26/07/2015
1ère exposition d'Art Marginal à Montcuq - 1er au 15 août 2015
Du 1er au 15 août 2015, le vaisseau-mère des Martiens de l’art débarque à la Factory 19 de Montcuq. Ceci n’est pas une invasion, mais une rencontre pacifique, p...endant laquelle la délégation des Aliens échangera des informations avec les hôtes terriens conduits par l’artiste ufologue Marcel Bénaïs.
Les Visiteurs – le Festival International d’Art Marginal « Le Grand BAZ’ART » de Gisors et la Galerie Apartée – installeront dans les locaux de la Factory 19 les œuvres d’une trentaine de créateurs de 9 pays, tous représentatifs d’une facette de l’art marginal : de l’art brut et naïf jusqu’aux abords de la figuration libre. Ainsi, les Visiteurs apporteront des messages picturaux envoyés par des grands noms tel André Robillard, Hubert Duprilot, Jérôme Bouscarat, Targo Youwann Istanto, Tatiana Samoïlova, Dion Hitchings, Bob Hoke, Julia Sisi, Dan Casado, pour en citer quelques uns, auquels répondront les artistes locaux, Marcel Bénaïs, Denise Grisi et Maurice Erasme.
La rencontre du troisième type durera deux semaines pendant lesquelles certains des créateurs viendront sur place pour quelques jours, à tour de rôles. Des discussions autour de l’art brut et marginal seront également organisées à la Médiathèque et un vernissage ouvert à tous aura lieu le 1er août, à partir de 18h30, sur les Allées du Souvenir face à la Factory 19. Toutes les œuvres seront proposées à des prix étudiés pour permettre l’accès des passionnés aux créations originales d’artistes qui comptent parmi les plus célébrés du moment, dans le milieu de l’art marginal et de l’art tout court.
L’Art Brut – à l’origine, le nom donné par Jean Dubuffet à sa collection d’art asilaire, médiumnique et visionnaire – désigne la production des créateurs que Dubuffet, à la recherche de l’impulsion créatrice primaire la plus pure, voulait « indemnes de toute culture » et de toute intention ou conscience artistique. Essentiellement, l’art des créateurs qui s’ignorent et qui ne font que répondre à un besoin vital, à une condition de survie.
André Robillard a été une des dernières découvertes de Jean Dubuffet, à la fin des années 60, et il est le seul aujourd’hui en vie. Sa création, indissociable de sa biographie et de son trauma originel, a fait l’objet de plusieurs films, d’un portrait dans le magazine Raw Vision – la référence absolue pour l’art brut à l’international – ainsi que d’un grand nombre d’expositions, dont un grand événement monographique qui lui a été dédié à la fin de 2014 au Musée de la Collection de l’Art Brut à Lausanne.
L’Art marginal, terme plus englobant et historiquement plus approprié que l’expression « art singulier », représente toute une famille artistique construite symboliquement autour de l’Art Brut, ayant en commun avec celui-ci la même révérence pour l’impulsion créatrice spontanée, pour l’expression complètement libre et pour le déni de codes esthétiques établis, la distinction essentielle étant la conscience et l’intention artistique dont les artistes marginaux ne sont pas dépourvus. Initialement l’apanage des artistes autodidactes, cette philosophie est de nos jours partagée par une frange beaucoup plus large de créateurs aux parcours aussi différents que leur art.
L’exposition sera ouverte au public le dimanche matin et chaque après-midi du mardi au samedi, à partir de 15H, en présence des commissaires : Marcel Bénaïs, Jean Luc Bourdila et Oana Amăricăi. Entrée libre. Pour plus d’informations appelez-nous au 0608615826 ou bien écrivez-nous à marcelbenais.peint@neuf.fr ou contact@grand-baz-art.fr.
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25/07/2015
Gilles LADES se livre sur Radio Occitania
« Le chemin est sans indulgence pour qui s’en détourne », avertissait Edmond Jabès. Gilles Lades ne s’est jamais détourné du chemin. Il chemine toujours, parfois dans des « Chemins contremonts ». Il nous ouvre la route et nous invite à le suivre pour contempler toutes choses comme elles sont, c’est-à-dire, infinies. Sa vision du monde qu’il nous livre au terme d’étincelants recueils, pourrait s’inscrire dans ces trois vers de Gary Snyder :
Ni paradis, ni chute
Seule la terre qui perdure
Le ciel toujours en mouvement.
