30/09/2023
Revue Nouveaux Délits n°76
Nous venons de passer le mois dit de la rentrée : bonne rentrée ! souhaite-t-on… Et la sortie, bonne sortie ? Nous usons au sens littéral de formules, elles finissent par être très polies mais que signifient-elles vraiment ? Formule, c’est joli ce mot si on n’y colle pas de chiffre après, genre formule 1 ou l’air renfermé d’un formulaire…
Et si nous profitions de la rentrée donc pour rentrer oui, véritablement, en nous-mêmes ? C’est ce que nous enseignent les cycles des végétaux qui en cette saison — de notre côté du monde en tout cas —, après avoir tout donné pour se perpétuer, laissent tomber leurs derniers fruits, dernières graines sur le sol où chacun sait ce qu’il à faire puis ralentissent le rythme, laissent redescendre la sève aux racines… Les animaux se préparent aussi pour la saison froide donc ce serait bien le moment de rentrer en soi, voir la rentrée comme un ralentissement, un approfondissement plus qu’une agitation, une accélération…
On l’oublie trop souvent : la majeure partie de ce qui se passe dans le monde, se passe d’abord en chacun de nous et on revient à la formule — abracadabra, que le feu de Dieu tombe sur toi ! — et quelle autre déité ici-bas que nous-même, qui décidons et créons, éludons ou provoquons, prévenons ou aggravons ? Sommes-nous déité de la discorde ou des récoltes ? De l’argent ou du soin ? De l’avidité ou du partage ? Ladite nature est imprévisible, oui, mais nous sommes une espèce dite intelligente et nous pouvons concevoir l’imprévisible et protéger l’essentiel. Encore faut-il se mettre d’accord sur ce qui est essentiel... Nous parlons de cultiver notre jardin intérieur : est-il jardin ou terrain vague plein d’ordures ? Jardin ou terre exsangue et saturée de pollution ? Jardin ou zone commerciale ? Jardin ou bunker ?
Que formulons-nous dans nos intériorités ? Quelles pensées, quelles intentions laissons-nous se densifier en nous jusqu’à ce qu’elles se matérialisent et agissent à l’extérieur ? Abracadabra ! La magie est un art du quotidien ordinaire, c’est faire bien attention à ce à quoi nous donnons formula, c’est-à-dire « forme », en latin.
La poésie est une façon de formuler le monde, qui nous imprègne, nous traverse, nous façonne et nous ensemence de l’intérieur. Un art du quotidien ordinaire.
CGC
(…) le chaos du monde n’est que la projection du chaos régnant dans chaque individu.
Jiddu Krishnamurti in L’origine de la pensée
AU SOMMAIRE
Délits de poésie :
Sandrine Davin
Jean-Louis Clarac : Poussières aimantes
Amandine Gouttefarde-Rousseau : Nagas (extraits)
Alain Nouvel : Presque riens
Josette Soulas Moyes : Des ombres et des anges (extraits)
Bruno Giffard : Écume au plus sec des tiroirs (extraits)
Où la revuiste se lâche et parle de ses trois derniers livres avec des extraits de Je l’aime nature, sorti en juillet 2023.
Comme dans chaque numéro, les Délits d’(in)citations scintillent au coin des pages et vous trouverez à la fin le bulletin de complicité avec ses beaux délits buissonniers mais pas de nouveau en cette année qui exige de se concentrer sur ce qui est déjà là.
Illustrateur : Philippe Chevillard
Auteur de BD amateur et illustrateur amateur, je consacre une partie de mon temps à la création de courtes bandes dessinées et l'illustration de textes d'auteurs pour des revues, recueils de poésie, ou affiches. Mes dessins ont été publiés aux éditions Jacques Flament, éditions des embruns, éditions Lamiroy, dans les distributeurs BDs de Short édition, ainsi que dans divers fanzines, recueils, et revues littéraires tels que : Traction Brabant, Le Soc, Le coquelicot, Poétisthme, Soleil Hirsute, La piscine, L’imagineur, L’utopie, Présences d’esprits, Lichen, Hélas, Opuscule, L’Ampoule, Caractère … https://philippechevillard.fr/
D'où vient la haine ?
D'où vient la haine
cette haine-ci
qui fuit la conscience
comme la peste
qui proscrit de la langue
la raison
qui réduit le cerveau
à un pois chiche
qui efface des yeux
la lumière
qui déracine du cœur
ce qui pourrait s'apparenter
à un sentiment
D'où vient la haine ?
qui a fermé à double tour
la porte
derrière laquelle se tiennent terrorisés
le doute
le regret
la compassion
le pardon
qui frappent et frappent
à cette porte
jusqu'à ne plus comprendre pourquoi
et s'arrêtent
convertis au désespoir
Abdellatif Laâbi
in La Terre est une orange amère
Nouveaux Délits 76 - octobre 2023 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès Illustrateur : Philippe Chevillard Correcteur : Élisée Bec
à tire d’aile, septembre 2023
Chaque tome fait 52 pages agrafées comme le premier
imprimé sur papier recyclé 80 g et 250 g calcaire pour la couverture
chaque exemplaire est numéroté et signé
avec dans le tome 2, deux illustrations originales de François Pouch
12 € chaque nouveau tome
+ port pour un tome : 2,50 €
pour deux : 4 €
Offre spéciale pour les trois tomes : 40 € port compris
Pour commander voir en fin de revue
16:27 Publié dans * LA REVUE NOUVEAUX DÉLITS * | Lien permanent | Commentaires (0)
06/07/2023
La revue a 20 ans !!
