28/03/2016
Revue Nouveaux Délits, le NUMÉRO 54
Avril-Mai-Juin 2016
Exister est un écartèlement permanent. Entre spleen et idéal pensait Baudelaire, mais savoir vivre c’est savoir accepter sans se résigner, savoir lâcher-prise sans lâcher la main de l’autre. Renoncer au bonheur mirage, ces innombrables projections du système sur l’écran de nos désirs jusqu’au viol même de notre intégrité. Achète, consomme, travaille encore pour acheter, consommer sans poser de question et tu seras heureux. Pas encore aujourd’hui, mais demain, oui c’est certain. C’est prouvé par la science. Demain sera le grand jour, demain tu seras riche, le héros de ta vie, admiré, adulé, envié, car tu le mérites. Avec ce qu’il faut de peur pour avoir besoin de se protéger derrière des remparts d’achats sécurisants.
Il y a les belles choses, les savoureuses et ce ne sont pas des choses, mais des êtres et des sentiments, des émotions, des sensations, des échanges, des partages, des solitudes aussi, pleines et débordantes de vie.
Il y a les peurs oui, innombrables, envahissantes, les mauvais pressentiments, les ennuis à répétition, les injustices, les coups du sort qui s’acharne et tout ce qu’il faudrait comprendre pour transformer, se transformer soi sans savoir s’il faut avancer ou reculer, s’il faut ci, s’il faut ça…. La mécanique enrayée du mental. L’envie de dormir.
L’argent reste le problème omniprésent, omnipotent, un piège infâme, le plus toxique des mirages, la plus cruelle des machettes. Cette peur de manquer, de chuter encore plus bas, cette tache sur soi qui s’agrandit et nous définit plus que n’importe quoi d’autre : pauvre. C’est immonde d’être défini par cette tache, tout le monde le sait, mais rien ne change, une seule chose compte : en avoir ou ne pas en avoir. Dans une société aussi férocement individualiste que la nôtre, ce qui fait lien c’est « en avoir », ce qui ouvre toutes les portes, aussi vaines soient-elles, c’est « en avoir beaucoup ».
Une seule planète, plusieurs mondes qui ne se côtoient pas. L’un d’eux est en train de dévorer tous les autres.
Cg, extrait de ©Ourse (bi)polaire
Je suis pauvre et nu, mais je suis le chef de la nation. Nous ne voulons pas de richesse mais nous tenons à instruire correctement nos enfants. Les richesses ne nous serviraient à rien. Nous ne pourrions pas les emporter avec nous dans l’autre monde. Nous ne voulons pas de richesses. Nous voulons la paix et l’amour.
Red Cloud Chef Sioux Oglala
AU SOMMAIRE
Délit de poésie : Céline Escouteloup, Christophe Réal, Marine Gross, Vincent, Heptanes Fraxion
Délit de phénomène au logis : quinze extraits de Vingt d’Hervé Jamin
Résonance : Bienvenue à Calais – Les raisons de la colère, textes de Marie-Françoise Colombani, dessins de Damien Roudeau – Actes Sud, février 2016
Comme toujours, les coins de pages se noircissent aux Délits d’(in)citations.
Et comme toujours vous trouverez le bulletin de complicité qui fait le malin à la sortie.
Illustrateur : Henri Cachau
Villeneuve-sur-Lot 1945, vit et travaille à Rambouillet. Peintre, sculpteur, nouvelliste et poète, a participé à diverses expositions, nationales et internationales ; publie dans de nombreuses revues, papier et 'net' ; organise des expositions, des ateliers ainsi que des soirées poétiques ; en 2003 a publié un recueil de nouvelles intitulé : Le quotidien des choses... Pour plus d'informations voir site : www.henri-cachau.fr
La femme cependant, de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc:
-" Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d'un lit l'antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !
Je suis, mon cher savant, si docte aux voluptés,
Lorsque j'étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j'abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d'émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi !
Baudelaire
SOLDE
pour Aimé Césaire
J’ai l’impression d’être ridicule
dans leurs souliers
dans leurs smoking
dans leur plastron
dans leur faux-col
dans leur monocle
dans leur melon
J’ai l’impression d’être ridicule
avec mes orteils qui ne sont pas faits
pour transpirer du matin jusqu’au soir qui déshabille
avec l’emmaillotage qui m’affaiblit les membres
et enlève à mon corps sa beauté de cache-sexe
J’ai l’impression d’être ridicule
avec mon cou en cheminée d’usine
avec ces maux de tête qui cessent
chaque fois que je salue quelqu’un
J’ai l’impression d’être ridicule
dans leurs salons
dans leurs manières
dans leurs courbettes
dans leur multiple besoin de singeries
J’ai l’impression d’être ridicule
avec tout ce qu’ils racontent
jusqu’à ce qu’ils vous servent l’après-midi
un peu d’eau chaude
et des gâteaux enrhumés
J’ai l’impression d’être ridicule
avec les théories qu’ils assaisonnent
au goût de leurs besoins
de leurs passions
de leurs instincts ouverts la nuit
en forme de paillasson
J’ai l’impression d’être ridicule
parmi eux complice
parmi eux souteneur
parmi eux égorgeur
les mains effroyablement rouges
du sang de leur ci-vi-li-sa-tion
Léon-Gontran Damas, poète guyanais, 1937
Ce poème est extrait de
Nouveaux Délits - Avril 2016 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable de tout : Cathy Garcia Illustrateur : Henri Cachau
http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/
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28/01/2016
Christian Saint-Paul revient sur le n° 52 dans l'émission Les poètes sur Radio Occitania
Un excellent numéro illustré avec force par Jacques Cauda cité dans une précédente émission, avec ces notes de lecture indispensables à la diffusion des ouvrages, un sommaire toujours riche, le tout sous le ton de la fraternité tendre et militante de Cathy Garcia. Ce sont des poèmes de Marie-Françoise Ghesquier qui sont lus à l’antenne. Cette hispanisante vit près de Chalon-sur-Saône et publie ses poèmes dans les revues Décharge, Comme en Poésie et Traction Brabant. Elle publie son premier recueil chez Michel Cosem à Encres Vives, puis chez Bruno Msika aux éditions Cardère avec « A hauteur d’ombre », recueil illustré de photos en duo avec Cathy Garcia. Elle dit aimer les esprits frondeurs.