Une assertion de René Char plaisait beaucoup à Gaston Puel : « Les peintres sont les témoins, nous les poètes, nous sommes les acteurs ». En écrivant cela, je prends conscience de ce que Gaston Puel manque. Et je me console avec le jugement de Michel Del Castillo : « Ceux qui manquent ne meurent point. Ils occupent ce vide qui nous hante et auquel nous nous heurtons ».
Gilles Lades est un acteur du monde. Ses livres sont des actes qui mettent le feu aux fusées éclairantes qui nous font deviner le monde dans une beauté inattendue et pourtant familière qu’il nous révèle. Ce poète d’une noble pudeur se livre dans l’émission du jeudi 16 juillet 2015 que je vous invite à écouter en cliquant sur :
http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html
Le compte-rendu de l’émission:
*
Cette émission complète les émissions déjà consacrées à Gilles Lades. Dans les premières émissions, il a été donné essentiellement lecture des poèmes de cet auteur qui éclaire la poésie d’expression française depuis près de 40 ans et qui, à l’apogée de son art, poursuit son œuvre, la prolonge avec l’humilité - devant la force de la parole ainsi créée - des plus grands artistes de notre temps. L’homme est discret, s’efface et laisse généralement tout l’espace à ses textes.
Dans cette émission centrée sur l’entretien avec Christian Saint-Paul, fait rare, il se livre. Le poète se laisse approcher, s’explique sans détours sur les arcanes de sa création littéraire, dominée par la poésie. Gilles Lades est aussi un critique de talent qui saisit avec justesse le sens des textes et dispense cette clarté sur les livres et les poètes dont il parle.
Ce qui lui est demandé ce jeudi soir de juillet, c’est d’être à la fois l’objet et le sujet ; même s’il est plus facile de parler des autres que de soi, Gilles Lades réussit étonnamment l’exercice, avec toujours cette humilité naturelle au sens le plus noble du terme.
Nous apprenons qu’il a écrit au sortir de l’adolescence. Émergeant de « ces profondeurs difficiles », il vécut une sorte de crise d’identité. Il s’aperçut que l’écriture pouvait l’aider à se retrouver lui-même. Son premier réflexe fut de se réfugier dans la poésie classique. Puis la lecture des poètes contemporains l’orienta vers la modernité. L’aventure intérieure solitaire était en route. Très vite, elle prend une autre dimension.
Etudiant en Lettres, il comprend qu’il fait de la littérature. L’écriture est alors un enjeu bien au-delà de l’apprivoisement des tourments adolescents. Il va falloir dire le monde. Et évaluer cette parole. Il lance alors des messages. Il adresse des textes à Jean Malrieu qui lui répond : « vos poèmes sont bons ». Il voit Joseph Deltheil qui lui prodigue ce conseil : « il faut vous assurer que vous êtes plein de vous-même ». La formule fera mouche. Gilles Lades n’écrira que lorsqu’il sera assuré « d’être plein de lui-même ».
C’est alors que durant ces premières années de professorat, loin de son Sud-ouest chéri et immergé dans l’apprentissage d’un métier accapareur, il observa un silence initiatique. Six ou sept ans. Puis l’écriture revint. On se forge à travers le doute, constata-t-il. Ce doute, qui est donc une force, lui fait aussi connaître « des moments de désert ». La lecture de René-Guy Cadou lui a donné l’élan pour trouver sa propre harmonie.
Les recueils vont alors se succéder. Ils naissent d’une « liasse écrite pendant un ou deux ans ». Le livre « Le pays scellé » rend compte d’un temps et d’un espace un peu bloqué. Pour « Le chemin contremont », tous les poèmes venaient se magnétiser sur cette idée de montée. « Lente lumière » est le constat de ne pouvoir faire émerger la lumière que difficilement. Pour chaque livre, explique le poète, je suis animé d’une idée forte.
Cependant, l’auteur n’est jamais dans la certitude. Inguérissable maladie bienfaisante du doute. A chaque livre, il faut tout reprendre à zéro. Recommencer en innovant sans cesse.
Dans sa posture de poète, Gilles Lades se juge « désintéressé ». Le seul enjeu est l’aboutissement d’une écriture, la mieux réussie possible. « Je ne crois pas être doué pour le bonheur, avoue-t-il, vivre c’est magnifique pourvu qu’on ait un peu de liberté ».
C’est un grand lecteur de poésie. Il signe des critiques pour des revues, notamment pour « Friches ». Il aime relire Verlaine, Cadou, des ciseleurs comme Reverdy. Il a éprouvé un peu de crainte face au surréalisme, mais André Breton est un très grand poète. Il lit beaucoup les poètes étrangers, considérant que tous les grands auteurs sont à découvrir au fil de leurs œuvres.