Je n'aurais jamais pu le prévoir, mais voilà :
la revue Nouveaux Délits a eu 20 ans le 1er juillet ! Dingue !
Merci à toutes celles et ceux qui la soutiennent et y ont contribué d'une façon ou d'une autre !
*
NOUVEAUX DÉLITS
Revue de poésie vive et dérivés
– Numéro zéro -
juillet 2023
Pourquoi Nouveaux Délits ? Et pourquoi pas ?
Voilà le point de départ de cette revue qui se lance, à l’eau ou par la fenêtre comme on voudra, l’essentiel étant l’élan, l’impulsion, l’envie de faire. Faire réfléchir plus que plaisir, faire connaissance, faire le lien entre tous et chacun, pourvu qu’il soit avide de paroles, fraîches ou chaleureuses c’est selon, mais dans tous les cas vivantes.
Les auteurs sont lecteurs, les lecteurs auteurs et chacun contribue ainsi à poétiser le monde.
Poétiser : nettoyer les regards de la poussière du conformisme ambiant, goûter des saveurs nouvelles. Nouveaux Délits aime les mélanges, les différences, les mots qui dérangent, qui grattent, qui démangent, pour ne pas céder au sommeil qui dissout les consciences.
Nouveaux Délits à inventer, à commettre ensemble. Poétiser est un acte, pas un luxe.
Soyez à l’écoute du vent qui passe, ignorant les frontières, colporteur de bonnes et mauvaises nouvelles. Confiez-lui vos textes, vos poèmes, vos délires, il en fera peut-être de la matière à Nouveaux Délits.
"Un poète doit laisser des traces de son passage, non
des preuves. Seules les traces font rêver"
René Char
*
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02/04/2023
Revue Nouveaux Délits n°75
Quelle époque épuisante, collectivement et puis pour beaucoup individuellement ! Tellement qu’écrire un édito pour ce numéro semble au-dessus de mes forces et puis il y aurait tant à dire que ce n’est pas une petite page qui y suffirait. Quelques mots résonnent : colère, absurdité, injustice, paix, changement, radical, urgence, catastrophe, confusion, bêtise, mépris, inhumanité, aveuglement… Mais j’ai trop usé ma langue sur les bords amers et tranchants de ce monde modelé par quelques fous qui prennent toute l’humanité et son futur en otages. Je préfère laisser ma langue non pas aux chats mais à toutes celles et ceux qui œuvrent à alimenter le feu des consciences, à élever l’imaginaire, à semer des graines de sens là où rien ne pousse, à parler la langue du vrai, aussi noire que nécessaire mais qui ne triche pas, qui n’enrobe pas de vernis, de sucre de séduction ; à celles et ceux qui savent la langue de soin qui tend vers l’autre des mots de secours, langue bonne et belle des naïfs qui refusent de jouer dans la cour des cruels et des prétentieux, langue du sage silence aussi quand la cacophonie rend tout contact explosif. Tant de langues, tant de possibles. Car « Nous sommes arrivés à un moment de l’histoire où nous devons d’urgence redéfinir le sens de la civilisation », a dit très justement Hayao Miyazaki et clairement cette langue qu’on nous assène depuis les hauteurs des palais et des étincelants buildings n’a plus rien à voir avec une quelconque idée de civilisation. cgc
Je sais pourquoi
autant se taire
Ne pas crier dans le désert
quand c’est chaque grain de sable qui souffre
ne pas parler aux vieux murs qui radotent
Passer en silence
avec la petite escorte d’insouciance
qu’on aura un temps séduite
Lionel Mazari
AU SOMMAIRE
Délits de poésie :
Marie-Florence Ehret, Au jardin (extrait)
Antoine Simon
Marie-Françoise Ghesquier, Le pont suspendu (extraits)
Pierre Gondran dit Remoux, ainsi s’endort le ballast suivi de on hoche on hoche on hoche (extraits)
Marie Tavera
Danielle Querol Bonhomme, Fondrières de la parole
Délit de l’autre : Éric Cuissard, L'autre qui était peut-être lui (extraits)
Résonance : Gîtes de Julio Cortázar, trad. de l’espagnol (Argentine) par Laure Bataillon, Gallimard, 2012.
Délits d’(in)citations ainsi font font font les petites pâquerettes. Vous trouverez le bulletin de complicité fort désolé : la disparition du tarif éco, entre autres, force à l’augmentation du prix de l’abonnement (par voie postale) donc à prendre en compte pour tout renouvellement à partir du 1er avril 2023.
Illustratrice : Anouk Rugueu
« Ancienne libraire, j’ai toujours aimé lire, écrire et dessiner. Ayant eu la chance de travailler de nombreuses années à la librairie d’un musée, j’ai pu fusionner mes centres d’intérêt dans le plaisir quotidien de feuilleter des livres d’art, de discuter de création et de livres avec les clients et visiteurs. Je dessine aujourd’hui surtout sur des pages de livres anciens et des matériaux de récup. »
Son site : https://rugueu.com/
Pour qui sait se ménager du loisir, une journée s’étend sur mille ans.
Pour qui a le cœur vaste, une cabane est aussi spacieuse que l’univers.