Lecture d’extraits de « De tout bois si ».
On tourne en rond
dans notre bocal de ronces
Se dessèchent noires pointées
en sons filés assourdis
contre les fonds d’herbes
Les notes du chaos mineur s’égrènent
en idiomes grumeleux
ponctués noirs le long des failles
Faillite du moi
avec mots cadenassés
dans l’intervalle
Parole craquelée à la note forcée
Tant d’effort pour vivre
au travers des sons disjoints
Je renonce note à note M’
évapore parmi ronces et fuite d’ailes
au-delà des buissons démesurés
***
Toute cette grenaille crible
au plus fort du silence
Le sang s’étoile
aux charnières livides
des galaxies de paille
Je décimé par tant d’illusions
où je m’achève en éclosions
mortes rouges
Pétales glosés
clous ou glaives
dans la chair des chaumes
La langue s’insère
dans les versions
primitives glose entre les lignes
Parole close à l’instant
sur les lèves
mangées de coquelicots
Comment voulez-vous
que toute notion d’incarnat ?
Le poème en petite mitraille rouge
où coupée court
la phrase
à écouter (émission du 7 janvier :
http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html
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04/01/2016
Revue Nouveaux Délits, le numéro 53
Janv. fév. mars 2016
Après la panne d’édito, la panne de vœux ?
Même quand je travaillais dans le spectacle, je n’aimais déjà pas les répétitions. Je préférais le moment vrai et unique du spectacle lui-même, car dans le théâtre de rue, chaque représentation est toujours unique, remplie d’imprévus, d’inattendu. On n’y est pas à l’abri de la pluie, du vent, de toutes sortes d’obstacles et surprises et surtout pas séparé d’un public par une scène, ou pire encore, par une fosse. On est avec et dans le public, parmi les gens qui font et défont le spectacle, tout autant que nous-mêmes. L’idée même d’un public disparait dans un échange interactif et vivant, une grande fête commune. C’est ça que j’aimais dans le théâtre de rue, le véritable théâtre de rue. Ce moment vrai qui nous mettait en danger. Et je continue à préférer le spontané, l’imprévu, le non-préconçu, et plus encore quand il s’agit de fêtes ou de belles déclarations. Faire un vœu, oui, pourquoi pas ! Parce qu’il nous vient à la bouche comme une source jaillissante ou parce que l’étoile filante… Si j‘avais un vœu à faire là maintenant, au moment précis où j’écris cet édito, ce serait : « délivrons-nous de nos certitudes ! ». On étouffe sous les certitudes, on en perd tout contact sensoriel avec la vie, toute capacité de penser de façon inédite et donc libre. Mes certitudes, vos certitudes, leurs certitudes. Les certitudes sont aussi nombreuses que les individus susceptibles de vous les asséner, même les certitudes d’un groupe sont en réalité un assemblage de certitudes uniques, chacune attachée à un seul individu. C’est comme les patates, les ensembles qu’on nous faisait faire à la maternelle. Alors oui, pour y voir plus clair, il y a des certitudes qu’on peut mettre dans une même patate, puis les patates empiètent sur d’autres patates, ce qui forme des espaces inter-patates, qui eux-mêmes empiètent les uns sur les autres, et au final on a de nouveau un grand bordel auquel on ne comprend rien du tout. Alors ouvrons toutes ces patates et délivrons-nous des certitudes ! Voilà, c’est mon vœu instantané et il a disparu aussi vite qu’il a été formulé. Les patates mathématiques ne sont rien d‘autres que des bulles qui nous éclatent au nez. Certaines sont très belles, tout dépend de comment elles prennent la lumière. Et voilà : tout dépend de comment on prend la lumière.
CG
Cet homme est comme une forêt, il se croit tout obscur,
il est partout troué de rayons de soleil.
Henri Gougaud in L'Expédition
AU MENU
Un copieux Délit de poésie pour bien démarrer l’année :
● Lou Raoul, avec un extrait d’arrache moi fort la nuit
● Mokhtar El Amraoui (un grand salut à la Tunisie)
● Julien Boutreux
● Jean-Claude Goiri avec des Copeaux (contre la barbarie)
● Denis Wetterwald
● Sammy Sapin
● Tom Buron, avec entre autre des extraits d’un journal éthylo-poétique
Que des plats de résistance !
