24/10/2014
Les poètes.fr : Werner Lambersy
Werner LAMBERSY au sommaire de cette émission du jeudi 16 octobre 2014. Je vous laisse découvrir cette langue aussi puissante que sobre, dans la lecture du recueil Contumace publié à Encres Vives. Quelques nouvelles de ceux qui œuvrent inlassablement pour la poésie aussi dans cette émission que vous pouvez écouter en cliquant sur : http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html
Le compte-rendu de l'émission :
*
Christian Saint-Paul rappelle qu'à Carcassonne l’exposition du Centre Joë Bousquetet son Temps donne à voir 70 œuvres de Max Ernst et 20 dessins de G. Ribemont-Dessaignes. Ces œuvres graphiques sont accompagnées de vingt trois vitrines qui présentent le cheminement poétique de G. Ribemont-Dessaignes et de Joë Bousquet, leurs liens avec l’œuvre de Max Ernst. Que le samedi 18 octobre 2014, à 15h aura lieu une lecture de La Ballade du soldat par Yves Ughes, poète.
Yves Ughes est né à Nice, en 1951. Il y grandit dans un quartier de saveurs, au sein d’une famille d’origine italienne. Il découvre au Collège la force de la poésie, cette onde de choc le porte encore. Il suit des cours lumineux à la faculté des Lettres de Nice, notamment ceux de Michel Butor, et devient professeur de Lettres Modernes.
L’Education Nationale lui apprend alors à voyager : nominations au Havre, à Port de Bouc, à Castellane. Installation définitive à Grasse en 1986.
Yves Ughes pousse alors la porte de l’Association Podio, qui travaille pour la Défense et l’Illustration de la poésie, notamment dans les Alpes Maritimes.
Dès 1992, il y prend une part active, se fixant un rythme régulier de conférences. Les auteurs abordés témoignent d’un ancrage méditerranéen qui n’échappe pas pourtant à l’influence américaine. Pavese, ou la trace de la couleuvre. Montale, ou la souffrance des pierres. Reverdy, homme de main, homme de peine. Audiberti, ou le cri confus des catastrophes, Kerouac ou les rues de la lumière vide.
Il est désormais Président de cette association qui œuvre depuis trente ans avec, en exergue, cette interrogation d’Hölderlin : Pourquoi des poètes en ces temps de détresse ?
Ses ouvrages sont édités essentiellement par l’Amourier.
Les journées culturelles franco-algériennes se terminent avec la présentation de l'œuvre de SLIM, bédéiste et pionnier de la caricature algérienne, avec la projection d'un film le lundi 20 octobre 2014 à 20 h au cinéma l'Utopia à Toulouse, et une rencontre le mardi 21 octobre 2014 à la librairie toulousaine BD Fuhue à 19 h.
Saint-Paul s'attarde ensuite sur la parution du n° 63 de la revue Diérèse poésie et littérature, 322 pages, 15 €, abonnement 40 € à adresser à Daniel Martinez, 8 avenue Hoche, 77330 Ozoir-la-Ferrière. Ce lourd et sublime pavé de poésie, richement illustré, nous conduit par les chemins de traverse de la littérature et de la poésie avec un sommaire de très nombreux artistes, connus ou à découvrir. Il offre la particularité de recéler de multiples notes de lecture intitulées "Bonnes Feuilles" qui sont une mine d'or pour connaître les publications de livres de poésie.
Lecture de poèmes d'Isabelle LEVESQUE.
Tu tiens,
gardien,
socle du sable
poussière de je.
Je suis le vent
porteur d'humeurs sombres.
Gardien de phare,
tu es la nuit éclairée.
Pas une étoile.
Tu es
le ralenti des crocs du sort.
Tu es sur la falaise,
chant long
pour.
*
Lecture de la critique de "Ravins des Nuits que tout bouscule" d'Isabelle LEVESQUE par Bernard DEMANDRE figurant dans les Bonnes Feuilles de la revue.
