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01/04/2020

Revue Nouveaux Délits numéro 66

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Avril 2020

 

 

Le miroir du virus

 

Je voudrais d’abord vous remercier toutes et tous d’avance pour votre patience, je ne sais pas quand et comment je vais pouvoir expédier ce numéro, donc il existe, mais il pourrait mettre bien plus de temps pour vous rejoindre que d’habitude. Et puis, je voudrais aussi partager la réflexion que je me suis faite au début du confinement à propos de ce virus dont on ignore encore à quel point il va changer nos vies. Bien-sûr, j’ai pensé à toutes celles et ceux dont la situation est déjà au plus bas, à toutes celles et ceux qui usent toute leur énergie et leur courage pour aider, protéger, sauver les autres alors qu’eux-mêmes sont déjà en souffrance. La grande nouveauté de ce virus, c’est que cela nous a touché nous, les Occidentaux, habitués à ce que les grands malheurs de masse n’arrivent qu’aux autres masses — covid-19 n’est pas ebola — et en cela ce nouveau virus nous tend un miroir. Il met à nu les défaillances et toutes les profondes inégalités de nos sociétés et peut-être va t-il nous faire prendre enfin conscience de la folie de nos modes de vies si prédateurs pour l’environnement et le reste du monde, je ne pousse pas l’espoir à croire que les élites vont avoir elles aussi de véritables prises de conscience — il m’en faudrait pas beaucoup pour penser que tout cela en arrange certains — toujours est-il que ce virus nous tend un miroir dans lequel nous voyons ce que nous sommes en tant que collectif et dans lequel chacun d’entre nous va se voir tel qu’il est. Il nous oblige aussi à regarder nos proches, à nous interroger sur l’authenticité de nos liens, ou bien à regarder en face notre solitude et à nous poser cette question cruciale : sommes-nous de bons compagnons pour nous-mêmes ? Le virus, paradoxalement, nous relie de plus en plus les uns aux autres et nous montre par défaut notre interconnexion réelle en tant qu’êtres humains. Il nous tend un miroir et nous ne pourrons détourner les yeux. Un virus ne fait pas de différence entre nous, il est une forme du vivant qui nous traverse, certains l’hébergent sans souci, d’autres hélas succombent, mais avant de succomber au virus, une bonne partie meurent et mourront du manque de possibilités matérielles pour les sauver. Ce covid-19 est, ceci dit, à la fois une terrible épreuve et une formidable opportunité pour que l’humanité se regarde ensemble dans un seul et même miroir. Chacun d’entre nous saura combien coûte l’indifférence, l’avidité et l’égoïsme des pouvoirs qui sont censés nous représenter, mais aussi des uns et des autres aussi bien sur le plan individuel que collectif, car ce qui choque une bonne partie d’entre nous, au travers du comportement actuel de certain-e-s, n’est-ce pas au fond notre façon de vivre habituelle vis-à-vis du reste du monde, du vivant en général et des plus fragiles d’entre nous ?

                                     

CG

 

 

Je rêve que ce virus soit le point de butée où trébuche notre civilisation du déni permanent.
Nicolas Mathieu

 

 

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AU SOMMAIRE

 

 

Délit de poésie : Christophe Salus

 

Délit de drônes & de panoptikons : Philippe Labaune

 

Délit de preuves incertaines : Jean-Louis Millet

 

Délit d’aphorismes : Mix ô ma prose

 

Délit rouge : Les invisibles de Nicolas Kurtovitch

 

Résonances : El Ninõ de Hollywood de Óscar & Juan José Martínez (Salvador), Métailié, 2020 & Tout est provisoire même le titre de Mix ô ma prose, Cactus Inébranlable, 2019

 

Délits d’(in)citations dans la boîte d’urgence aux coins des pages. Vous trouverez le bulletin de complicité, masqué et ganté comme il se doit, confiné en fin d’ouvrage.

 

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Illustrateur : Jean-Paul Gavard-Perret jpgp@live.fr

Écrivain, dessinateur et critique d’art contemporain (24 heures, Lausanne, Huffington Post, Le Littéraire, Carnet d’art, Œil de la Photographie). Il a publié entre autres Généalogie vénitienne (Rafael de Surtis), L'œil du Cyclope (La Main Courante), Samuel Beckett : l’Imaginaire paradoxal ou la création absolue (Minard), La mariée était en rouge (Editions du Cygne), Labyrinthes (Editions Marie Delarbre, Grignan).

 

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"Nos soignants, ces Héros ? Je suis un poil agacée d'entendre partout que nous sommes des héros. C'est encore une manière de chercher à l'extérieur de soi une solution, un réconfort. C'est faire porter aux soignants une responsabilité qui n'est pas la leur, c'est donner son pouvoir à quelqu'un au lieu de trouver le sien à l'intérieur. Nous ne sommes pas des sauveurs. Les soignants font leur travail (dans de très mauvaises conditions, je vous l'accorde) et je pense que pas un n'essaie de le fuir mais le fait parce que c'est la place qu'il a choisie, sans se sentir héroïque, mais responsable. Au lieu de chercher des héros à l'extérieur de soi, il est urgent de le retrouver en chacun de nous. Ce qui me semble tout aussi héroïque, c'est de continuer à sourire en faisant ses courses, c'est de maintenir une atmosphère sereine dans nos foyers, c'est de faire confiance, trouver sa place et trouver un sens. Les éboueurs continuent de ramasser nos ordures, les femmes de ménage nettoient nos hôpitaux, les agriculteurs font pousser nos légumes, les parents élèvent leurs enfants, les artistes créent, la liste est longue.... Trouvons chacun notre place, profitons-en pour en changer si celle que nous avons ne fait plus sens. C'est bien de remercier, c'est même salutaire, c'est bien d'être encouragé mais je vous conseille aussi de vous remercier et vous encourager vous-même. Si chacun prend la responsabilité de son bien-être intérieur, si chacun prend soin de soi, cela aidera les soignants et tous ceux qui prennent soin de vous à la place qu'ils occupent. Quand nous applaudissons le soir à nos fenêtres, applaudissons l'entière communauté, applaudissons chacun d'entre nous pour que nous devenions plus responsables, solidaires, aimants. Devenons tous des héros pour nous-mêmes."

 Magali Roussilhe, médecin généraliste

 

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Partout où nous posons l’œil, nous rencontrons un savoir dense qui fait le cosmos. Nous seuls, les hommes, ne savons pas nous comporter et dédaignons de l’apprendre. Pourtant, certains jours, le corps que nous méprisons de façon si hautaine nous rappelle à l’ordre. Alors que nous flânons dans les vastes solitudes de notre inconnaissance, nous gaussant des coqs et des ânes, notre corps fait soudain appel à nous.

 Jean Bédard

in Marguerite de Porète

 

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Nouveaux Délits - Avril 2020 – ISSN: 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits - Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès -  Illustrateur : Jean-Paul Gavard-Perret - Correcteur : Élisée Bec

http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/

 

 

 

 

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