Le tout relevé d’un goûteux mélange de Délits d’(in)citations.
Pour dessert, une Résonance : Les maîtres du printemps d’Isabelle Stibbe, Serge Safran, août 2015.
Vous trouverez le bulletin de complicité tapi à la sortie, mais il ne mord pas, c’est à vous de le saisir à belles dents pour l’offrir à qui vous voudrez.
Illustratrice : Ana Minski
Ana Minski a d'abord découvert la bohème par la littérature avant de vagabonder sous les ponts parisiens. Elle a tenté d'être libraire, documentaliste, archéologue, mais l'errance est son dada. Elle a publié quelques nouvelles chez Les Artistes Fous Associés et La lucarne des écrivains, ainsi que des poèmes dans les revues Les corrosifs, Le capital des mots, Les tas de mots et Créatures. Elle peint également depuis quatre ans : http://mitaghoulier.blogspot.fr/
Le bonheur est une petite chose que l’on grignote,
assis par terre, au soleil.
Jean Giraudoux
Le poète est un artiste
Comme on pourrait dire d’une façon assez réductrice que le sculpteur est l’artiste de la forme, le peintre celui des couleurs, le musicien celui des rythmes, le poète est l’artiste du langage. Mais de même que la couleur n’est pas enfermée dans un tableau, la poésie n’est pas enfermée dans un livre.
Il y a deux voies dans l’art, deux voies qui peuvent converger et souvent pour le meilleur: une voie artisane, technicienne, qui vise une certaine perfection dans la répétition du geste, une amélioration de la technique et une voie plus intuitive, plus chamanique, quand l’artiste devient une sorte de capteur. Lui-même ne sait pas trop ce qu’il capte, mais il tente de le retranscrire en formes, couleurs, sons ou langage, ou tout à la fois. L’artiste est un médium – un moyen – d’entrer en résonnance avec l’Universel. Tous les peuples, toutes les cultures sont entrées en résonance avec l’Univers à travers leur créativité, bien avant même que n’intervienne le concept d’art ou d’artiste. Tous ont confectionné de leurs mains de beaux et parfois étranges objets, pas pour les exposer mais pour les utiliser. Cette beauté et cette étrangeté, c’est ce qu’on pourrait appeler l’âme des objets. De même, tous les peuples n’ont pas eu de littérature, mais tous ont une poésie, comme l’avait très justement dit Victor Hugo.
La poésie est un art holistique, elle est toute à la fois musique, peinture, sculpture, son matériau ce sont les mots, dont elle utilise avant tout l’impact vibratoire, le sens en est parfois pulvérisé pour devenir essence. La poésie est vibration et exaltation de tout ce qui ne peut être expliqué par les mots, mais seulement perçu et parfois percé par eux.
cg, 18 août 2015
Nouveaux Délits - Janvier 2016 - ISSN : 1761-6530
Dépôt légal : à parution
Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits
Coupable responsable et correctrice : Cathy Garcia
Illustratrice : Ana Minski
http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com
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14/12/2015
Christian Saint-Paul dans son émission, revient sur le numéro 52
Christian Saint-Paul revient sur le n° 52 de « Nouveaux Délits, revue de poésie vive ».
C"ette semaine ce sont les textes de Corinne Pluchart qui sont lus à l’antenne. Elle vit en Bretagne. Marche. Chemine. Souvent face à la mer. Et jamais sans poésie. Vous pouvez visiter son blog : http://corinne.pluchart.over-blog.com
(...)
Ce n° de Nouveaux Délits, au sommaire bien choisi comme toujours, offre aussi l’avantage de comporter deux notes de lecture de Cathy Garcia qui excelle dans ce genre ce qui est l’apanage des artistes complets -ce qu’elle est authentiquement- qui sont les mieux autorisés à écrire sur la poésie.
Lecture de la note sur « Cigogne » (nouvelles) de Jean-Luc A. d’Asciano, Serge Safran éditeur, 184 pages, 16,90 €. C’est le premier livre de fiction de ce docteur en littérature et psychanalyste qui a fondé les éditions de l’Œil où il a publié « Petite mystique de Jean Genet »."
Pour écouter l'intégralité de l'émission du jeudi 26 novembre 2015, cliquez sur : http://les-poetes.fr/son/son%20emision/2015/151126.wma...
On peut y entendre aussi des poèmes de Khalid El Morabethi, un jeune poète marocain
(...)
"Il m’a semblé que Khalid El MORABETHI était un homme qui régnait sur soi-même, nous dit Christian Saint-Paul. Ce que j’ai lu de lui, je crois pour la première fois précisément dans la revue Nouveaux Délits*, m’a tout de suite interpellé. Le regard qu’il lançait sur le monde était celui de l’intime qui restitue, par ce qu’il y a de plus personnel, la nature universelle de l’homme. Par la peinture de son entourage familier, Khalid El Morabethi nous fait pénétrer dans le plus secret microcosme de la société dans laquelle il évolue. Et ce faisant, il nous livre l’ensemble de la société marocaine et accède par la justesse de cette représentation, à l’universel.
*voir : http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/archive/2015/...