Zicheng Hong
Revue Nouveaux Délits – Avril 2023 – ISSN : 1761-6530 Dépôt légal : à parution – Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès Illustratrice : Anouk Rugueu Correcteur : Élisée Bec http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com
***
Parution le 1er février 2023
2014-2022
"Parfois, j’ai des orgasmes de nature qui m’ouvrent le cœur en deux comme une graine mûre. Je suis l’arbre, la mésange, la grenouille, le nuage, la pluie, l’orage, je pourrais dévaster un bureau de pôle emploi, en faire une jungle pleine de feuilles, de cris et de fouillis odorant. Où est la case poète ? S’il n’y a plus de place pour les arbres, les plantes, les oiseaux, les animaux, il n’y en a pas non plus pour les enfants, les mystiques et les poètes, tout ça c’est la même chose, tout ça est connecté directement à la source, la source vitale, la source de toute chose. Pur ressenti, pure perception en résonance avec le monde des formes mais en totale inadéquation avec celui des normes et des apparences. Il n’y a pas de mystère, tout est mystère et la normalité est une affreuse invention, réduction, supercherie."
à tire d'ailes toujours, 52 pages bien remplies, agrafées,
papier recyclé à 100 %
mon illustration en couverture : "Dans la chair", 2023
12 € + 3 € de port, à commander directement : mc.gc@orange.fr
15:23 Publié dans * LA REVUE NOUVEAUX DÉLITS * | Lien permanent | Commentaires (0)
01/01/2023
Revue Nouveaux délits n° 74
Un kilo de plomb ou un kilo de plume ? Qu’est ce qui est le plus lourd, me demandait-on, enfant… J’avais déjà ma petite réponse et aujourd’hui encore, je sais : ce n’est pas au poids qu’on juge l’équivalence alors vive les plumes ! Plus il y en a et plus on s’envole, plus il y en a et plus on plonge dans la douceur, la chaleur et peu importe quels drôles d’oiseaux nous sommes ! La noirceur du corbeau peut caresser nos mélancolies mais gardons-nous du plomb… À moins d’être de très talentueux alchimistes, laissons-le là où il est, bien profond sous la terre dans son berceau de cuivre, il y a son rôle à jouer, équilibre d’une terre à terre, yeux dans les yeux des ouragans. Du monde, n’en parlons pas, il nous assourdit trop déjà, chacun-e devrait être en mesure de savoir ce qu’elle-il doit faire pour ne plus se faire plumer ni additionner le plomb et surtout laissons l’amour au-dessus de ça. L’amour ne nous appartient pas, nous sommes ses oisillons et s’il veut bien nous prendre sous ses ailes, ce n’est pas pour y rester mais pour apprendre à donner aux autres plus de légèreté. Plus d’air, plus de lumière à respirer. Ni cage, ni chaînes, ni boulet. Tout s’écroule mais ne perdons pas de temps à nous lamenter sur les pertes, aiguisons notre attention pour percevoir ce qui en nous gagne en légèreté, ne nous laissons pas abattre mais sentons ce poids de plume dans nos poches : plus on le partage et plus il est doux et léger et réconfortant.
Que cette année dite nouvelle nous soit douce, tendre et réconfortante.
et là
autour
sens tes bras qui s’allègent
la terre sous tes pieds
tu danses
tes mains comme des plumes
légères
l’oiseau
tu l’entends ?
ça pulse
ça palpite
ça pépite…
CGC
AU SOMMAIRE
Délits de poésie :
Vincent Gispert, extraits d’À l’Est de l’horizon
& Alexandra Norelli
Délit de désobéissance et liberté : Joséphine Maaci
Délit de poésie (suite) :
Rafaëlle Gandini Miletto, extraits de marées
& Virginie Seba
& Tout un chacun de Pierre Maubé
& Ara Alexandre Shishmanian, extraits des cycles inédits Stases et en-stases et Haillons, traduit du roumain par Dana Shishmanian, avec la révision de l’auteur
Résonance hommage : Fée d’hiver d’André Bucher, Le Mot et le Reste, décembre 2011.
& petit cadeau de la femme-orchestre
Délits d’(in)citations qui incitent à regarder dans les coins.
Vous trouverez le bulletin de complicité au fond en sortant, qui pour l’instant fait comme si l’inflation (enflure, gonflement, dilatation, emphysème, œdème…) ne le concernait pas.
Illustrateur : Kiko Christian Moroy
Voir sa présentation de poète dans le n° 73
***
Sous l'influence d'une grande peur, presque tout le monde devient superstitieux. La peur collective stimule l'instinct du troupeau et tend à produire de la férocité envers ceux qui ne sont pas considérés comme des membres du troupeau. La peur génère des impulsions de cruauté, et donc favorise des croyances superstitieuses qui semblent justifier la cruauté. Ni un homme, ni une foule, ni une nation ne peuvent être fiables pour agir humainement ou penser sainement sous l'influence d'une grande peur.