Lecture de poèmes de Daniel MARTINEZ.
En miroir
Essaims au cœur de juin vont ces oiseaux
chassant d'un seul afflux les troubles anciens.
Le poème aussi inlassable
sur le point vert des branches
ne serait-il fixant son secret
l'écho de la dernière nuit
l'humeur fuyante qu'aura dispensée l'aube
lorsque la plus longue voie lactée
éteinte au simple passage
d'une flamme argentée
sur les cimes des conifères
calligraphie les lèvres, ouvre enfin
la paroi du vide au fil du moindre vent
pourrais-je le nommer
*
Saint-Paul fait ensuite entendre la voix envoûtante d'une des plus belles voix de la Méditerranée, comme il l'avait fait pour Yasmin LEVY, celle de Françoise ATLAN, qui après dix années passées au Maroc, d’Essaouira à Fès, de Marrakech aux montagnes de l’Atlas, vient de créer La Compagnie Yemaya
à Marseille. « Marseille comme Essaouira, est une ville ouverte sur le monde, une cité aux cultures additionnées et aux identités plurielles. Il était évident pour moi qu’elle serait le point d’ancrage de cette exaltante et nouvelle aventure qu’est la création de ma Compagnie. Une Compagnie à l’architecture qui rappellerait celle d’un plafond orné de stucs et de zelliges : s’ y mêlent les projets musicaux, créations, concerts et enregistrements, pédagogie, édition, collectages, diffusion et mise en lumière des patrimoines communs et spécifiques des traditions de la Méditerranée.» Diffusion de "Mama mia" chant séfarade.
Comme il l'avait annoncé les semaines précédentes, Saint-Paul a tenu à lire en entier le recueil de Werner LAMBERSY
"CONTUMACE" constituant le 433ème numéro d'Encres Vives (le n° 6,10 €, abonnement 34 €, Michel Cosem, 2, allée des Allobroges 31770 Colomiers).
Pour la biographie du poète, il y a lieu de se référer à celle écrite par Françoise TROCME sur son excellent site : http://poezibao.typepad.com/poezibao/2005/05/werner_lambersy.html
"Werner Lambersy est né le 16 novembre 1941 à Anvers. Issu d’un milieu néerlandophone, il choisit d’écrire en français. Il effectue de nombreux voyages en Orient. Il vit à Paris depuis 1982 et est attaché à la promotion des lettres belges à paris (Centre Wallonie-Bruxelles).
Il a été lauréat, parmi de nombreux autres prix, du Grand prix de Poésie 2004 de la SGDL (Société des Gens de Lettres).
Bibliographie (de poésie), non-exhaustive
Caerulea, VDH, 1967.
Radoub, VDH, 1967.
À cogne-mots, VDH, 1968.
Haute tension, VDH, 1969.
Temps festif, VDH, 1970.
Silenciaire, Henri Fagne, 1971.
Moments dièses, Henri Fagne, 1972.
Groupes de résonances, Henri Fagne, 1973.
Le cercle inquiet, Henri Fagne, 1973.
Protocole d’une rencontre, Henri Fagne, 1975.
33 scarifications rituelles de l’air, Henri Fagne, 1976. Deuxième édition, 1977.
Tous ces livres publiés chez Henri Fagne ont été réédités au Taillis Pré en 2004
Maîtres et maisons de thé, Le Cormier, 1979. Deuxième édition, 1980. En poche chez Labor, 1988, réédition chez Hors Commerce, 2003
Le déplacement du fou, Le Cormier, 1982, réédition l’Orange bleue, 1995 & 2000
Quoique mon cœur en gronde, Le Cormier, 1985
Paysage avec homme nu dans la neige, DurAnKi, 1982.
Géographies et mobiliers, DurAnKi, 1985, réédition Ecrtis des forges, 1991
Komboloî + ChandMala, Le Dé bleu, 1985. Deuxième édition, 1986.