On y entendra aussi des poème d'Eugène Savitzkaya qui "fait paraître aux Editions de Minuit « A la cyprine, poèmes » ( 100 pages, 11,50 €) ; des textes sensuels à l’érotisme subtil. Une langue revigorée par un regard débarrassé de tout préjugé qui a fait le constat que « sans la cyprine, point de bonheur en ce monde, ni d’appétit »."
ainsi que d'Homero ARIDJIS, "né à Contepec, dans l’Etat de Michoacán au Mexique, en 1940, d’un père grec et d’une mère mexicaine, Homero Aridjis commence à écrire à l’âge de onze ans et obtient son premier prix treize années plus tard. Il a suivi des études de journalisme avant d’enseigner dans plusieurs universités en tant que professeur invité. Il est très impliqué dans la défense de la nature : il lutte activement contre la disparition des forêts et la préservation des animaux et a participé à la création du “groupe des cent”, groupe d’intellectuels partageant son avis. Il a publié plus de nombreux ouvrages de poésie et de prose traduits dans une douzaine de langues, dont La zone du silence, roman paru au Mercure de France en 2005. Durant six ans il a été président de l’International PEN, l’association mondiale des écrivains. Depuis avril 2007, il est ambassadeur du Mexique à l’Unesco.
De lui, Yves Bonnefoy, dans sa préface à « Les poèmes solaires » (éd. Mercure de France,185 pages, 17,50 €) dit : « Homero est assurément très de son pays, qui est à la fois de langue indienne et espagnole. Il l’est comme Octavio Paz. Il l’est par un apport essentiel à cette conscience de soi dont il faut préserver la salutaire inquiétude »."
Christian Saint-Paul http://les-poetes.fr
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17/11/2015
Dans l'émission Poetes.fr...
Christian Saint-Paul parle de la revue Nouveaux Délits en des termes toujours aussi généreux, pour le numéro 52 cette fois - et je l'en remercie de tout cœur, cette attention est extrêmement précieuse ! - dans ses deux dernières émissions (5 et 11 novembre) sur Radio Occitania que l'on peut écouter ici :
http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html
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27/10/2015
Numéro 52, lu par Clauve Vercey pour l'I.D. n°594 de la revue Décharge
I.D n° 594 : Cathy G. et le délit d’initié
publié le 27 octobre 2015 , par dans Accueil> Les I.D
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Délits ? Quels délits ? Je retiendrai entre autres à l’encontre de cette revue, et de Cathy Garcia, la cheffe de bande, le délit d’initié, qui est peut-être une des meilleures définitions possible de l’activité de revuiste. Nouveaux délits se caractérise en effet par son travail de découverte et de repérage, non au bénéfice d’un seul ou de quelques coquins, selon la pratique boursière du dit délit, mais au profit du plus grand nombre, - démarche assez semblable somme toute à celle de Traction-Brabant, pareillement hospitalière aux voix encore vertes ( et tant pis pour les goujats). A la différence que Traction-Brabant offre rarement plus d’une page au poète, et l’on retrouve peu ou prou à chaque livraison les mêmes noms : l’intérêt est de suivre au fil du temps les possibles évolutions de chacun, ou les changements d’intérêt. Tandis que Nouveaux délits présente chaque trimestre des sommaires différents, un petit nombre d’auteurs ( 6 à 8), à qui sont accordées 6 à 12 pages, en une première épreuve de vérité pour poète méconnu ou en devenir.
Et comme Cathy Garcia fait montre de clairvoyance et d’une curiosité aiguë, les découvertes y sont fréquentes, mais aussi, égoïste petit bonheur, il nous plaît d’y trouver confirmation de nos propres intuitions : dans ce n° 52, où on y croise ainsi Jacques Cauda, le poème en petite mitraille rouge de Marie-Françoise Ghesquier qui fit ses premiers pas dans Décharge sous le nom de Di Fraja, Laurent Bouisset, dans un texte ici plutôt anecdotique, mais dont on ne tardera pas à prendre toute la mesure alors que s’annoncent conjointement un ensemble de poèmes, à paraître dans le prochain Décharge, et un recueil aux éditions du Citron Gare.
Et maintenant /n’écrire/ que ce qui/ concerne/ la vie/ et ce qui vient/ parfois / se cogner/ tout contre /puisque vivre / alors c’est/ quand / ça cogne. Louable résolution de la part de Benoit Jantet, l’une des voix les plus attachantes qui s’expriment ici, aux côtés de celles de Corinne Pluchart, Gabriel Henry, Claire Lajus :
Silencieux ici et là
des hommes sur des bancs
avec ou sans tabac
Seuls
Sur leur visage leur dos
une grimace une misère
au bord de l’insouciance des flâneurs
Sans doute, Eté n’est pas vacances pour tous, selon le titre du poème. De Claire Lajus, nous aurons à reparler : traductrice de la poésie contemporaine turque et animatrice de la revue en ligne Ayna, elle nous apportera ses compétences pour des dossiers à venir sur cette poésie mal connue.
Reste que la figure centrale du numéro est Jacques Cauda : peintre, il s’est vu confier les illustrations ; poète, douze pages lui sont attribuées, qui lui permettent de présenter une palette de ses écritures, d’un Carnaval haut en couleur, à ce poème d’une gravité et d’une sobriété inhabituelles, L’Hôpital :
J’éprouve une certaine volupté
A n’écrire que des faits
« secs et crus » pour reprendre
L’expression de Saint-Simon
Volupté à se laisser aller
A l’exactitude
Parfois frappée
Au coin de cette partialité
Qui m’est précieuse
Source : http://www.dechargelarevue.com/I-D-no-594-Cathy-G-et-le-d...