Bertrand Russell
En quatrième de couverture : « Reste le choix d’être poète. (…)
Si nous restons prisonniers de nos vieux critères, il n’y aura aucune issue. Remettre en cause la croissance illimitée, la prédation décomplexée, la xénophobie revendiquée, l’indifférence assumée, l’arrogance affichée, demande bien plus qu’une évolution : il s’agit de changer de paradigme. C’est toute notre image du monde qui est ici en jeu. Il ne saurait être suffisant, ni même signifiant, d’inventer de nouvelles manières de satisfaire nos vieux démons : il est vital de réenchanter un tout autre « habiter l’espace ». Qui ne renie ni les savoirs ancestraux ni les découvertes scientifiques. Mais qui s’autorise - à titre expérimental - toutes les ruptures, toutes les fractures. La langue n’est pas neutre : renommer la croissance du PIB en « taux de divergence suicidaire » aurait sans doute quelques conséquences sur nos ressentis, nommer « autoterrorisme intérieur » notre décision implicite de n’offrir aucun avenir vivable à nos enfants pourrait éveiller quelques consciences. Les mots comptent. Le poète ne se laisse pas intimider par la dictature malveillante d’une pensée oppressive qui tue chaque possible alternative avant même son éclosion. Comprendre et clamer que le réel pourrait être autre, esquisser l’inchoatif des ramifications avortées, exhiber les modes des mondes manqués constitue le cœur dur de la poésie en acte. Le poète refuse l’unicité du prisme. Même s’il est révolutionnaire, même s’il est solidaire, même s’il est salutaire. User d’une seule grille de lecture relève nécessairement d’une atrophie radicale. Le subtil démissionne dès que le pullulement est réfuté. Le monde est « plus d’un » de dedans et la pensée échoue tout autant quand elle gomme la multiplicité que quand elle omet la déconstructibilité. Les résistances poétiques doivent maintenant se disséminer, se déterritorialiser, se chaotiser, se diffracter et s’infecter mutuellement. Il est question d’écriture mais aussi de pensée, de regard, de ressenti, de geste, d’engagement, de désir, de plaisir. Le vivre poétique est tout sauf triste, étriqué et nostalgique. Il est transgressif, précis et aventureux, par essence. Il peut aussi devenir enchanteur, libérateur et salvateur. Par choix. »
Aurélien Barrau - extrait de son intervention à Résistances poétiques, débat qui a réuni Edgar Morin, Isabelle Autissier et Erri de Luca, le 6 novembre 2019, lors du Forum Libération « Finance solidaire : des idées et des actions pour changer la société » à Paris.
*** les illustrations dans la revue sont en N&B ***
Revue Nouveaux Délits – Janvier 2023 – ISSN : 1761-6530 Dépôt légal : à parution – Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès Illustrateur : Kiko Christian Moroy Correcteur : Élisée Bec
22:47 Publié dans * LA REVUE NOUVEAUX DÉLITS * | Lien permanent | Commentaires (0)
27/09/2022
Nouveaux Délits n°73
***
Adepte pratiquante depuis longtemps de la secte des décroissants, alias les khmers verts et autres terroristes en herbe de la simplicité joyeuse et volontaire, je ne devrais que me réjouir du très soudain engouement des zélites pour la sobriété… Enfin, pour notre sobriété, à nous les gens très zordinaires. Un bon nombre d’ailleurs n’a pas été consulté pour être énergétiquement et financièrement sobres depuis longtemps ou toujours — et le picrate bon marché pour l’oublier ne dira pas le contraire. Je dois avouer que je perds vite mon calme devant les énormités proférées actuellement (déjà que…), ce qui est mauvais pour mon évolution spirituelle.
L’art du greenwashing n’a d’égal que celui du brainwashing… et autres anglicismes à la mode (and God took the queen !). En mai dernier, je tapotais sur mon clavier : « Hier j'ai entendu à la radio le terme "écologie pragmatique" sans doute en opposition avec une écologie qui serait utopique, l'un et l'autre ne veulent strictement rien dire, comme 95 % de ce qu'on entend actuellement venant des "autorisés à parler", civilisation du blablabla aux multiples méfaits (…). J'ai souvent eu honte de faire partie d'une espèce qui se laisse ainsi mener par le pire d'elle-même et par ses roquets en chef et qui en redemande de l'hypnose séductrice d'influences en tout genre — et surtout du plus mauvais — mais là ça devient irrespirable. Pour moi il n'y a plus de judicieuse radicalité assez radicale pour stopper cette folie et elle sera de toutes façons étouffée, écrasée par ce besoin de continuer encore et encore à sucer tout ce qui est suçable, à pomper ce qui est pompable. Nous sommes toutes et tous complètement incohérents ! (…) J'ai toujours au fond de ma poche un peu de poudre de perlimpinpin d'espoir — pas de celle qui se jette aux yeux, plutôt celle à diluer jour après jour dans la citerne grise du découragement — l’espoir que quelque chose va faire ding ou bing ou clash soudainement et en même temps dans la tête de chacun-e d'entre nous, partout sur cette planète ! Et je dois dire qu’un certain nombre de personnes, et notamment des jeunes, mettent de la couleur dans ma poudre mais je n'oublie jamais que des hurluberlus de notre espèce sont bien plus (ir)responsables que d'autres : ceux et celles qui se prennent pour des hurluberélu-e-s pour toutes sortes de déraisons et puis nous autres habitants des pays qui se gavent depuis des siècles, des millénaires même » et je finissais ce coup de gueule trop long pour le mettre ici par « Nous n'avons plus beaucoup de temps et toutes celles et ceux qui ont compris depuis trop longtemps déjà sont fatigué-e-s de tenir la torche allumée, vraiment, je peux le voir, l’entendre et moi-même à ma propre mesure et déception après déception, je n’en peux plus. Alors voilà, aujourd'hui même, tout ce qui nous tue, tout ce qui tue, oppresse, manque de respect à cette planète et à toutes les formes de vie doit tomber, aujourd'hui même, maintenant, là, de suite !!! »
Et bien ce sera là mon édito pour ce numéro d’automne !
Ne leur pardonnez pas. Ils savent ce qu'ils font.
Claire Séverac (1948-2016)
AU SOMMAIRE
Délits de poésie : Yvan Robberechts ; Kiko Christian Moroy ; Alain Guillaume & Isabelle Garreau avec des extraits de Manière noire
Délit de bonté : Thierry Desbonnets, deux poèmes & des réflexions profondes
Délits pluriels : Georges Cathalo avec quelques uppercuts tirés Des pluriels plutôt singuliers & cinq nouveaux poèmes dédiés
Délit d’autopromotion pour les Calepins voyageurs et après ? – Tome 1 de Cathy Garcia Canalès, paru en juillet dernier
Délits d’(in)citations, petits plombs légers au coin des pages, la chasse est ouverte, ici il n’est question que de nourrir l’esprit et non point tuer. Vous trouverez le bulletin de complicité au fond en sortant qui résiste bravement (ou en totale inconscience) à l’inflation, poil au fion !
