28/01/2016
Christian Saint-Paul revient sur le n° 52 dans l'émission Les poètes sur Radio Occitania
Un excellent numéro illustré avec force par Jacques Cauda cité dans une précédente émission, avec ces notes de lecture indispensables à la diffusion des ouvrages, un sommaire toujours riche, le tout sous le ton de la fraternité tendre et militante de Cathy Garcia. Ce sont des poèmes de Marie-Françoise Ghesquier qui sont lus à l’antenne. Cette hispanisante vit près de Chalon-sur-Saône et publie ses poèmes dans les revues Décharge, Comme en Poésie et Traction Brabant. Elle publie son premier recueil chez Michel Cosem à Encres Vives, puis chez Bruno Msika aux éditions Cardère avec « A hauteur d’ombre », recueil illustré de photos en duo avec Cathy Garcia. Elle dit aimer les esprits frondeurs.
Lecture d’extraits de « De tout bois si ».
On tourne en rond
dans notre bocal de ronces
Se dessèchent noires pointées
en sons filés assourdis
contre les fonds d’herbes
Les notes du chaos mineur s’égrènent
en idiomes grumeleux
ponctués noirs le long des failles
Faillite du moi
avec mots cadenassés
dans l’intervalle
Parole craquelée à la note forcée
Tant d’effort pour vivre
au travers des sons disjoints
Je renonce note à note M’
évapore parmi ronces et fuite d’ailes
au-delà des buissons démesurés
***
Toute cette grenaille crible
au plus fort du silence
Le sang s’étoile
aux charnières livides
des galaxies de paille
Je décimé par tant d’illusions
où je m’achève en éclosions
mortes rouges
Pétales glosés
clous ou glaives
dans la chair des chaumes
La langue s’insère
dans les versions
primitives glose entre les lignes
Parole close à l’instant
sur les lèves
mangées de coquelicots
Comment voulez-vous
que toute notion d’incarnat ?
Le poème en petite mitraille rouge
où coupée court
la phrase
à écouter (émission du 7 janvier :
http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html
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20/01/2016
Franck Lepage à Figeac
Dans le cadre de l'inauguration de l'Astrolabe, Franck Lepage fait halte à Figeac.
Frank Lepage est connu pour ses « conférences gesticulées ». Un univers d’ailleurs entre spectacle et conférence dans lequel il nous balade et surtout balance. Il démonte les systèmes de la culture et de l'éducation.
Une autre histoire de la France démocratique, culturelle, sociale, éducative, politique, civique, citoyenne, décentralisée, partenariale, associative, européenne et mondialisée, bref une autre histoire du capitalisme.
« L’éducation populaire , Monsieur, Ils n’en ont pas voulu… »
Par Franck Lepage
Dimanche 24 janvier à 14h30
Salle Charles Boyer, Astrolabe
Si vous ne connaissez pas, c'est VRAIMENT à voir et à entendre !
17:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
04/01/2016
Revue Nouveaux Délits, le numéro 53
Janv. fév. mars 2016
Après la panne d’édito, la panne de vœux ?
Même quand je travaillais dans le spectacle, je n’aimais déjà pas les répétitions. Je préférais le moment vrai et unique du spectacle lui-même, car dans le théâtre de rue, chaque représentation est toujours unique, remplie d’imprévus, d’inattendu. On n’y est pas à l’abri de la pluie, du vent, de toutes sortes d’obstacles et surprises et surtout pas séparé d’un public par une scène, ou pire encore, par une fosse. On est avec et dans le public, parmi les gens qui font et défont le spectacle, tout autant que nous-mêmes. L’idée même d’un public disparait dans un échange interactif et vivant, une grande fête commune. C’est ça que j’aimais dans le théâtre de rue, le véritable théâtre de rue. Ce moment vrai qui nous mettait en danger. Et je continue à préférer le spontané, l’imprévu, le non-préconçu, et plus encore quand il s’agit de fêtes ou de belles déclarations. Faire un vœu, oui, pourquoi pas ! Parce qu’il nous vient à la bouche comme une source jaillissante ou parce que l’étoile filante… Si j‘avais un vœu à faire là maintenant, au moment précis où j’écris cet édito, ce serait : « délivrons-nous de nos certitudes ! ». On étouffe sous les certitudes, on en perd tout contact sensoriel avec la vie, toute capacité de penser de façon inédite et donc libre. Mes certitudes, vos certitudes, leurs certitudes. Les certitudes sont aussi nombreuses que les individus susceptibles de vous les asséner, même les certitudes d’un groupe sont en réalité un assemblage de certitudes uniques, chacune attachée à un seul individu. C’est comme les patates, les ensembles qu’on nous faisait faire à la maternelle. Alors oui, pour y voir plus clair, il y a des certitudes qu’on peut mettre dans une même patate, puis les patates empiètent sur d’autres patates, ce qui forme des espaces inter-patates, qui eux-mêmes empiètent les uns sur les autres, et au final on a de nouveau un grand bordel auquel on ne comprend rien du tout. Alors ouvrons toutes ces patates et délivrons-nous des certitudes ! Voilà, c’est mon vœu instantané et il a disparu aussi vite qu’il a été formulé. Les patates mathématiques ne sont rien d‘autres que des bulles qui nous éclatent au nez. Certaines sont très belles, tout dépend de comment elles prennent la lumière. Et voilà : tout dépend de comment on prend la lumière.