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24/10/2015
Un coup de projecteur sur le numéro 52
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29/09/2015
Revue Nouveaux Délits, le numéro 52
Oct. Nov. Décembre 2015
En panne d’édito… Oui comme une fatigue de la tête, un encombrement de décombres, l’impression de ramer depuis des siècles dans une épaisse mélasse, où d’innombrables serpents passent leur temps à se mordre la queue. La sensation d’être toujours en retard, ou trop en avance, allez savoir, mais en décalage permanent ça oui. C’est peut-être ça « être poète », mais à vrai dire « être » suffirait, car les étiquettes collent mal ou collent trop, et elles ne servent à vrai dire qu’à rassurer le contenu du bocal qui nous sert d’identité. Époque de transition on appelle ça, je crois bien, mais toutes les époques ne sont-elles pas « de transition » ? Celle-ci est de grande confusion en tout cas. L’hyper-information, l’hyper-informatisation, la mondialisation de tout et n’importe quoi mais certainement pas de l’essentiel, les grands élans de solidarité commandités, la propagande qui ne dit plus son nom, on en vient à se méfier de ses propres pensées. En fait, non je n’ai plus rien à dire, je persiste à faire certaines choses, mais je n’ai plus envie d’en parler, j’ai le tournis là. C’est l’appel de la forêt, de la grotte, du silence…. La fatigue c’est aussi peut-être le début d’une forme de lâcher-prise, trop longtemps que j’obéis à la pression, à tenter d’être………….quelque chose, et en vérité sur l’échelle sociale, je suis tout en bas, écrasée sous le premier barreau, dans cette mélasse où j’ai depuis longtemps perdu mes rames, avec ces innombrables serpents qui se mordent la queue. Mais, j’ai encore ce qu’il faut pour faire une revue de poésie qui s’appelle Nouveaux Délits, c’est un clin d’œil auquel je tiens. Alors, merci à toutes celles et ceux qui font que ce clin d’œil ne meurt pas et merci à moi-même de m’accorder la liberté d’être en panne d’édito.
Cg
Apprends à te respecter beaucoup plus devant
ta propre conscience que devant autrui.
Démocrite
AU SOMMAIRE
Délit de poésie : Corinne Pluchart, Benoit Jantet, Jacques Cauda, Marie-Françoise Ghesquier, Gabriel Henry, Claire Lajus
Délit d’oxygène : Nous sommes libres, Approche poétique d'un concert du duo Akosh S. et Sylvain Darrifourcq par Laurent Bouisset
Résonance : Indalo de Christian Saint-Paul – Encres Vives n°441, avril 2015 et Cigogne (nouvelles) de Jean-Luc A. d’Asciano, Serge Safran éditeur – mars 2015
Délits d’(in)citations virevoltent toujours au coin des pages. Vous trouverez le bulletin de complicité au fond en sortant, toujours aussi sympathique, comme une idée de cadeau à faire ou à se faire.
Illustrateur : Jacques Cauda
J'ai tendu mon âme comme un câble au-dessus de l'abîme
et jonglant avec les mots, je m'y suis balancé.
Vladimir Maïakovski
Il n’y a rien de plus effrayant que l’ignorance à l’œuvre.
Goethe
GEORGE
Nous grattons tous des étiquettes, ma petite fille… Et quand on a gratté la peau, quand on a percé le cuir, toute la graisse, fouillé à travers les muscles et farfouillé à travers les organes (à NICK)… quand ils existent encore… (à HONEY) et quand on arrive enfin jusqu’à l’os… vous savez ce qu’on fait ?
HONEY (très intéressée)
Non.
GEORGE
Quand on arrive à l’os, il y a encore tout un travail à faire. (Il pointe un doigt, un léger temps, sadique.) Hé !... c’est qu’à l’intérieur de l’os il y a quelque chose qui s’appelle… la moelle… et c’est la moelle qui est bonne, délicieuse ! ... C’est ça qu’il faut extraire.
Edward Albee
in Qui a peur de Virginia Woolf ? (1962)
Nouveaux Délits - Octobre 2015 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits
Coupable responsable: Cathy Garcia
Complice illustrateur : Jacques Cauda
http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com
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30/05/2015
"Les poètes" de Christian Saint Paul sur Radio occitanie, invité : Marc Tison
Un poète à découvrir, vraiment ! Marc Tison, publié dans le numéro 50, parle aussi avec Christian Saint-Paul de Nouveaux Délits et du travail poétique et militant de Cathy Garcia, MERCI à eux (et aussi du recueil Rester debout sur le trottoir de Murièle Modély !) :
http://les-poetes.fr/son/son%20emision/2015/marc%20tison....