Illustratrice : Corinne Pluchart
Je ne crois pas à un effondrement spectaculaire et brutal, du jour au lendemain. Et je me tiens en retrait de la mouvance "collapsologue", que je respecte pourtant. Il n’en demeure pas moins qu’il est effectivement incontestable qu’une catastrophe est en cours. Ce n’est plus une crainte, c’est un bilan : 60 % des animaux sauvages ont disparu en 40 ans.
Posons-nous une question amusante : sur des échelles des temps géologiques, l'humain laissera-t-il une trace ? Un scorpion-géologue, dans 100 millions d’années, pourra-t-il savoir que nous avons existé ? Naturellement, toutes nos constructions seront balayées : des cathédrales aux usines, il ne restera rien. Et pourtant, il y bien un signe qui marquera le passage des humains sur Terre : la 6e extinction massive. On verra, par les fossiles, que la vie a soudainement périclité sans aucune cause géologique ou météoritique. Voilà la trace que nous laisserons sur notre planète : un anéantissement vertigineux du vivant.
Aurélien Barrau
Délit buissonnier n° 6 sorti le 1er juillet 2022 !
*
elle dit non à l’institution
on lui reproche son manque de travail d'équipe
ça dégénère dans sa tête
elle comprend qu’on lui demande de pallier
toutes les incompétences et défaillances
elle est coincée
on lui parle de professionnalisme
de laisser ses émotions de côté
quand pendant deux ans tout le monde semblait
ravi que la maîtresse sorte des cadres affectifs
donne à la petite fille ce qu'elle ne trouvait nulle part d'autre
tout le monde semblait content d'avoir la paix
de cette petite fille comprise au moins par une personne
la maîtresse
c'est pour ça qu'elle décide de changer de métier
*
illustrations originales de Ludo Godot
tirage numéroté
56 pages agrafées
imprimé sur papier Keaykoulor calcaire
100 g & 250 g 100 % recyclé
10 € +3 € de port, à commander à
l’Association Nouveaux Délits
Revue Nouveaux Délits – Octobre 2022 – ISSN : 1761-6530 Dépôt légal : à parution – Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits - Letou 46330 St CIRQ-LAPOPIE Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès Illustratrice : Corinne Pluchart Correcteur : Élisée Bec http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com
17:41 Publié dans * LA REVUE NOUVEAUX DÉLITS * | Lien permanent | Commentaires (0)
13/06/2022
Avis de parution : La cloche a sonné d'Aline Recoura, délit buissonnier n° 6
Sortie le 1er juillet 2022 !
clique sur l'image pour voir de près
*
Cette petite fille n’avait de mot
que le prénom de sa maîtresse
qu’elle a eu en maternelle
pendant deux ans
en CP la nommant encore et toujours
quand on lui demande qui est ta maîtresse
l’institution décide de la faire retourner en maternelle
quelques heures par jour
la maîtresse est toujours là
la maîtresse vit très mal
tombe malade
elle adore cette petite fille
elle pleure son abandon
elle pleure chaque jour quand à la sortie de l’école
la petite fille lui saute dans les bras et la serre tellement fort
elle dit non à l’institution
on lui reproche son manque de travail d'équipe
ça dégénère dans sa tête
elle comprend qu’on lui demande de pallier
toutes les incompétences et défaillances
elle est coincée
on lui parle de professionnalisme
de laisser ses émotions de côté
quand pendant deux ans tout le monde semblait
ravi que la maîtresse sorte des cadres affectifs
donne à la petite fille ce qu'elle ne trouvait nulle part d'autre
tout le monde semblait content d'avoir la paix
de cette petite fille comprise au moins par une personne
la maîtresse
c'est pour ça qu'elle décide de changer de métier
*
L'auteur :
Lire et écrire ses passe-temps favoris (en dehors des heures de son métier de professeur des écoles). Depuis janvier 2022, directrice de rédaction de la revue Cabaret. Elle a publié en 2020, Banlieue Ville à La Lucarne des écrivains et en 2021, Scènes d'école au Lys Bleu et Cardio Poèmes aux éditions du Petit Rameur. À paraître : Pichenette dans les mots aux éditions Gros textes et Nuages dans le sang aux éditions de La Lucarne des écrivains en 2022. Elle contribue à de nombreuses revues papier de poésie (Comme en poésie, Cabaret, HS 7, Traction Brabant, Les amis de Thalie, Les Impromptus, Décharge, Traversées, Nouveaux Délits, Météor, Verso, FPM, L’Intranquille, Maux à mots, Wam, L'Air de rien…) et numériques (Cosaque des Frontières, Lichen, Behigori, Capital des mots & Hors-série n°6 de la revue Cabaret : 40 jours 40 vies, 2020) et des anthologies (On dit Cap, Ad Vitam Aeternam, Voix des îles). Elle dit régulièrement ses poèmes sur scène et est membre du collectif Contre Silence.