A partir d’un certain moment, son écriture s’est resserrée. La poésie est l’art de la quintessence. Le choix des mots le hante assez. « Est-ce le mot juste ? » Pour s’en assurer, il faut ressentir un brusque décalage. Le mot doit être inattendu. C’est la pratique du discernement.
Pour Gilles Lades, la poésie n’est ni inutile ni gratuite. Elle est au commencement de l’homme. Dans la pratique de la poésie, on ne peut qu’être en prise avec le destin.
L’entretien est entrecoupé de lecture de poèmes.
Inédits de Gilles Lades :
Le bleu d'hiver
adouci de grands bois
questionne qui seras-tu
qu'as-tu perdu de toi ?
pourrais-tu demeurer
seul dans le cercle des jours
face aux pierres dressées
le chiffre des années
les versants d'ombre
sondant vers l'absolu silence ?
qui t'aurait forcé d'être
différent face aux mêmes collines
de t'assombrir comme renié
par le dévoilement de l'aube ?
que deviendraient les mots
une première fois tramés sur le métier
puis laissés libres à courir jusqu'au bord du vide
délaissés du souffle ?
*
Page nouvelle
pour le vers ou la ligne
continue ronde
emmeneuse de mots de mémoire
de villes de rumeurs
de front fermé sur l'impossible
page
qui m'attend
que j'espère
au début de moi-même
de barrières levées sur la piste blanchie
par l'arrivée soudaine d'un pépiement de fleurs
par le souffle écrivant le long des rameaux du jasmin
*
20:00 | Lien permanent | Commentaires (0)
20/07/2015
Rencontres cinématographiques à Lugagnac autour de Louis Malle
En 2015 est né le projet communautaire : Les rencontres cinématographiques en Sud-Quercy, qui devrait, d’année en année, en tournant sur différents villages de la Communauté de Communes du Pays de Lalbenque-Limogne, mettre en avant le lien entre cinéma et ruralité.
Pour la première édition, Lugagnac a pris l’initiative d’honorer Louis Malle à l’occasion du vingtième anniversaire de sa disparition, les 27, 28 et 29 juillet prochains.
« … Le Causse est ma source, ma racine… » Louis Malle
Louis Malle résidait régulièrement à Lugagnac et fut l’un des rares réalisateurs à filmer le Causse et sûrement le premier en 1974 avec « Black Moon », entièrement tourné autour de Lugagnac et de Concots. Le film « Lacombe Lucien » fut tourné à Figeac et en différents endroits du Lot.
Les habitants de Lugagnac ayant tissé des liens étroits avec Louis Malle et sa famille, son souvenir reste vivace dans les esprits. C’est pour cela que les associations les Amis de Lugagnac et le Comité des Fêtes, l’association Causse Mopolite, en collaboration avec Ciné-Lot, porte ce projet-hommage à travers une série de films du réalisateur qui seront projetés de 11 h du matin à minuit, durant ces trois journées (voir programme). Enfin un documentaire (réalisé par le Collectif « Mauvaise Herbe Films ») sur la population locale ayant connu Louis Malle ou présents dans les films tournés dans la région sera projeté pour la dernière soirée.
La sélection des films a été faite en concertation avec Justine Malle, fille du cinéaste, elle-même réalisatrice et marraine de la manifestation.
Les Rencontres c’est aussi
Une Déambulation : Le premier jour aura lieu à 18 heures une déambulation dans Lugagnac, mise en images par les dessins d’Odile Viale et en musique par la Fanfare Le Mystère desEléphants. Elle se terminera par l’inauguration de la place Louis Malle.
Un Espace d’accueil - Bar - Librairie : jouxtant le lieu des projections en plein air, il sera ouvert en continu de 11h à 24h.
Des Concerts : Avant les projections, le trio Verbieze animera le début de soirée avec un programme où les compositions originales alterneront avec des reprises de standards de jazz, genre musical favori de Louis Malle.
01:32 | Lien permanent | Commentaires (0)
17/07/2015
Retrouvez Cathy Garcia au GRAND DEBAL'ART - NAUCELLE (12) - 18 juillet 2015
08:42 | Lien permanent | Commentaires (0)
Gilles Lades, invité de l'émission de Christian Saint-Paul, Les Poètes
C'est le poète américain Wallace Stevens, qui écrit qu' "un poème est un détail de la vie auquel on a pensé si longtemps que la pensée qui s'y est attachée, en est devenue une part inséparable, ou encore c'est un détail de la vie ressenti avec tant d'intensité que la sensation a pénétré en lui". Gilles LADES, dans une oeuvre aujourd'hui conséquente, a cerné les "détails de la vie" où se niche la poésie, avec une acuité si intense, qu'elle élague tout superflu. La simplicité de ton qui en résulte pour une analyse de choses si complexes (la vie !), est l'apanage de la poésie, celle dont on sait immédiatement qu'elle survivra au naufrage de la mode.