Marc Tison qui organise aussi :
Samedi 27 à partir 19h : apéro textes / Red Bind http://www.kedzior-friedman.org/ / Courts métrages / Charles Pennequin http://www.charles-pennequin.com/
Repas et buvettes sur place
Dimanche 28 de 9h30 / 18h : Petite randonnée contée http://www.chergui.org/wp/
Fanfare les belles gambettes http://www.pistilcircus.com/orchestres/fanfare-des-belles... /
Lectures et rencontres d'auteurs : Pierre Domenges http://pierredomenges.com/
Gilles Bouly
http://www.expolibre.com/serigrap/bouly/bouly-p.htm
Cathy Garcia http://associationeditionsnouveauxdelits.hautetfort.com/
Francis Delabre /
Yanis Youloutas http://youlountas.net/
Concert Strange Enquête http://www.strang...eenquete.fr/
Installations plastiques / animations sur la place du village.
Invités (stands librairies / animation slam Babel Tchap...)
Buvette et restaurations.
Le cardinal Saliège disait en mars 1944 qu'il fallait "travailler comme si tout dépendait de nous, et il poursuivait : De quoi sera fait demain ? De nos actes". Plus tard, en décembre 1945 , il aura cette phrase : "Prudence, que de lâchetés on commet en ton nom !"
La poésie est un art de faire, la poésie est acte. A lire les poètes cités dans l'émission du jeudi 21 mai consacrée en majeure partie à Marc TISON, il apparaît à l'évidence que tous, dans leurs actes, s'éloignent de la lâcheté par prudence. Pourtant notre époque, s'accorde à la crainte de notre courageux cardinal qui s'interrogeait déjà en octobre 1944 :" Ôte-toi de là que je m'y mette. Est-ce que la haine ne serait que la forme, le jaillissement des appétits ?"
Vous pouvez écouter l'émission Marc TISON en cliquant sur :
http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html
Le compte(rendu de l'émission :
***
Cathy GARCIA poursuit don beau chemin et a fait paraître les n° 50 et 51 de sa revue "Nouveaux Délits Revue de poésie vive". (Le n° 6 €, abonnement 28 €, chèque à adresser à Association Nouveaux Délits, Létou, 46330 Saint Cirq-Lapopie.)
Des textes toujours intelligibles, ce qui ne nuit en rien à leur qualité, une relation éditoriale sympathique comme le confirme l'invité de la semaine Marc TISON. Une militante culturelle qui ne ménage pas son dynamisme militant, avec une générosité qui signe sa personnalité. A titre personnel cette artiste revuiste publie aux éditions Gros Textes : "TRANS(e)FUSEES / 80 essais de décollage du réel 1993 - 2013"
"Il y avait au fond de ma valise, un vieux brouillon, une veste d'homme, une bouteille, quelques fantômes et leurs bleus désirs de méharées. C'est de bon cœur que je m'apprêtais à les suivre, hélas, monsieur, en guise de départ, j'entendis pleurer les bombes et je vis l'automne passer sous les rails. Oui Monsieur ! J'ai donc ôté mes souliers et j'ai même ôté mes pieds avant de me glisser , sans rien de plus à dire, sous cet atôme de soupir où vous m'avez trouvée."
Commande Gros Textes, Fontfourane, 05380 Châteauroux-les-Alpes (chéques à l'ordre de Gros Textes, 9 € + 2 € de port).
*
Denis HEUDRE vient de publier :
Bleu naufrage / Elégies de Lampedusa
éditions La Sirène étoilée
48 pages 12€
à commander à :
lasirene.etoilee@orange.fr
Lecture d'extrait.
Jeudi 3 octobre 2013
-un fait divers
-pour à jamais verser du noir
-dans mon bleu
--l’île des lapins
-pays de vaste lumière
-des hommes ont choisi le paradis
-pour enfer
--un bateau de 20 mètres
-pour 500 migrants
--l’horizon effondré
-la mort y a jeté son suaire de sel
--je ne sais rien de toi
-je ne sais pas si tu es un garçon
-je ne sais pas si tu es une fille
-encore moins ton nom
--à ton cercueil blanc
-je te sais enfant
--je sais que ta couleur noire
-assombrit nos âmes de nantis
-je t’appellerai Quinze
-c’est peut-être ton âge
-c’est le numéro sur ton cercueil
--les hommes avec toi
-voyaient les femmes d’ici
-avec des baisers de coquelicot
--s'ils pensaient réussir à apprivoiser
-le cristal et l’acier de notre histoire
-ils ont cru aux mensonges des miroitements
-et au bleu de ce qu’on raconte
--la mer d’ici n’a que faire de toi déjà oublié
-moi je t’ai donné un nom
-et jamais il ne tournera le dos à ma mémoire
--il nous faudra toujours penser
-à effacer méticuleusement les frontières
*
Murièle MODELY déjà citée dans des émissions précédentes est à lire; avant qu'une émission particulière lui soit consacrée, lecture d'extraits de "Rester debout au milieu du trottoir" Contre Ciel éditeur 12 €.
Extraits d'un recueil précédent : "Je te vois" éditions du Cygne, 13 € :
mordre
le vide mordre
laisser tous
les indispensables
biens de consommation
finir
dans la gorge
dans le creux du pantalon
vomir pour se remplir encore
*
Christian Saint-Paul accueille son invité : Marc TISON.
Il se présente aux auditeurs :
1956 : Né entre les usines et les terrils, dans le nord de la France. Fondamental. A la lisière poreuse de la Belgique. Conscience politique et d’effacement des frontières.