*
illustrations de Ludo Godot
tirage numéroté
56 pages agrafées
imprimé sur papier
Keaykoulor calcaire 100 g & 250 g
100 % recyclé
*
10 € +3 € de port, à commander à
l’Association Nouveaux Délits – Letou – 46330 St Cirq-Lapopie
Délits buissonniers
est une collection de tirés à part
de la revue Nouveaux Délits
Vous pouvez lire Aline Recoura
dans le numéro 67 (octobre 2020)
15:43 Publié dans *LES LIVRES* | Lien permanent | Commentaires (0)
30/03/2022
Revue Nouveaux Délits n°72
Il y a des poètes voyants, des poètes pythies, des poètes monstres qui reçoivent en flots continus des données qui — s’ils ne trouvent moyen de les transcrire — peuvent les submerger, les rendre fous. Le flux est tel que la respiration elle-même ne trouve plus sa place, un essoufflement comme une transe dans laquelle tout lecteur sera emporté car il n’aura rien à quoi s’accrocher. Des eaux tumultueuses mais pas glaciales, car le feu ardent de la poésie brûle sans interruption. Possédée, incantatoire, opératoire, comme le chaman qui souffle sa fumée sur le corps du malade. Ici lecteur, c’est toi le malade. C’est nous. C’est l’humanité.
Ce genre d’écriture n’est pas à la mode, on l’a dite maudite, elle fait peur, elle inquiète, elle dérange les conforts, agresse les quiétudes organisées, fait sauter les verrous, les défenses, donne le vertige, la nausée, touille nos tripes sans permission. Elle puise à la source même du Verbe tout autant ravageur que créateur. Pauvre poète traversé et sommé de délivrer le message, c’est un écartèlement permanent : s‘il se tait, il devient fou ; s’il parle, on le prend pour un fou. Ce poète est excessif et peu vendeur, on préfère attendre quelques siècles avant de le lire. Pourtant, il voit là où nous sommes aveugles et ce qu’il voit le foudroie, le brutalise : la laideur sans fard, ni masque, la lumière aussi éblouissante que crue, la beauté qui renverse et les ténèbres sans sas de protection. Il ressent vivement là où nous sommes commodément désensibilisés, il se souvient de ce qui est effacé par nos amnésies quotidiennes. Il entend l’effroi, l’écho du gouffre. Il sait ce que nous étions et ce que nous deviendrons si nous ne nous rappelons pas ce que nous sommes.
Il sait et il ne sait rien. Il est l’ignorant qui ne peut jouir de son ignorance, il est parcouru, pénétré, transpercé de toute part et chaque mot qui passe par lui est un trou par où nous pourrions apercevoir une fraction de la réalité originelle.
Il a appris cependant depuis le temps que ce torrent le traverse, le retourne, le traîne, le broie et le suffoque, à prendre appui dans l’œil des vortex, à trouver des points d’accroche, l’issue en soi incessible. Il est un vivant mort autant de fois qu’il aura fallu pour se dépouiller jusqu'à l’os, voir son âme nue et il nous tend la main, grimpeur aguerri aux chutes, il nous désigne une brèche par où se hisser. Il partage ses visions, se fait conteur, éclaireur, compagnon.
Il y a un sens à trouver à tout ce que nous vivons ou craignons de vivre : il s’agit de guérir. Et le poète-guérisseur trace des chemins de mots comme autant de formules pour briser les maléfices. Du latin malefacio : faire du mal.
CGC
AU SOMMAIRE
Délits de poésie :
-
- Anne-Marie Bernad
-
- Jérémy Semet
-
- Vincent Calvet : Naître au Mystère (extraits)
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- Odile Guillaume : Les Yeux du sablier (extraits)
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- Stéphane Mongellaz
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- Perle Vallens : Journey (extraits)
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- Michel Woelffle : Contes et poèmes d’un été perdu et 71ème hiver (extraits)
Résonance : Et pourquoi moi je dois parler comme toi ? écrits bruts (et non bruts) réunis par Anouk Grinberg, Le Passeur éd. 15 octobre 2020.
Les délits d’(in)citations continuent à germer au coin des pages. Vous trouverez le bulletin de complicité peut-être un peu sombre et agité à la sortie, le contexte n’est pas à la fête… Merci infiniment pour votre soutien !
Illustratrice : Shenandoah Allheilig-Rivet
https://www.instagram.com/shenandoah.allheiligrivet/
Artiste plasticienne, passionnée depuis son plus jeune âge, bercée par une multitude d'influences culturelles, elle poursuit aujourd'hui son parcours nomade, mêlant rencontres et créativité, échanges et idées nouvelles. Son travail, s'articulant notamment autour du dessin, s'élargit également à d'autres formes d'expressions et formats (peintures, collage, sculptures, photographie, récup'art, customisation d'objets, Land art).
« Je suis ici pour vous parler de singe à singe. Une cinquantaine de bombes thermonucléaires suffisent à détruire l'humanité. Familièrement appelées bombes atomiques. Mais il n'y a pas cinquante bombes atomiques dans le monde. Il y en a quinze mille.
La question est donc la suivante : si cinquante bombes atomiques suffisent à anéantir l'ennemi et même l'ami, pourquoi en avons-nous construit quinze mille ?
Il n'y a pas de réponse rationnelle. Même la logique de guerre la plus cynique ne peut justifier un tel gaspillage inutile.
Si nous étions au bar entre amis, je vous dirais : c'est la preuve que nous, en tant qu'espèce, ne sommes pas seulement mauvais. Nous sommes aussi des couillons.
Mais s'il y avait un psychanalyste dans le bar, on pourrait aller un peu plus loin : il expliquerait que cette accumulation démesurée est une forme de collection. En psychanalyse, le collectionnisme est étudié comme une perversion.