Stilb, édition de luxe, B.G. Lafabrie, 1986.
Noces noires, La Table Rase/Noroît, 1988 et 1989
L’arche et la cloche, Les Éperonniers, 1988 et 1989
Talkiewalkie angel, Unimuse, coll. Lubies, 1988.
Un goût de champignons après la pluie, L’Arbre à Paroles, coll. Le Buisson ardent, 1989.
Cantus obscurius, Architecture Nuit II, Éd. du Théâtre Vesper; Les Éperonniers, 1989.
Maîtres et maisons de thé, Bruxelles, Labor, coll. Espace Nord, préface de L. Bhattacharya; lecture de V. Engel.
Entrée en matière, Montpellier, éd. Cadex, 1990 et 1993. Ill. de Anne Rothschild.
Architecture nuit, Echternach, Montréal, Bruxelles, Préface de Frans De Haes.éd. Phi, Le Noroît, Les Éperonniers, 1992.
Volti subito, Chaillé sous les Ormeaux; Trois Rivières; Amay, Le Dé Bleu, Écrits des Forges, L’Arbre à Paroles, 1992.
La nuit sera blanche et noire, Éd. Jacques Boulan, 1992. Triptyque de Lionel.
Grand beau, éd. Petits classiques du grand pirate, 1992. Ill. de Roland Renson
Architecture nuit, Phi, 1992
Le nom imprononçable du suave, Amay, L’Arbre à Paroles, 1993. Coll. Buisson ardent.
Quinines, Charlieu, La Bartavelle, 1993. Coll. La main profonde, préface de J.C. Bologne, ill. de Lionel.
La nuit du basilic, éd. Commune mesure, 1993. Ill. de Claudine Du Four.
Quinines / Grammaire du désordre, La Bartavelle, 1993
L’écume de mer est souterraine, Nantes, Le Pré Nian, 1993, ill. de Bracaval.
Stilb suivi de Iréniques, dessins J. Clauzel, Cadex, 1994
Errénité, Gallargues le Montreux, éd. À travers, 1994, ill. de Jacques Clauzel
Tirages de têtes, photos J.-P. Stercq, La lettre volée, 1995
Journal d’un athée provisoire, Phi, 1996
Chroniques d’un promeneur assis, Cadex, fusains E. Koch, 1997
La Magdeleine de Cahors, Labor, 1997
Pays simple, fusains J.-C. Pirotte, Cadex, 1998
Petit rituels sacrilèges, L’amourier, 199_
D’un bol comme image du monde, avec G. Lalonde, Le loup de gouttière, 1999
L’horloge de Linné, Phi, 1999
Écrits sur une écaille de carpe, dessins d’Otto Ganz,L’amourier, 1999
Dites 33, c’est un poème, Le Dé bleu, 2000
Singuliers regards, avec D. Serplet, CFC, 2000
Je me noie, dessins de S. Kaliski, L’Amourier, 2001
Pour apprendre la paix à nos enfants, avec Léo Beeckman, Cadex, 2001
Ecce Homo, avec otto Ganz, Maelström, 2002
Puits, cachettes et passage, avec D. Serplet, Syllepse, 2002
Carnets respiratoires, photos d’Henri Maccheroni, Cadex, 2004
Journal par dessus bord, Phi, 2004
Échangerais nuits blanches contre soleil même timide, l’Amourier, 2004
Rubis sur l’ongle, Hermaphrodite, 2005
L’érosion du silence, Maelström, 2005
La toilette du mort, les ennemis de paterne berrichon, 2005
Uluru ( + trad. en anglais de D. de Bruycker), La cour pavée, J.Ricard, 2005.