1969 : Lit un premier poème de Ginsberg. Electrisé à l’écoute de John Coltrane et des Stooges.
1971 : Performe des textes de Jacques Prévert sur les scènes de collège. Premiers écrits.
1977 : L’engagement esthétique est politique. Punk et free. Déclare, avec d’autres, la fin du punk en 1978. Premières publications dans des revues.
1977 – 1992 Il écrira et chantera plus d’une centaine de chansons dans plusieurs groupes.
1980 : Décide de ne plus envoyer de textes aux revues, le temps d’écrire et d’écrire des cahiers de phrases sans fin. Cela jusque 1998 où Il jette tout et s’interroge sur un effondrement du « moi ». Part alors à l’aventure analytique.
2000 : Déménage dans le sud ouest. Rend sa poésie de nouveau publique.
Engagé tôt dans le monde du travail. A pratiqué multiples jobs : chauffeur poids-lourd, concepteur- rédacteur publicitaire, directeur d’équipement culturel…. Il s’est spécialisé dans la gestion de projet de l’univers des musiques d’aujourd’hui. A élargi depuis son champ d’action à la gestion et l’accompagnement de projets culturels et d’artistes.
Programme aussi des évènements liés à l’oralité, la poésie dite, et la « poésie action ».
Ses publications :
1977 - 1980 : Publié dans plusieurs revues (dont « Poètes de la lutte et du quotidien »)
2000- 2015 : Publié dans diverses revues (« traction Brabant, Verso, Nouveaux délits, Diérèse,…).
2008 : Recueil collectif « Numéro 8 », éditions « Carambolage ».
2010 : Recueil « Manutentions d’humanités », éditions « Arcane 17 ».
2012 : Recueil « Topologie d’une diaclase », éditions « Contre poésie ».
Texte « Désindustrialisation », éditions « Contre poésie ».
2014 : Recueil « L’équilibre est précaire », éditions « Contre poésie ».
Trois affiches poèmes, éditions « Contre poésie ».
2014 : Publications de quinze textes dans le livre d’artiste « Regards » du photographe Francis Martinal.
2015 : Recueil « Les paradoxes du lampadaire + à NY ». édition « contre poésie »
Depuis 2011 : Performances / installations d’action poésie (solo ou duo avec Eric Cartier).
***
L'entretien entre Saint-Paul et Marc TISON est entrecoupé de lecture de textes par l'auteur.
"L’amour, ça ne s’écrit pas / ça s’invente dans les nerfs", clame Marc Tison qui enrage dans l’observation du monde : ‘L’humiliation c’est tellement indolore / à regarder. » Il reste la colère qui « allume de petits phares épandus, mais « pourtant le ciel en feux ça ne suffit / plus. » La poésie de Tison est une poésie de dénonciation. Pour se révolter, donc agir, il faut d’abord affirmer son refus du monde tel qu’il est. C’est le rôle de la poésie que de changer le regard des contemporains sur le monde. Le poète accomplit le dessein de « L’homme révolté » de Camus :" Apparemment négative, puisqu'elle ne crée rien, la révolte est profondément positive, car elle révèle ce qui, en l’homme, est toujours à défendre. » « Il y a tant de révolutions / à faire » écrit Marc Tison dans « l’équilibre est précaire. » La première est celle de la langue. Même s’il utilise le mode de l’harangue, le langage n’est jamais un langage habitué. Les mots sont lavés de leur gangue de routine. Ils voyagent et sont comme les villes que le poète traverse pour en saisir l’éphémère quintessence. Milan, Barcelone, New York, Ostende, Hambourg, etc... la même mésaventure humaine. Et l’univers invite à vivre « notre liberté inaliénable ».
Textes de Marc TISON :
J'engage aujourd’hui 06
janvier 2009 celui qui m'a
volé mes disques le 03
décembre 1975 à me les
ramener au plus vite ou en
faire bon usage surtout le
vinyle pressage 1957 du
« Mulligan meets Monk »
acheté chez un soldeur en
Angleterre en 1974 l’année
de mes 18 ans, disque dont
le poids de matière comme
l’épaisseur de la pochette
cartonnée à la photo en noir
et blanc si heureuse
ajoutaient à la volupté de
l’écoute de sa texture
sonore
*
Extraits de "Les paradoxes du lampadaire suivi de A NY :
A NY j’ai entendu un quatuor d’afro-américains septuagénaires chanter à capella du Doo wop dans un wagon de métro le dimanche matin sur la ligne reliant Harlem
Ils avaient des baskets neuves et deux des casquettes à longue visière
Un avait un chapeau à bords ronds
Et j’ai vu tous les passagers du wagon laisser des billets de 1, 5, ou même 10 dollars dans la petite boite en fer peinte maladroitement en rose et tendue par le plus costaud qui chantait la voix basse.
A NY j’ai croisé des gens pauvres, beaucoup de gens pauvres.
A NY j’ai aperçu des gens riches, beaucoup à « upper east side » .
*
A NY à l’aube laiteuse nous cherchions les enfants somptueux des Fleshtones
Nous en avions perdu la trace dans nos pas insouciants lors de battues sonores et vaniteuses.