En 1955, Albert Einstein et Bertrand Russel ont rédigé un appel au désarmement signé par une douzaine de lauréats du prix Nobel. Il disait : "Nous vous demandons, si vous le pouvez, de mettre de côté vos opinions et de raisonner simplement comme les membres d'une espèce biologique en danger d'extinction".
Le mot le plus audacieux, le plus utopique de la phrase que je viens de vous lire est l'emploi du verbe "raisonner". Je ne pense pas que ce soit à notre portée. »
Michele Serra, journaliste italien
Revue Nouveaux Délits – Avril 2022 – ISSN : 1761-6530 Dépôt légal : à parution – Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès Illustratrice : Shenandoah Allheilig-Rivet Correcteur : Élisée Bec
http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com
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07/02/2022
FRANCOPOLIS a lu le n°71
Revue Nouveaux délits, n° 71, janvier 2022
Cette revue artisanale, conçue, confectionnée à la main, et éditée par Cathy Garcia Canalès, sous les auspices de l’association éponyme, est une pépite : en peu de pages des textes poétiques de grande qualité – ici, Jean-Charles Paillet, Stéphan Riegel, Martin Zeugma, Stéphane Amiot, Bernard Pikeroen, Clo Hamein, Cartographie Mzssyl. Note de lecture de l’éditrice au recueil Feu de Perrine Le Querrec.
http://www.francopolis.net/annonces_2022.html
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04/01/2022
Revue Nouveaux Délits n°71
Mais quelle année ! Épuisante, irritante, agressive, pénible, flippante, triste, les moments d’éclaircies furent de courte durée et pourtant des graines ont été semées aussi, parce qu’il est hors de question de céder au marasme. Certes le mot « vœu » semble plus creux que jamais, on sait déjà les pathétiques farces qui se profilent pour l’an 22 et la planète n’a pas fini de secouer ses arrogantes puces. il semble de plus que ce qui s’abat sur les idiot-e-s de base, dont je fais partie, c’est surtout une pandémie de dépressions. Mais parmi les idiot-e-s de base, il y a aussi de nombreux pugnaces et plus le sort s’acharne, plus l‘endurance augmente. Chacun-e individuellement et toutes et tous ensemble, sommes comme dans un grand tamis. Sélection, séparation, choix. Et j’ai l’intuition que 2022 sera plus encore une année de choix qu’on ne pourra esquiver, individuellement et collectivement, choix dont il faudra assumer chaque concrète et très réelle conséquence. Alors il va falloir continuer à semer et protéger les jeunes pousses, obstinément, s’ancrer à la terre — poussière ou gadoue, qu’importe — mais s’y tenir debout, le pied ferme. Et ce sont nos illusions qui serviront d’humus aux nouvelles graines, le prix à payer pour concrétiser nos aspirations les plus authentiques, les seules qui ont une chance de nous mener quelque part de viable et ça ne se fera pas sans prendre conscience, chacun-e et collectivement, de cette vieille part d’ombre qui est la nôtre. La poésie est une graine aussi, et la force qui la fait germer, tout à la fois graines, humus, eau, air, soleil, lune et la fleur qui s’ouvre, le fruit qui tombe mûr exactement où et quand il le faut. Un totum qui défie l’espace-temps. Aussi quelle joie pour moi que ce nouveau jardin que vous allez découvrir ! Et pour cette année qui commence, peu importe le vœu, ce qui compte c’est le souffle qui disperse les graines alors soufflons bien, soufflons juste, ne nous laissons pas essouffler, dansons la danse du tamis et laissons partir tout ce qui doit partir. Et pour 2022, ne souhaitons rien, faisons-le !
CGC
Le véritable ennemi, c'est l'esprit réduit à l'état de gramophone, et cela reste vrai que l'on soit d'accord ou non avec le disque qui passe à un certain moment.
Georges Orwell
AU SOMMAIRE
Délits de poésie protéiforme :
Jean-Charles Paillet ; Stéphan Riegel ; Martin Zeugma
Stéphane Amiot, avec des extraits de Saison de lagunage
Des haïbun de Bernard Pikeroen
Clo Hamelin ; Cartographie Messyl
Résonance : Feux de Perrine Le Querrec, éditions Bruno Doucey
Délits d’(in)citations à pleine dose, pour une couverture poétique maximale.
Vous trouverez le bulletin de complicité qui fait du stop au fond en sortant. Il fait un peu la gueule, vu la énième hausse des tarifs postaux, la mort de la grande imprimante, la pénurie covidienne de cet outil incontournable et l’inflation à grandes dents spéculatrices, n’hésitez donc à le prendre ce bulletin et faire un bout de chemin avec lui, merci, car il n’y aura pas de hausse du tarif d’abonnement !
Illustrateur : Stéphan Riegel
https://www.stephanriegel.com/
Le système s'effondrera si nous refusons d'acheter ce qu'ils veulent nous vendre, leurs idées, leur version de l'histoire, leurs guerres, leurs armes, leur notion d'inévitabilité. Rappelez-vous de ceci : nous sommes nombreux et ils sont peu nombreux. Ils ont plus besoin de nous que nous n'en avons d'eux. Un autre monde, non seulement possible, mais il arrive. Les journées calmes, je l'entends respirer.