« La pensée vole et les mots vont à pied. Voilà le drame de l’écrivain », avait coutume de dire Julien Green. Le livre de Guy Girard, poèmes associés aux polaroïds de Christian Martinache, préface de Jean-Pierre Lassalle, Le Grand Tamanoir Editeur, 98 pages, 12 €, est un peu un démenti à la déploration de Green. La surréalité du monde est saisie au vol par les deux artistes. Et les mots ont chaussé les bottes de sept lieues pour marcher au rythme d’une pensée emballée. Le surréalisme qui a opéré la plus profonde des révolutions en poésie, certainement plus que dans les autres arts, et imprègne qu’on le reconnaisse ou non, notre poésie actuelle, compte toujours des adeptes de talents. Guy Girard, nous dit son préfacier Jean-Pierre Lassalle, poète surréaliste lui aussi, répond aux exigences énoncées par André Breton selon lesquelles « il n’y avait de poésie qu’avec le ton, l’image, le souffle ». Et, insiste Lassalle, l’originalité des images de Guy Girard « renouvelle la métaphore et l’hypallage : « la laine hilare des taupinières », "une petite fille de mercure qui nidifie sur la banquise de l’impatience », etc. Le poète est, par ailleurs, un plasticien : « il épie les faillites de l’objet », cette phrase est saluée par le préfacier comme « une phrase-prisme qui réfracte une part des interrogations de l’art contemporain ». Ce bien beau livre, avec des polaroïds en couleurs (pour 12 € !) de Christian Martinache, plasticien de haut vol, honore la poésie surréaliste, toujours présente et vivace. Nous solliciterons Jean-Pierre Lassalle, Mainteneur de l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse, pour approfondir l’impact des surréalistes et évoquer aussi son œuvre personnelle. Lecture d’extraits du livre.
A signaler également,dans l’immédiat, l’article à lire pour mieux connaître la personnalité de René Nelli qui a été publié dans la revue « La sœur de l’ange » N° 14 (2015) : « René Nelli et Toulouse : des amours difficiles ».Nous reviendrons sur ce sujet et sur cet article dont le titre est loin de nous surprendre, dans une prochaine émission sur René Nelli.
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Un petit éditeur toulousain, ou plus exactement un éditeur indépendant, Jean-Pierre Paraggio, publie dans sa collection de l’umbo Passage du Sud-Ouest : « Où mes ruines sont fixes » de Mauro Placi avec un frontispice de Claude Barrère.
Des poèmes, comme des cris d’interrogation, dont le ton est magnifiquement résumé par l’auteur lui-même dans un des textes du livre :
" Poèmes d'un lent échouage, d'une accalmie funèbre, muette, qui tire sur la corde jusqu'à la voix.
Et pourtant une main qui consigne, qui parle long, qui voudrait convaincre les mots que l'exigence perdure, que le cœur n'est pas faible, que la Ville est ouverte, toujours. "
Il y a comme un renoncement douloureux dans ce recueil à la beauté noire envoûtante, parce qu’il y a, là aussi, le souffle, le ton, l’image.
Et le frontispice de Claude Barrère, qui tire sa force de la méticulosité du détail de sa fabrication, est désormais un « classique » de cet artiste dont le style affirmé est immédiatement repérable. En résumé, de la belle ouvrage que ce petit recueil publié par Jean-Pierre Paraggio.
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L’émission est ensuite consacrée à Gilles Lades. Elle sera suivie d’autres émissions sur ce poète qui vit à Figeac, ville où il est né en 1949. Il a été professeur de Lettres dans plusieurs académies, avant de retrouver le Lot au cours des années 80. Il a publié de nombreux recueils de poésie depuis 1977. Parmi les plus récents : "Lente lumière", éd. L'Armourier, 2002,"Le temps désuni", éd. Sac à mots, 2005, "Vue seconde", éd. Encres Vives, 2008, "Témoins de fortune", éd. L'Arrière Pays, 2010, "Au bout des pas de source", éd.Trames et La Porte, 2014.
