07/04/2021
Revue Nouveaux Délits numéro 69
Avril 2021
Numéro 69, numéro chaotique, comme me l’a soufflé un certain Martin ? Fort possible, et en retard comme un lapin d’Alice ! Lapin de Pâques sans aucun doute à la recherche d’un mystérieux œuf noir très cosmico-alchimique, dont j’ai rêvé tout récemment, ce qui n’a pas empêché mon ordinateur de faire un séjour chez son docteur, entre autres contretemps et bifurcations d’agenda sanitaire… Bref, difficile de trouver l’inspiration et plus encore la concentration pour un édito, entre les vagues virales, les tsunamis de fatigue et les clapotis du sens. Quelque chose me murmure à l’oreille qu’il faut se calmer, respirer et faire ce qu’on peut, juste le faire au mieux, sincèrement. En ces temps plus que confus, la poésie me semble plus désirable que jamais et concevoir cette revue continue à faire sens, donc voilà — plus chaotique qu’érotique — un numéro 69 très éclectique ! Puissiez-vous y trouver de quoi nourrir votre jardin intérieur. C’est la saison des semis, alors semons, mettons les mains dans la terre et la langue dans les mots, restons à l’écoute de ces petites voix qui murmurent à nos oreilles et ne trichons pas avec l’essentiel.
cgc
L’impossible est un univers clos. Néanmoins, nous en possédons la clé et, comme nous le soupçonnons depuis des millénaires, la porte s’ouvre sur un champ d’infinies possibilités. Ce champ, il nous appartient plus que jamais de l’explorer et de le cultiver. La clé n’est ni magique ni symbolique. Les Grecs anciens la nommaient « poésie », du verbe « poiein », construire, façonner, créer.
Raoul Vaneigem
AU SOMMAIRE
et pas forcément dans l’ordre
Délits de poésie :
Odile Vecciani
Richard Roos-Weil en Sarabandes & farandoles
Marie Alcance
Archibald Aki
Délit grec : Anne Barbusse, avec des extraits d’À Petros, crise grecque
Résonances : Au petit bonheur la brousse de Nétonon Noël Ndjékéry, coll. Mycélium mi-raisin, Hélice Hélas éd., 2019 & Kintu de Jennifer Nansubuga Makumbi, traduit de l’anglais (Ouganda) par Céline Schwaller, Métailié éd., 2019.
Délits d’(in)citations en floraison. Vous trouverez le nouveau bulletin de complicité au fond en sortant, il remplace l’ancien depuis le 1er avril et il ne sent pas le poisson.
Illustrateur : Jean-Louis Millet
chasseur d’alternatives donc curieux de hasards et de connivences en dessin, peinture, sculpture, photo, écriture, édition virtuelle… quelques passages en revues pour des textes et des illustrations : À l’index, Traction Brabant & Nouveaux Délits, auteur et illustrateur du dernier « délit buissonnier » : Preuves incertaines & animateur de blogs et de sites dont http://www.zen-evasion.com/
jouer notre partition dissocier la cacophonie créer en elle un no man’s land ouvert à l’imprévisible enfanter des flous précis pour désorienter les heures dans chaque minute creuser un trou de ver vers l’impossible œuvre insuffisante nécessairement insuffisante mais dans laquelle il nous faudra donner toutes nos mesures d’homme pour désarticuler fût-ce quelques secondes les horlogeries corrompues
Pascal Perrot
in Une brèche dans la tapisserie des ombres
« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées.
Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle.
Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité, et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie.
Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des informations et des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.
On mettra la sexualité au premier plan des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté, de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.
Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.
L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir. »
Sagesse et révolte, Serge Carfantan – 2007
www.philosophie-spiritualite.com
Nouveaux Délits - Avril 202i – ISSN: 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits - Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès - Illustrateur : Jean-Louis Millet Correcteur : Élisée Bec
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