et s’infecter mutuellement. Il est question d’écriture mais aussi de pensée, de regard, de ressenti, de geste, d’engagement, de désir, de plaisir. Le vivre poétique est tout sauf triste, étriqué et nostalgique. Il est transgressif, précis et aventureux, par essence. Il peut aussi devenir enchanteur, libérateur et salvateur. Par choix. »

 

Aurélien Barrau - extrait de son intervention à Résistances poétiques, débat qui a réuni Edgar Morin, Isabelle Autissier et Erri de Luca, le 6 novembre 2019, lors du Forum Libération « Finance solidaire : des idées et des actions pour changer la société » à Paris.

 

 

 

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*** les illustrations dans la revue sont en N&B ***

 

Revue Nouveaux Délits – Janvier 2023 ISSN : 1761-6530 Dépôt légal : à parution – Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits  Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès Illustrateur : Kiko Christian Moroy Correcteur : Élisée Bec