Il est également l'auteur de récits et de nouvelles : "Dans le chemin de buis" éd. Le Laquet, 1998, "Sept solitudes" éd. Le Laquet, 2000, ainsi que d'études de paysages : "Rocamadour, le sanctuaire et le gouffre" éd. Tertium, 2006, "Les vergers de la Vicomté" éd. Tertium, 2010. Il a composé une anthologie des poètes du Quercy éd. Le Laquet, 2001.
La poésie de Gilles Lades occupe une place prépondérante, et bien cernée, dans la mosaïque de plus en plus vaste de la poésie d’expression française. Il est, par le ton, le voisin immédiat de son ami Michel Cosem. Une écriture irrépressible qui quitte le corps qui l’a créée et qui la retenait, avec une maîtrise savamment calculée. Lades est avant tout un orfèvre. Il cisèle la langue, l’enferme au cordeau dans les mots justes et suffisants. Tout est dans cet équilibre étincelant. L’homme est pudique, ce qui pourrait être un handicap en poésie. Mais il n’élude pas la réalité. C’est un poète de la lucidité. Il ne la crie pas. Il la laisse voir en filigrane. Dans certains recueils, l’angoisse est là, tapie sous quelques mots. Elle devient familière, non envahissante, inquiétude qu’il faut bien apprivoiser. Cette inquiétude inhérente à l’état deviné du monde, de la difficulté de s’harmoniser à ce monde, ne peut s’apaiser que dans le travail de création. Etre poète, c’est être un artiste au travail. Paradoxalement, pour trouver sa place dans le monde et chanter le monde, il faut se « défamiliariser » d’avec l’état entrevu de ce monde.
C’est ainsi que « la terre est bleue comme une orange ». Il faut énoncer le monde en le renouvelant. En l’offrant sous un jour surprenant mais plus juste ;
Et qu’est-ce qui accroche le regard de chacun ? Les lieux de notre présence, les lieux traversés. Dire les lieux, c’est peindre le particulier, le détail, unique, croit-on, et pourtant qui confine, s’il est bien saisi, à l’universel. Et à cet exercice, Gilles Lades, dans toute son œuvre de poésie de célébration, excelle. Ses mots précis, retenus, grattent le paysage jusqu’à l’os. Un de ses derniers recueils « Village à l’Embrasure » (Encres Vives, collection Lieu), avec une économie de mots poussée à son comble, cerne le réel d’après les photographies, subversives, comme toutes les photographies, de Jérémie Fauré. Et dans cette suite de poèmes fulgurants, à l’instar des instantanés du photographe, Gilles Lades construit son art et parvient par là-même à la sérénité : « devenir / le silence / de la paix / d’octobre ».
Lecture par Christian Saint-Paul de « Village à l’Embrasure ».
Dans « Chemins croisés » (La Porte éd. 2015, 3,83 € - livret à commander à Yves Perrine, 215 rue Moïse Bodhuin, 02000 Laon), le ton est plus ample, la phrase plus large. C’est la vie du poète qui remonte des profondeurs et l’interroge. La douceur de la mère, de l’été, du jardin, de la maison d’enfance, relie une nostalgie sans pathos, mesurée, mais terriblement lucide : « Pays qui s’en va / seul / avec ses morts / qui le regardent ». Un petit chef d’œuvre où le poète, à sa façon toujours pudique, maîtrisée, se livre intimement. Cette retenue donne une force à l’émotion qui est un grand plaisir de lecture.
Enfin, avec son ami Claude Barrère, poète et plasticien, Gilles Lades a fait paraître un livre d’artiste chez Trames « Une source au bout des pas », un régal pour les yeux, avec les gravures de Claude Barrère et le luxe de l’impression, et pour le texte conçu dans la perfection, de Gilles Lades.
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Chaque hiver
les troncs se redessinent
comme pour atteindre
la pureté du symbole
ils sont les remparts
d'un pacage tendre
dont la beauté brille
pour le seul inconnu,
dont le silence
habite la durée
comme l'arôme noir
les longs couloirs d'une maison
*
Gilles Lades, un poète du siècle, à coup sûr. Qu’il faut lire dans le recueillement pour écouter cette voix ténue, mais vive, comme une musique envoûtante dans le silence.
Vous pouvez écouter les poèmes de Gilles LADES en cliquant sur : http://les-poetes.fr/emmission/emmission.htmlet en allant à l'émission du jeudi 2 juin 2015.
08:39 | Lien permanent | Commentaires (0)
01/07/2015
Appel à soutien pour le festival Les Passagères 2015
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