Traité des corridors, avec D. Serplet, 2005
Coimbra ou l’antiphonaire d’Orphee, Dumerchez, 2005
Les gratte-pieds de Didier Serplet, c.f.c., 2005
une fiche bio-bibliographique sur le site du service du livre luxembourgeois
sur le site de Le Zèbre international, revue internationale de poésie francophone
Le blog de Werner LAMBERSY : http://wernerlambersy.hautetfort.com
"Contumance" est le recueil d'un grand voyageur certes, mais de celui qui voyage autant dans les livres et la pensée des grands auteurs. Son texte, oral, fluide comme du Cendras en est parsemé. Les citations s'intègrent donc aux mots du poète qui en se les appropriant les fait vivre plus fort encore.
Une poésie puissante, virile sans ostentation, allant directement à l'essentiel, à la source de la langue et de l'émotion, mais en gardant tous les acquis des précurseurs en la matière.
LINGUA IMPETUOSA
Un chant
pour la première fois
encore
et l'aiguière du temps
versant l'ombre
des heures
sur les mains
savonneuse de l'oubli
sur la peau nue
des paumes du nombre
et les coudes
harmonieux de l'espace
mais c'est confus
pareil aux bruissements
fossiles
de l'âme dans le violon
des astres
ayant mon souffle pour
toute puissance
je monte
au-devant de ce silence
où je retrouve ma patrie
Jean Tardieu
j'ai froid
je veux rentrer dans
le bain chaud d'un ventre
rester
comme les insectes dans
l'ambre
une planète
un pépin dans la pomme
qu'on coupe
je veux sous la guillotine
ou la scie circulaire
des soleils
que la vie parle d'amour
......
*
Enfin après la lecture de "Contumace", Saint-Paul lit des extraits du numéro suivant d'Encres Vives, le 434ème consacré à un recueil "L'Illusion essentielle"d'Eric BARBIER, qui vit près de Tarbes et qui est un auteur familier maintenant de cette émission. Poète du lieu, de la montagne, du souffle acquis au cours des ascensions dans les chemins des Pyrénées et ceux, tout aussi enivrants, de la poésie.
...
Pourquoi avoir voulu ici retrouver le lieu ? Regagner l'image.
Comme un retour en semblable solitude quand persistent certaines compagnies.
Sentiers souvent parcourus est-ce ici l'intermède ou la permanence qui se vérifierait dans les derniers frissons des eaux.
Quand plusieurs soleils se ligueraient pour accomplir cette sécheresse, quand un unique midi nous prend dans les ondoiements de la chaleur.
Trop tôt quitter le récit donné par le seul arbre persistant à se dresser sur ces pentes.
Des jours où l'on pourrait se croire en avance, en avant de soi et de ce qui entoure.
Retour en des lieux qui furent initiateurs, où commença à se dissiper le voile brumeux qui s'attardait depuis si longtemps sur le pays intérieur.
Clore une époque l'air adopte d'autres accents c'est un voyage aussi que la chair reprend. Mais dans quel ciel au plus près approché donner corps à ce voyage ? Encore les phrases nous cherchent.
*
L'émission s'achève sur l'évocation de cet éditeur, poète et romancier infatigable qu'est Michel COSEM qui vient de publier son dernier roman "L'Aigle de la frontière" aux éditions De Borée (280 pages, 20 €).
"Jean Christophe mène une vie insouciante dans une station à la mode dans les Pyrénées. Il va de rencontres en rencontres, fait de la petite contrebande à travers la frontière, mais il n'est amoureux que de sa montagne, de sa liberté. L'époque de la désinvolture se termine pourtant lorsqu'il tire sur un douanier sur le point de l'arrêter et surtout, lorsque le pays plonge dans la guerre. D'abord les réfugiés espagnols, les délations. Puis l'arrivée des Allemands. Fini les fêtes, les touristes, les promenades au bord des lacs, les chars de fleurs... Sous l'impulsion de Gilbert, l'instituteur, il prend conscience de la gravité des événements et du rôle qu'il doit désormais tenir."
Amitiés à tous,
Christian Saint-Paul
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