Arundhati Roy
http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/
*
sens pratique
il n’y a que la pratique
et une infinité de voies
s’étirer comme
racines et chat
*
énergie
penser
c’est vibrer
*
folie
nous ne sommes pas folles
nous sommes peut-être
folles de douleur
mais pas plus
44 pages, agrafées
tirage limité, numéroté et signé
Édité et imprimé par l’auteur
sur papier luxe 100 % recyclé
Dépôt légal : décembre 2021
8 € + 2,30 € de port
dispo sur commande auprès de l'auteur
contact : mc point cg arobase point orange
17:06 Publié dans * LA REVUE NOUVEAUX DÉLITS * | Lien permanent | Commentaires (0)
26/09/2021
Revue Nouveaux Délits - Numéro 70
Outre que j’en écris depuis maintenant 18 ans, il devient de plus en plus difficile pour moi d’écrire un édito. Comme la sensation de rajouter juste du bruit au bruit et la cacophonie actuelle qui ferait honte à une cour de récré est devenue juste insupportable. Pour, anti, vérité, complot, contrôle, propagande, QR code, labos, dollars, économie, dépistage, pandémie, puçage, data, reset, hashtag, merde, bite, cul… ! De quoi choper la Tourette ! On devient fou ! C’est effrayant !
Aujourd’hui pour moi, l’image de la réussite c’est d’être allée chercher des mûres et d’en avoir fait un clafoutis. Loin de l’écran, loin des batailles nudgiennes et des spectres de guerres, catastrophes, folies en cours et à venir. Il m’a été dit tout récemment que j’étais d’un autre monde… J’espère bien ! Et j’espère bien qu’on sera de plus en plus nombreux à être d’un autre monde. Pas un monde sans ancrage, un monde nébuleux qui deale ses chamallows pastels, non un monde multidimensionnel, relié, branché à la terre et à l’humus, à ce bon sens qui semble avoir foutu le camp avec la biodiversité. Un monde qui se réveillerait de ce cauchemar que je ne saurais plus qualifier tellement il est doté de tentacules ! Et pas un monde qui accélère exponentiellement vers la dystopie totalitaire en se berçant de climat de confiance, refonte, optimisation, économie positive, smart à toutes les sauces, capitalisme cognitif, sécurité globale, objets connectés, futur augmenté, rajeunissement, vie éternelle…
Une histoire antique en somme, toujours la même, celle du syndrome d’hubris, thème central des tragédies grecques, considéré comme le plus grand des crimes. Y entendait-on mieux alors la parole des aèdes et des pythies résonner comme autant de mises en garde ? L’humain, même milliardaire et transhumanisé, n’échappera pas à la loi des cycles, la Némésis tôt ou tard viendra frapper pour ramener tout imbécile trop imbu à un peu plus d’humilité. En attendant, allons ramasser des mûres et buvons à même la langue des poètes et des pythonisses, ces rescapés de toutes sortes de tragédies qui continuent à naître, siècle après siècle, apportant avec eux les graines vives d’un monde autre.
Ce numéro 70 correspond justement à l’année de ma naissance, cette revue est une des toutes petites graines que je lance au vent de cette époque si agitée, merci à vous de lui permettre de germer encore et encore entre vos mains !
CG
Un virus dans le monde entier, confine des peuples qui se révoltaient contre les injustices du Capitalisme mondial.
Philippe K. Dick in La Vérité avant-dernière (1964)
AU SOMMAIRE
Délits de poésie :
Liliane Birsinger
Chiara Pastorini
Christine Bouchut et des extraits d’Avantage
Narki Nal
Délit dentaire : extraits de Cheese !!! de Gorguine Valougeorgis
Délit d’A. : La bague noire, une nouvelle de Julien Englebert
Délit d’autopromotion : Histoire d’amour, histoire d’aimer, de Cathy Garcia Canalès, paru le 1er septembre
Délits d’(in)citations en petites touches discrètes, comme un écho. Vous trouverez le bulletin de complicité au fond en sortant qui arbore fièrement un délit buissonnier de plus.
Illustratrice : Cathy Garcia Canalès
Femme-orchestre de cette revue,
est-il encore utile de me présenter ?
http://cathygarcia.hautetfort.com/
Maintenant on pourrait presque enseigner aux enfants dans les écoles comment la planète va mourir, non pas comme une probabilité mais comme l'histoire du futur. On leur dirait qu'on a découvert des feux, des brasiers, des fusions, que l'homme avait allumés et qu'il était incapable d'arrêter. Que c'était comme ça, qu'il y avait des sortes d'incendie qu'on ne pouvait plus arrêter du tout. Le capitalisme a fait son choix : plutôt ça que de perdre son règne.
Marguerite Duras
in Le Matin, 4 juin 1986
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Le délit buissonnier n° 5 est sorti le 1er juillet 2021 :
illustration de Jimmy Fortier
paraît que t'es naïf en amour
paraît que t'as besoin de sentiments pour niquer
paraît que t'es qu'un connard mesquin
paraît que t'as besoin d'être reconnu dans ta vérité
paraît que chez toi ça sent pas vraiment le poète obscur
paraît que t'as une voix à vendre de l'huile d'olive
paraît qu'il faut que tu sois un peu plus humble
paraît que tu chausses comme Michel Platini
paraît que t'es l'heureux papa d'une IVG et d'une grossesse extra-utérine
tirage numéroté, 32 pages agrafées, papier 100 % recyclé
10 € +2 € de port
à commander à l’Association Nouveaux Délits
Délits buissonniers est une collection de tirés à part de la revue Nouveaux Délits
http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/delits-buissonniers/
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Revue Nouveaux Délits – octobre 2021 – ISSN : 1761-6530 Dépôt légal : à parution – Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Letou 46330 St CIRQ-LAPOPIE Coupable responsable & illustratrice : Cathy Garcia Canalès Correcteur : Élisée Bec
14:12 Publié dans * LA REVUE NOUVEAUX DÉLITS * | Lien permanent | Commentaires (0)