CG
Cet homme est comme une forêt, il se croit tout obscur,
il est partout troué de rayons de soleil.
Henri Gougaud in L'Expédition
AU MENU
Un copieux Délit de poésie pour bien démarrer l’année :
● Lou Raoul, avec un extrait d’arrache moi fort la nuit
● Mokhtar El Amraoui (un grand salut à la Tunisie)
● Julien Boutreux
● Jean-Claude Goiri avec des Copeaux (contre la barbarie)
● Denis Wetterwald
● Sammy Sapin
● Tom Buron, avec entre autre des extraits d’un journal éthylo-poétique
Que des plats de résistance !
Le tout relevé d’un goûteux mélange de Délits d’(in)citations.
Pour dessert, une Résonance : Les maîtres du printemps d’Isabelle Stibbe, Serge Safran, août 2015.
Vous trouverez le bulletin de complicité tapi à la sortie, mais il ne mord pas, c’est à vous de le saisir à belles dents pour l’offrir à qui vous voudrez.
Illustratrice : Ana Minski
Ana Minski a d'abord découvert la bohème par la littérature avant de vagabonder sous les ponts parisiens. Elle a tenté d'être libraire, documentaliste, archéologue, mais l'errance est son dada. Elle a publié quelques nouvelles chez Les Artistes Fous Associés et La lucarne des écrivains, ainsi que des poèmes dans les revues Les corrosifs, Le capital des mots, Les tas de mots et Créatures. Elle peint également depuis quatre ans : http://mitaghoulier.blogspot.fr/
Le bonheur est une petite chose que l’on grignote,
assis par terre, au soleil.
Jean Giraudoux
Le poète est un artiste
Comme on pourrait dire d’une façon assez réductrice que le sculpteur est l’artiste de la forme, le peintre celui des couleurs, le musicien celui des rythmes, le poète est l’artiste du langage. Mais de même que la couleur n’est pas enfermée dans un tableau, la poésie n’est pas enfermée dans un livre.
Il y a deux voies dans l’art, deux voies qui peuvent converger et souvent pour le meilleur: une voie artisane, technicienne, qui vise une certaine perfection dans la répétition du geste, une amélioration de la technique et une voie plus intuitive, plus chamanique, quand l’artiste devient une sorte de capteur. Lui-même ne sait pas trop ce qu’il capte, mais il tente de le retranscrire en formes, couleurs, sons ou langage, ou tout à la fois. L’artiste est un médium – un moyen – d’entrer en résonnance avec l’Universel. Tous les peuples, toutes les cultures sont entrées en résonance avec l’Univers à travers leur créativité, bien avant même que n’intervienne le concept d’art ou d’artiste. Tous ont confectionné de leurs mains de beaux et parfois étranges objets, pas pour les exposer mais pour les utiliser. Cette beauté et cette étrangeté, c’est ce qu’on pourrait appeler l’âme des objets. De même, tous les peuples n’ont pas eu de littérature, mais tous ont une poésie, comme l’avait très justement dit Victor Hugo.
La poésie est un art holistique, elle est toute à la fois musique, peinture, sculpture, son matériau ce sont les mots, dont elle utilise avant tout l’impact vibratoire, le sens en est parfois pulvérisé pour devenir essence. La poésie est vibration et exaltation de tout ce qui ne peut être expliqué par les mots, mais seulement perçu et parfois percé par eux.
cg, 18 août 2015
Nouveaux Délits - Janvier 2016 - ISSN : 1761-6530
Dépôt légal : à parution
Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits
Coupable responsable et correctrice : Cathy Garcia
Illustratrice : Ana Minski
http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com
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