Et puis dans ce qui n’est pas encore le matin
A NY j’ai pris
des taxis qui roulaient sur deux rails oranges
la nuit bleue isotrope des lumières des yeux qui te regardent si loin d’où tu es
un trait scintillant jusqu’à l’émoi sonore dans la gorge dans la poitrine qui résonne du mot évadé « monamour ».
A NY j’ai vu un après midi ensoleillé une junky en trithérapie promener son chien et ramasser ses crottes avec un sac plastique fait pour ça
Elle n’a pas vingt cinq ans.
*A NY j’ai vu de mes yeux vu, le ciel si loin - il s’habille des façades - se rapprocher auprès des foules au fond noir des avenues transversales, jonchées des éclats trompeurs de rêves, poussières d’enseignes publicitaires
Clinquantes et insomniaques.
A NY j’ai vu des bibelots désuets
surpris des siècles loin de moi
à l’étal d’une brocante dans un entrepôt gris
les vitrages sécurit des vasistas percés de trous
impacts de balles comme des coups de pioches.
Confusion harmonieuse des esthétiques mémorielles, revint en transparence la vitrine de ce magasin de montres soviétiques à Kotor, et les reflets de la poussière dans le maigre souffle de soleil
Evaporation des pastels et les vendeurs qui souriaient.
*
Extrait de "Manutentions d'humanités "
Pierres
Pierres qui calent mesures d'usines imbriquent des briques de terre de pierres pierres rouges les murs des maisons ouvrières des ouvriers effacés dans le canton de Denain désintégrés statistique sociale troisième page des misères du journal rouge maisons barricades planches aux fenêtres et les murs désertés rouges de pierres s'effritent sans fin recyclées et d'autres écrasées sans fin tapis des sols d'autoroutes sacrifices des os d'anciens locataires sidérurgistes au RMI offerts à la condition de poussières
*
Extraits de "L'équilibre est précaire" :
Suivras tu dans la jungle ses pensées sombres sans fin. Croiras tu voir de l’or dans ses regards perdus.
Rentreras tu dans le corps que tes bras enserrent. Et la joie et la peine pagailles d’émois qui apeurent.
Le chant frotté des mains poignant des chairs, bat l’arythmie haletante des souffles. Moiteurs de suées aux ventres mélangées, et la bite dans le con défiant la mort de baisers.
Il y a tant de révolutions à faire.
Tu seras le désir cette sorte de peine.
*
Un inédit pour l'émission "les poètes" :
Mostar : arrivée comme un road-movie
40° à l’ombre et le ciel bleu
cache les traces de l’enfer
Pelure sèche c’est la terre
Là autour d’un pont
les prêches et les sermons
des pervers religieux ont nourris les canons
Ce jour de soleil
Les imams et curetons
Ferment enfin leurs gueules
Paraît il qu’ils n’ont toujours pas honte
Là au bas d’un pont
Ce jour de soleil
Un Dj hiphop mixe sur une plage de poussière
des jeunes femmes en bikini ondulent
quand des ados fins plongent en frimant
La rivière redevenue bleue
Combien d’assassinats snipers fallait il
Retransmis en direct sur les télés du monde
Un jeu de gloriole
Les morts comme figurants
On filme le poing haineux brandi en vociférant
Le racisme nationaliste fait people
Et dire qu’on promet des unes spectaculaires sur son retour
Alors Mostar : 40° à l’ombre et le ciel bleu
Y revenir
Dans le miroir du présent
Plus jamais ça
Plus jamais ça
Ad lib..
*
Marc TISON une voix témoin de son temps, totalement confondue et en mouvement avec l'art d'aujourd'hui, qu'il est bon de connaître et d' accompagner dans notre énigmatique époque.
Amitiés à ceux qui se reconnaîtront,
fraternité à tous,
Christian Saint-Paul
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04/05/2015
Numéro 51 lu par Christian Saint-Paul
Cathy GARCIA a publié dans le mode original qui est sa signature, le dernier numéro de sa revue : " Nouveaux Délits, Revue de poésie vive " n° 51 , avril, mai, juin 2015, 6 € le volume, abonnement 28 € (4 n°s) à adresser à Association Nouveaux Délits, Létou - 46330 Saint Cirq-Lapopie. De la belle ouvrage comme toujours avec cette artiste qui met en page textes et illustrations, au cordeau dans un dépouillement et un ordre qui sont l'apanage d'une conception militante et fraternelle de l'action poétique. Lecture de "Mots sur les mots du poème" de Michel HOST que l'on retrouve dans cette revue, et dont le texte fait écho à l'édito de Cathy GARCIA du n° 50.
"La question de Cathy Garcia a dès lors toute son acuité : "Que serait le poète sans les mots ... sans ses mots ?" Vendeur de chaussures ou comptable ? Mais voilà, c'est trop facile, ou trop difficile... Je n'ai pas de recette. On pense aux teinturiers qui ravivent et rendent leur grand teint aux tissus passés. On pense aux mots changés qui changent le discours, aux discours déplacés du soi vers l'autre ou l'ailleurs... A des allées et venues entre le nombril du diseur de mots et l'univers, avec les mots pour le dire. Offrir de nouvelles nourritures aux mots fatigués ? Leur rendre la santé. Ouvrir les portes et les fenêtres."
(Ré)-écoutez en ligne sur Radio Occitania toutes les émissions de Christian Saint-Paul, toujours très riches en humanité : http://les-poetes.fr
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